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« Ça tient à quoi ? »


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Posté 18 mars 2019 - 04:13

Dans « Ça tient à quoi ? » François de Cornière nous écrit, nous envoie de ses nouvelles ; ses poèmes sont des lettres adressées aux amis connus ou inconnus, qui partagent son amour d'une écriture qui va à l'essentiel, révèle les moments du quotidien qui vibrent d'une lumière particulière.

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Le ton est proche, fraternel. Le poète ne joue pas au poète et reste lucide sur les limites du travail d'écrivain, sur une éventuelle reconnaissance : « nous n'avons plus l'âge / d'attendre de l'écriture / autre chose qu'une éclaircie / comme à Roland-Garros / quand ils débâchent le Central ». Inutile de frimer, de se perdre dans les grandes orgues du lyrisme ou de faire semblant de croire à la vertu du langage abscons d'une avant-garde autoproclamée. Il s'agit d'« écrire de la poésie / sans ce qui fait la poésie », être un homme ordinaire qui « écri(t) dans (son) coin / qui est un coin de cuisine », « qui ressemble / à ce qu'il écrit ».
Ne pas magnifier l'écriture â elle ne sauvera pas le monde, malgré ce qu'affirment certains. Qu'elle aide à vivre est déjà une belle récompense, mais surtout qu'elle n'occulte pas la vie : « J'en étais là dans mes idées / quand j'ai décidé / d'arrêter d'être mort // J'ai refermé mes vieux recueils / j'ai pris mes palmes et ma serviette / j'ai pédalé jusqu'au boulevard de l'Océan / et je me suis jeté dans les vagues / en pensant à ce que pouvait être / le danger de l'écriture. »
Ecrire pour croire encore au bonheur malgré les drames intimes. Ecrire pour renaître et garder vivant en soi les êtres aimés disparus. D'où la plongée dans le passé et « dans cette étrange fabrique de souvenirs / qui s'appelle l'écriture » pour retrouver les moments vécus avec intensité, où chacun donne le meilleur de lui-même sous une « belle lumière » qui éclaire le présent. A partir des carnets où sont jetés quelques mots, une phrase entendue, une vision fugitive, le poète s'interroge sur le sens profond de ces traces, sur ce qu'elles révèlent du temps qui passe, de l'amour, de l'amitié et, par la magie de l'écriture, tente de recréer l'émotion ressentie qui s'ouvre sur un présent porteur d'avenir.

f-de-corniere-d95fd.jpg?1548774212François de Cornière (photo Michel Baglin)

On suit aussi François de Cornière dans ses balades en bord de mer, sur ses « sentiers côtiers », dans les marais salants ; on écoute ses CD, on lit ses livres, on converse avec ses amis poètes : Jean-Pierre Georges, Roland Tixier, Pierre Présumey, Louis Dubost⦠on fouille dans sa bibliothèque et on tombe sur « Les Moyens d'existence » de Jean Rousselot ; ses interrogations et ses émotions sont les nôtres : le « je » se métamorphose souvent en « l'homme », terme générique incluant généreusement le lecteur.
« Ça tient à quoi ? » la vie, l'émotion, la poésie. A un fil, à une qualité d'écoute, d'observation, à un certain silence, à une pudeur qui est celle du cÅur, de la générosité, à une capacité sans cesse renouvelée d'émerveillement devant les « minuscules échardes » du réelâ¦


« C'est un rayon de soleil sur la mer
un oiseau un bruit une parole
un morceau d'hier ou d'aujourd'hui
et ça tape au carreau invisible. »

Jean-Noël Guéno

(François de Cornière : « Ça tient à quoi ? » â 200 pages, 13 euros. Editions Le Castor Astral , 2019)

Lire aussi :

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