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(Notes sur la création) Philippe Jaffeux, Mots, choix de Jean-Nicolas Clamanges


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Posté 27 juillet 2020 - 09:57

<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><em><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...a483d200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Philippe Jaffeux mots" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20263ec2a483d200c img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20263ec2a483d200c-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Philippe Jaffeux mots" /></a>Jeu<br /></em>Lâécriture est un jeu comme un autre lorsque le « je » se transforme en un jeu particulier à chacun. Le texte, création autotélique adoptée par un jeu, ne renvoie quâà lui-même ; il devient son propre but ; la pensée joue avec une écriture qui nâa enfin plus de destination ni dâaboutissement. Lâactivité de lâalphabet ne pourrait-elle pas être simplement définie par une gratuité inhérente à un jeu dâamateur qui nâa pas dâautre fin que lui-même ? Lâécriture sâassimile peut-être à un jeu de hasart composé avec des phrases qui se découvrent lâune lâautre dans le seul but de refléter un monde aléatoire. Les mots sont des pions dâun jeu incontrôlable ; ils déroutent le sens et nos certitudes en sâouvrant aux productions dâun langage imprévisible. Un texte sâauto-engendre grâce à des combinaisons inattendues de vocables ; des glissements de sens localisent un terrain de jeu qui génère lâactivité dâune écriture indomptable. [...] (p. 25)<br /><br /><em>Musique<br /></em>[...] Comment écrire avec des mots qui se renvoient lâun à lâautre comme le font les sons dans la musique ? Lâagencement des lettres, comme celui des sons, exprime lâénigme dâun alphabet suspendu aux révélations de la musique. Lâécriture musicale induit une respiration insufflée par les vibrations de lâair ; elle transfigure le langage en une expression directe et immédiate du monde. Lâacte dâécrire peut incarner le simple prolongement ou le résultat dâune écoute musicale ; un son transformé en un ton anime un texte accordé. Lâalphabet joue ou écrit de la musique avec les mots ; il se repère dans un temps qui mâentraîne à franchir les barrières de ma conscience. Lâécriture qui sâinspire de la musique propage des vibrations illisibles ; à une lettre près, des sons remplacent un sens péremptoire. [...] Jâécris aussi pour écouter de la musique ; celle-ci accompagne des états en perpétuels changements ainsi que des mots qui errent dans tous les sens. Mes textes ont été écrits pour tenter de traduire des musiques qui, elles-mêmes, sont peut-être les seules à pouvoir interpréter mon écriture. Les mots trouvent un sens neuf, un déséquilibre opportun, lorsque des phrases sâimprègnent dâune alchimie ou dâune structure musicale. <em>Entre</em> est composé de phrases inscrites entre deux silences qui rythment les mouvements dâune ponctuation aléatoire. [...] (p. 68-69)<br /><br /><em>Alphabet<br /></em>[...] Lâhomme de lettres a peut-être été conçu par un alphabet qui a, comme dit le Zohar, précédé la création du monde. <em>Le livre de la splendeur</em> présente un dieu qui joue et contemple les lettres avant de créer lâunivers en les combinant. La lettre parle à lâêtre dans le seul but de dépasser ce dernier et de matérialiser une trace de nos existences sur terre ; elle est, à la fois, une expression de notre intériorité et de ce qui maîtrise lâunivers. Comment exorciser un alphabet phonétique et utilitaire, qui a perdu toute relation avec le sacré ? Les lettres furent dâabord des traces, des énergies, situées au-delà (ou en deçà) des mots ; par conséquent elles précédèrent et déterminèrent peut-être lâapparition de la parole. Des lettres préhistoriques, des empreintes étranges, se révèlent être dâautant plus humaines quâelles sont devenues élémentaires. Des marques scripturales, irréductibles à des signes ou à des symboles, suscitent la résurgence dâune langue primitive. <em>Alphabet</em> a été un repère, un moyen dâagir et de jouer en silence avec la densité des lettres ; ce texte vise à toucher la matière des mots ; il se détourne dâune parole ou dâune écriture désincarnées. [...] (p. 168-169)<br /><br /><em>Spiritualité<br /></em>[...] Spiritualiser lâécriture est une façon dâintégrer une tension, dâincorporer un combat ou un ennemi intérieur. La pratique dâécrire sâarticule, avant tout, avec la possibilité dâeffectuer des expériences sur moi-même ; elle est aussi un moyen, parfois, de me donner la mort pour appeler une sorte de résurrection. La quête spirituelle intensifie jour après jour, un travail sur soi-même ; elle inspire un mouvement, un retour vers soi. Cet exercice permet également de restituer, dans lâinstant, des sensations à lâaide dâune écriture discontinue. Une langue spiritualisée génère, de ce fait, une relation sincère avec moi-même. Les mots mâemportent dans un voyage qui mâencourage à devenir quelquâun dâautre ; à être saisi par le flux dâun devenir insaisissable. Des pensées incontrôlables mâouvrent sur tous les possibles ; ma volonté sâégare ; lâactivité dâécrire sâaccorde avec des retours et des rythmes cosmiques. [...] (p. 34)<br /><br /><br /><strong>Philippe Jaffeux,<br /></strong><em>Mots, </em>Lanskine, 2019<br />Choix de Jean-Nicolas Clamanges<strong><br /></strong><br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/4k4CCanuk0Y" height="1" width="1" alt=""/>

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