1 - L'arc
Qu'est-ce que c'est ? Voyons ! C'est l'arc diamanté
Qui jaillit comme un glaive au plus fort de l'été
Du lac ensommeillé au fond de son cratère
Et qui nous livre alors un peu de son mystère.
C'est l'arc étincelant, rouge, orange et bleuté
Qui, fouaillant l'azur d'un poignard de clarté,
Fait saigner le nuage et panteler la terre
Offerte avec ferveur au brillant cimeterre.
Souviens-toi ! La forêt, le ruisseau, le chemin
Dans la bruyère en fleurs et ta main dans ma main
Et les baisers goulus sans nul préliminaire.
Le sentier, les bosquets, l'arc en feu sont témoins
De notre amour juré pour finir centenaire
Et qui dura dix jours ou peut-être un peu moins.
2- Deuil
Le parterre est en berne au fond du jardinet,
La mésange et le merle ont cessé leur dispute,
Le pâtre a remisé discrètement sa flûte,
Le soleil s'est tapi comme s'il hibernait.
Le silence est partout, jusqu'Ã l'estaminet
Où de son œil bovin le bougnat muet scrute
Les buveurs accablés dont aucun ne discute
Ni du dernier loto ni de l'an qui renait.
La tristesse est dans l'air et dans le cœur des êtres
Tous les volets sont clos, aveuglant les fenêtres,
Le village est figé, foudroyé par son deuil.
Seul le vent ose encore agiter la bruyère
Le long du mur blafard du petit cimetière
Où l'on mit ce matin le poète au cercueil.
3- La relève
François Villon, mort sans tombeau
Et Baudelaire, immense perte,
Brûlé par son amour du beau,
Nerval pendu, livide, inerte.
Verlaine et son ami Rimbaud
Tués, l'un par la liqueur verte
Et l'autre à mener un chameau
En terre infiniment déserte.
Brassens et Brel ne sont plus là ,
Ferré rugit dans l'au-delÃ
Ferrat se tait dans sa retraite.
La poésie est en péril,
Son existence est sur le fil,
Heureusement, je suis poète !

3 sonnets
Débuté par Turoldus1, janv. 29 2008 11:29
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