
Délire au milieu du néant
#1
Invité_Le Prince de Dité_*
Posté 01 février 2008 - 12:46
Des rafales de canelle
Des ombres de bois précieux
Tombent en flocons du ciel
Les papillons étranges
Distribuent la morphine
J'accroche aux ailes d'un ange
Une fureur anodine
Rêves de noble amour
Et d'automne infini
Sur les murs d'Oradour
Un orage s'est terni
Et les enfants du siècle
Râclent le béton froid
Et dans le dernier cercle
Soulèvent leur beffroi
Ravis de terminer
La longue évolution
L'aube de l'humanité
Vit sa dernière saison
Vautrés dans le futile
Et dans l'ignominie
Nos désirs inutiles
Sont notre barbarie
Quand l'épicier du coin
Intraveine la scoumoune
Nous rendant incertain
Le sourire d'honeymoon
Les ombres animales
Des poulets cafardeux
Face aux anges du mal
Deviennent sombre et bleues
Les chauve-souris d'étain
Planquées aux fond des yeux
Des belles dans le matin
Te feront croire en dieu
Les perles de velours
Dans la main du prophète
Quand les démons sont sourds
Aux rêves des nymphètes
Quand brûle sur le désert
Le regard de Lampiao
Cangaceiro d'enfer
Une légende aphone
Je m'envole ce matin
Aux bras d'un bar de nuit
Entre un gin et un joint
Une vodka martini
#2
Posté 01 février 2008 - 02:40
chauves-souris (oui la règle est plutôt lourde un 'tit rappel, ça m'a fait du bien à moi)
La semaine dernière je faisais le tour des bouquinistes du Quartier Latin, et je m'en suis donné à cœur joie. J'ai déniché un trésor. Dans une sorte de petit bréviaire, toute l'œuvre poétique d'Apollinaire. J'avais déjà Les Alcools dans l'édition Gallimard bien connue, mais je n'ai pas hésité. Apollinaire, ça ne se refuse pas.
C'est sublime.
Mais quand j'ai ouvert Les Alcools pour la première fois, j'étais un adolescent et bien sûr, le mot "alcool" en lui-même recelait d'une fascination plus ou moins effrayée (eh oui j'avais lu l'Assommoir de Zola et son alambic si angoissant).
Mais pas un mot d'alcools dans le recueil publié en 1913. Il faut attendre la publication trente ans après sa mort, des Poèmes à la marraine pour trouver L'Assassin:
[...]
MON ALAMBIC vos yeux sont mes ALCOOLS
Et votre voix m'enivre ainsi qu'une eau-de-vie
Des clartés d'astres saouls aux monstrueux faux cols
Brûlaient votre ESPRIT sur ma nuit inassouvie
[...]
D'où une fascination pour Les Alcools où on attend (du moins j'attendais dans ma naïve perception de l'époque caricaturale des poètes comme des sortes d'êtres à demi-fous, buvant leur encre comme Bram van Velde mangeait sa peinture) une sorte de délire surréaliste enivré, incompréhensible aux simples mortels (non khâgneux), inaccessible... Et une perception du monde déformée par l'ivresse (quelque chose ressemblant à L'Herbe Rouge de Vian ou Les Métamorphoses de Kafka, je cite ça mais là encore ils tiennent leur message en laisse)
Et non ! On trouve des poèmes ciselés, musicaux, où les images se succèdent toujours plus évocatrices, bourrés de symboles desquels peut être (Zone et son "soleil cou coupé" m'a tenu éveillé bien des nuits) on passe à côté sans comprendre...
Mais le génie ne semble pas se tenir dans des promenades sibyllines justifiées par ses placébos.
#3
Posté 01 février 2008 - 03:39
J'approuve Prince de Dité, et je n'y vois là aucun placebo, même s'il semble que tous les chemins mènent à Rome.
Merci Prince, de cette lecture !
#4
Posté 01 février 2008 - 04:21
Pour simplifier, et ainsi éviter les méprises, je disais que j'avais du mal à réellement adhérer au poème, car je ne ressens que des idées alignées, par associations d'idées, rimées mais sans rien vraiment qui vous prenne le cœur et vous fasse désirer la fin, et qui se termine par une référence à divers placébos, voulant symboliser ainsi quelque chose d'une métaphysique, quelque chose d'un mal-être, quelque chose d'une quête du dépassement de soi, d'une esthétique supérieure, qui somme toute m'apparait comme une posture facile ne justifiant pas tellement le poème.
Enfin ne croyez pas Prince que je m'acharne sur vous, je voulais au contraire éviter que ma verve au-dessus ne soit prise pour une forme de dégoût ou de rejet méprisant, mais simplement dire ce qu'elle est : une explication des raisons pour lesquelles ce poème-là ne m'avait pas tellement touché.
#5
Posté 01 février 2008 - 04:30
Si tel est le cas, je ne vois pas où est la faille, bien au contraire. Je plussoie à dire que le Prince n'avait que d'autres formules que celles qui ont été données.
Par ailleurs, j'avoue n'avoir eu aucun réflexe ; le seul que j'ai pu avoir, est celui où Cher Noctis, m'avez apportée à réflexion, ce dont je vous remercie.
Ceci étant, il est tard pour moi, et, je dois l'avouer, le sommeil m'appelle. Je vous souhaite une agréable nuit.
#6
Invité_Le Prince de Dité_*
Posté 01 février 2008 - 05:19
Merci tous les deux pour les lectures et les coms.
#7
Posté 01 février 2008 - 10:20
Des images réellement décapantes.
Et des com vraiment intéressants, propres à susciter la réflexion poétique.
Merci aussi à eux.
(ça change agréablement de "coin coin pouet pouet"

Amicalement
Paname
#8
Posté 01 février 2008 - 01:09
Nous attisons notre fin sans aucune attention,
Personne ne s'en inquiéte,et c'est tant mieux,
La terre se reverra,enfin,en un ciel de pur bleu.
Amitiés le Prince.
#9
Invité_Le Prince de Dité_*
Posté 01 février 2008 - 02:37
amitiés
#10
Posté 01 février 2008 - 04:36
Râclent le béton froid
Et dans le dernier cercle
Soulèvent leur beffroi
*********
triste avenir pour les générations futur!!!
***
au plaisir de te lire.
#11
Posté 01 février 2008 - 06:19
Comme un bon whisky.
Eméché Philippe
#12
Invité_Le Prince de Dité_*
Posté 01 février 2008 - 06:23
Merci JMAP06...
#13
Posté 01 février 2008 - 06:48
Et dans l'ignominie
Nos désirs inutiles
Sont notre barbarie
*****
encore un passage pour te relire....
et, te chercher entre les lignes...
#14
Posté 01 février 2008 - 07:19

Amitiés,H.
#15
Invité_Le Prince de Dité_*
Posté 01 février 2008 - 07:26
#16
Posté 01 février 2008 - 08:37
#17
Invité_Le Prince de Dité_*
Posté 01 février 2008 - 08:50
#18
Posté 01 février 2008 - 09:01
Victime? rien d'un ange? arrête j'ai peur mais lolParce que ses victimes le méritent et que je n'ai rien d'un ange...
#19
Posté 02 février 2008 - 02:39
La passion, la passion... Et l'esprit de contradiction aussi.comment quelqu'un qui écrit finement peut être aussi vindicatif?
#20
Posté 03 février 2008 - 08:50
n'importe quoi j'aurais tout lu ici....La passion, la passion... Et l'esprit de contradiction aussi.