Le geai s’enfuie en écrivant des mots dans le ciel.
Le pic vert en rit.
Tu traces une route dans ta purée.
A l’heure où s’étire le thermomètre,
J’ai la tension d’une bouilloire,
Joues de Noël et bouche cousue.
Je regarde la fureur par la fenêtre.
Mon cœur en parfaite toile tendue tambourine.
Des feuilles folles traversent la route.
Un arbre plus loin s’enrhume puis, éternue.
Le géant invisible donne des baffes aux épis de maïs.
L’air chargé d’encre qui s’insinue dans les bronches.
Tic.
La pluie pince des cordes sur le toit.
Elle insiste la dentellière.
Elle s’enrage la battante.
Elle mitraille hystérique.
Mes gestes bégayent.
Je regrette la morsure du soleil.
Je regrette le sable qui fouette et qui pique.
Nerveuse, j’effiloche
Le vent essaye d’abord de déboîter la maison
Une rafale à droite, la bourrasque à gauche,
Croque en jambe et tête de bois
Croche pied et pied de nez
Nerveuse, je tresse.
Sous une casquette, il court contre l’éclair.
Glisse la missive dans la boîte aux lettres.
Glisse ailleurs aussi rapide que le tonnerre.
Couverte d’une toile en demi cercle, je sors et arme mon être.
Les gouttes sont chaudes et épaisses.
L’une d’entre elles parvient à franchir la barrière et coule sur ma joue.
Je cours.
Une autre en profite pour labyrinther dans mon décolleter,
Elle n’ira pas plus loin que mon cœur.
J’ouvre la boîte.
Tonne le nuage.
Je prends le courrier.
Noyée la poussière.
Gronde le vent qui essaye de me chiper la lettre.
Je patine sur le seuil et éteins mon parapluie.
Le croque en jambe ne marche pas.
Voilà le pied de nez de la tête de bois.
Le vent se divise et s’engouffre par la porte.
J’entre avec lui en pensant :
« Au contraire de l’absence, le vent va hanter ma maison. »
Je regarde ta mèche découpée en escalier.
Amère fulgurance, je rectifie :
« Quoiqu’il y a des absences qui hantent les coeurs. »
Tu as fini de sillonner ta purée.
Tu l’as même dévastée et engloutie.
Des bulles éclatent dans ma tête,
Mes doigts soubresautent,
Et craquent l’enveloppe.
Parcours des mots
Jusqu’à celui d’un merle enchanteur :
- Totale rémission -
Souffle embué.
« Croque mitaine retourne dans tes bois ! »
D’une guerre, je reviens guérie.
Tu râles.
Je relève la tête.
Et je ris en voyant la source de tes soucis :
- Une chaussette qui s’enfuit ! -

Croque
Débuté par Eliem, janv. 17 2008 10:07
4 réponses à ce sujet
#1
Posté 17 janvier 2008 - 10:07
#2
Posté 17 janvier 2008 - 12:53
Original et beau
Merci
bibi 2008
Merci
bibi 2008
#3
Posté 17 janvier 2008 - 03:53
Grand merci Bibi.
#4
Invité_Apocope_*
Posté 17 janvier 2008 - 08:11
Que meurs le crabe aux princes d'or....
#5
Posté 18 janvier 2008 - 09:41

Que tes mots soient entendus...
Merci d'être passé Apocope !