Quelle est donc cette odeur lascive et singulière,
Dont le voile invisible embrase mon cerveau
Et ravive en mon cœur la plus folle chimère ;
Une joie extatique à l'émoi si nouveau ?
Est-ce quelque parfum occulte et bucolique
Qu'abriterait dans l'ombre un pétale inconnu ?
Est-ce un breuvage exquis dont l'effluve alcoolique,
Oh ! léger, bercerait mon être mis à nu ?
Je ne sais. Plus j'avance et plus m'est doux l'arôme ;
D'un pas soûl, je jouis, et l'iris flageolant,
J'aperçois loin, trop loin, couché‚ comme un fantôme,
A l'érotisme fou, le contour chancelant.
Abstraction sublime ! où mes baisers s'enlisent,
Jusqu'en des os saillants, mais des oiseaux posés
Sur son front dégarni, déjà me subtilisent
La moire de ses yeux bleus et décomposés.

Pas ma Lolita (1995)
Débuté par Rimbaudelaire, févr. 07 2008 10:29
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