Une nouvelle fois, le grand génie barbu
prend un crayon et une feuille.
Pas d’hésitation pour le début :
quelques traits simples en un clin d’œil
font naître un personnage juvénile.
- Dieu que cela paraît facile ! –
Le garçon si vite croqué
semble rire, peut-être se moquer.
Décontracté, se croyant naturel,
ce petit homme beau et fier
à l’examen ne se révèle
qu’une caricature assez grossière.
L’esquisse pourtant est exquise,
mais le dessinateur précise.
Il ajoute, il corrige, il civilise.
Ce portrait, il le travaille, il le sculpte
si bien qu’il en résulte
l’image aboutie d’un sujet adulte.
Le rire est estompé, la position
plus rigide (lui doit se trouver digne),
la passion est devenue ambition
dans un regard où rien ne cligne.
L’artiste observe la belle attitude,
ce visage empli de certitudes…
Enfin, insatisfait de son étude,
en tremblotant un peu il crayonne,
il surcharge, il rature, il brouillonne,
et ne produit qu’une vieille personne.
La silhouette évidemment se tasse,
les traits se croisent, plus épais.
On a perdu beaucoup de grâce ;
a-t-on gagné un peu de paix ?...
Une nouvelle fois le grand génie barbu
saisit la feuille et la déchire.
L’homme est encore jeté au rebut,
et son créateur encore soupire…

Portrait de l'homme
Débuté par Yannick Nédélec, janv. 19 2008 06:49
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