L'aube porte dans ses rayons la rumeur
Du sacre d'une nouvelle reine des fleurs
Il te faut lasser tes chausses et sur le chemin
Chanter, écolier qui s'en va perdre son latin
Il arrive qu'a la saison une rose
Se proclame maîtresse de ma prose
A mon cœur qui sans rythme tambourine
Comme un fou enfermé dans ma poitrine
Au bruissement de tes pétales, tu fends l'air
Et découpant l'ombre et la lumière,
Le froufrou de ta robe pourpre m'enivre
Des senteurs subtiles qui me font revivre
A l'ombre des saules, l'œil déjà humide
Je tresse avec ces quelques mots timides
Ta couronne de lauriers. Point de raison,
Faute de place en cette verte prison
La main fébrile qui caresse le froid vent
Etreignant un doux rêve déjà faiblissant
J'imagine étendu dans mes draps verts
L' onctuosité d'un corps qui est chimère
Fière, dressée au milieu d'un lit vermeil
Qui scintille sous l'œuvre lente du soleil
Réchauffant mon âme triste qui s'empale
La mer chlorophyllienne jaunit lentement
Ah, cet espoir fou qu'un matin, entre les dents,
J'emporte ta fille dans un amour ardent