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(Anthologie permanente) Sophie Loizeau, Leur nom indien


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Posté 14 août 2020 - 09:02

<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...9abba200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Nom-indien_big" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2026bde89abba200c img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2026bde89abba200c-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Nom-indien_big" /></a>Sophie Loizeau publie <em>Leur nom indien</em> aux éditions Rehauts. <br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br />14<br /><br />La sève rebrousse petit à petit les veines des arbres jusquâaux racines. Les roses continuent dâéclore. Une assomption : sa mère au ciel, devenue poussière dâétoiles, entrant dans la composition de tout, se déversant sur elle, peut-être en ce moment, au moment où elle pleure et où elle supplie dans le secret de la salle de bain. À qui sâadresse-t-elle au juste ? Qui croit-elle attendrir lorsquâelle murmure les yeux au plafond ? Sa mère ? Son ange gardien ? La nature ? Lâimmense et impensable fécondité de lâunivers ? Ou bien elle, Lys ? Un peu toutes ces personnes (la nature en personne, lâunivers en personne...), et le mélange produit sa magie. Ses règles absentes depuis des mois font le contraire de la sève, fluent. Elle se sent si engoncée. Le soir elle jeûne. Elle est à quelques jours de sa mort, quelques jours seulement la séparent de cet instant. Elle nâest pas retournée au cimetière, elle a laissé son frère et sa sÅur, son père sâoccuper de la tombe, entretenir / fleurir. La savoir couchée là est au-dessus de ses forces. Une fois tous les quinze jours son père lui cède la maison â la maison pour elle seule. If conduit Buddleia à lâécole, la récupère à lâétude, prend la température de son bain, fait cuire sa viande, lui raconte une histoire ou lâécoute elle raconter. Téléphoner câest troubler cette bonne circulation des énergies entre eux. Ce temps de solitude elle lâappelle <em>Levain, </em>entre, elle écrit de façon décousue. Dès Sombre elle se met à <em>lever. </em>Une poule la suit dans le jardin, ses pattes sont étonnamment grandes et musclées, quand elle court après les mésanges et les fait fuir elle ressemble à un petit dinosaure véloce. Lys qui nâaime pas les coqs, violeurs compulsifs et bruyants, aime bien cette poule. Elle lui rappelle la poule que son grand-père avait apprivoisée les derniers jours de sa vie, une rousse. Il se mettait à genoux pour jardiner et elle surgissait, aux mouvements saccadés de sa tête qui se faisaient plus vifs il pouvait voir quâelle était inquiète de sâêtre tant approchée, mais par amitié elle restait. Le décès de la grande libellule. Son envergure nâayant pas permis quâon la piège sous un verre ni même sous un bol, elle était restée à voleter dans le ciel confiné de la véranda. La pluie est tombée en particulier sur les peupliers. Ils étincellent. Qui sâen émeut ? Lys peut faire lâimpasse sur dehors la brutalité, cela ne dure jamais. En plus de la violence ordinaire (quâon arrête de dire crime passionnel, quâon dise crime tout court), une armée de combattants (quâon arrête de dire combattants, quâon dise déficients mentaux, décervelés, psychotiques) tente dâimposer sa loi. Lys craint la venue dâun nouvel âge de fer. Elle caresse lââme de sa fille à travers la capuche, une âme de sept ans, riche, éveillée, belle. Comme dans nâimporte quelle âme dâenfant à lâintérieur il y a des couteaux et tout le matériel de torture fantasmatique nécessaire, et ça nâa rien à voir. Buddleia aime avec ardeur, avec passion. Son être entier existe, les duvets blonds de ses bras et de ses jambes sont des vibrisses de chat, rien nâéchappe à lâextrême finesse de ses perceptions. <em>Existence. </em>Lys entend comme il lâancre, comme il ajoute une profondeur à sa vie. Elle existe est la seule raison, cet ancrage éphémère lâapparente à toutes les autres créatures. Ce mot devrait pouvoir créer une chaîne de solidarité. Par dégoût hier elle a tué une mouche ; eh bien, elle sâen est voulu, ça lui a fait quelque chose ce petit assassinat à coup de torchon, à coup de talon sur le carrelage pour finir â cette hiérarchisation des existences. Petit déjeuner dans la chambre, le recueil du moindre rayon de soleil.<br /><br />Sophie Loizeau, <em>Leur nom indien</em>, éditions Rehauts, 2020, 76 p., 16â¬<br /><a href="http://www.rehauts.fr/livres/catalogue/nom-indien.html">Sur le site de lâéditeur </a>: « Chaque chapitre est un laps. Câest donc lâessai de Lys dâécrire ceci (sa vie secrète) à partir dâun point zéro, origine de la perte de la mère. » Autour de Lys gravitent Buddleia, If, Troène et Mélèze, qui sont « leur nom indien ». <br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/var3NsMgbP0" height="1" width="1" alt=""/>

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