Préface
« Je hais les poètes » par moi commis il y a peu,
A fait c’est le cas de le dire, et j’en rougis un peu
Prés de 500 lectures, tu excuses du peu
Ce « j’aime les poètes » au moins aussi sincère
Dans la politique des excuses ici s’insère
Je te supplie cher poète, cher ami, mon frère*
Par l’audience accordée, dis ce que tu préfères
Dois-je rester au pieux, ou continuer à faire ?
*Et ma sœur
J’AIME LES POETES
J’aime les poètes qui dans mon ciel obscurci
Sèment des mots comme autant de diamants
Ainsi des lueurs dans les yeux d’un enfant
Qui reviendrait des étoiles
Hissant sur la voie lacté de puissantes voiles
J’aime les poètes qui pourprent nos soirs d’été
Leur plume trempée de larmes amères
Perce nos âme, et les cieux et la mer
Et dans le sang de leurs ondes
Doucement le soleil et nos amours sombrent
J’aime les poètes de sombre futaies
Qui mêlent le loup à la sorcière
On tremble d ‘effroi autant qu’on espère
On cri, on appelle sa mère
Et puis on s’abandonne, vaincus, à leurs chimères
J’aime les poètes choc, taureaux où matadors
Leurs mots sont de sang de poussière et d’or
Pour ou contre, qu’on aime où pas la mort
Avec eux point de remords
On fait face où l’on fuit les coups du picador
Les poètes j’aime, aux alambiquées phrases
Qui tout le dictionnaire en revue nous passent
Et quand ne sont plus les simples mots en grâce
C’est un laïus gratte-ciel
Qu’on finit sous respiration artificielle
J’aime les poètes aux mots biens alignés
Rien ne dépasse, ni d’un vers ni d’un pied
Ce sont les rois les reines du sonnet
1,2,3,4,4,4,3,3
Avec ceux la on lit, en comptant sur nos doigts
J’aime les poètes schyso maniaco dépressif
Aux mots rottweiler toujours agressifs
Le derrière toujours entre deux chaises,
Un enfant ? des cris ? des braises ?
On y voit rien que leur insondable malaise
J’aime les poètes aux mots croisés où fléchés
Et qui nous promènent dans leurs mots
De gauche à droite, où de bas en haut
Et jusqu'à la dernière case
Ils nous font attendre le sens de la phrase
J’aime les poètes orgueilleux qui par moi
Commencent leurs vers ou finissent leurs rimes
J’aime ceux qui savent et ceux qui friment
Et dans leur mots à tiroir
On devine sans peine qu’ils aiment les miroirs
J’aime les tagueurs qui éclaboussent nos lectures
Nos grises habitudes de mots blagueurs
Traits de lumière où taches de couleurs
Ils peignent ce que l’on pense
On y comprend rien Mais on fait le plein des sens.
J’aime les poètes aux vers qui font des bulles
Des petits vers qui pétillent et qui jouent
Un petit alcool frais qui nous rosi les joues
Ils font des bulles de savon
Les poètes qui, trois p-tit tournent et puis s’en vont
J’aime les poètes du cru, ceux dont les vers
De terre se nourrissent, ça sent les vendanges
Ils coupent leurs phrases, de senteurs qu’ils mélangent
Grands crus où vins nouveaux
On chante : c’est à boire, à boire qu’il nous faut.
Je vous aime poètes et j’aime la poésie,
D’Europe, d’Afrique où de Polynésie
Petit nouveau, grand ancien magistral,
Chapelles où cathédrales
C’est dans vos mots que je cherche mon Graal
Pour mémoire "Je hais les poètes"
http://www.toutelapo...-entry1690.html
Cannes 2008