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(Note de lecture), Pierre-Yves Soucy, D’un pas déviant (Fragments de l’attente), par Philippe Di Meo


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Posté 23 octobre 2020 - 09:08

<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...0b69f200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"></a> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2026be41ceefd200d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Capture" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2026be41ceefd200d img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2026be41ceefd200d-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Capture" /></a>Dâune initiale majuscule à un point final, les mobiles territoires de lâattente trouvent leur rigoureux dansant cadastre dans les cinq sections dâun recueil subtilement allusif pour former une seule phrase pliée page après page, poème après poème, mais dâun dessin néanmoins unitaire. Un type de composition quâaffectionnait un prosateur comme Carlo Emilio Gadda, par exemple. Dâoù la nécessité de lire, pas à pas, chaque « fragment » avec tous ses autres semblables dissemblables. Dévier selon cette logique, loin dâégarer nous oriente. Nous sommes en présence de variations tout en dâallers-et-retours, selon un mouvement radar, semble-t-il. Et leurs instabilités relatives postulent à elles seules à une recomposition différée de lâépars.  <br /><br />Nous est ainsi proposé un livre unitaire sous la forme inspirée dâun éventail, comme il se doit un et multiple, déployant et dispersant peu à peu sa venteuse cohérence discursive dans lâespace-temps depuis un même pivot. Et cette figure dâune dense littérarité offre ainsi, comme en filigrane, une image formée de caractères latins mais également, un peu comme la poésie chinoise, dans ses calligraphies. Écriture mouvante et figure subliminale induite demeurent indissociables dans lâesprit du lecteur. Entre immersion et émersion. Ambiguïté heureuse qui donne à la lecture toute son épaisseur.<br /><br />Une spatialité déchiquetée, mais non arbitraire, découpe alors les vers sur la page, peut-être parce que lâattente nâimplique pas une affirmation univoque mais un manque, certes actif mais encore exploratoire, quelle que puisse être la tension, les désirs qui la sous-tendent. Une brume et une brise lâaccompagne immanquablement. Car lâopacité du devenir et les conjectures de lâattente supposent un tangage, un langage-tangage dâune toute autre nature que les paronomases dâun Michel Leiris. Ici rien nâest comiquement absurde. Lâattente ne fait pas le deuil mais le lit de son assouvissement. <br /><br />Lâinsistance dâun questionnement récurrent reconduit à la mutité du tout et la mutité du tout reconduit au questionnement. Ou, encore et plutôt, ne sommes-nous pas en présence dâun questionnement affronté à la surprolixité dâun univers fastueusement excessif en informations émiettées ? La réponse se fait attendre. Il y a cercle. Dâoù le jeu raffiné des itérations et des réitérations fondées sur un lexique en arabesque se combinant et recombinant à lâinfini. Lâinfini de lâattente, justement. Car lâattente est, bien évidemment, un temps indéfini enduré. Malgré cela, ce mutisme est paradoxalement donné comme provisoire du simple fait de sa reconduction.<br /><br />Fondée sur un tel registre, cette poésie libère spontanément une pensée, comme chez un Leopardi par exemple, une pensée en train de se faire. De sorte que pensée et poésie sâindifférencient relativement, lâune amorçant lâautre. Spéculation et arborescence poétique sâassortissent toujours. La latence de lâune alimente le mouvement de lâautre et vice-versa.<span style="text-decoration: line-through;"><br /></span><br />Dans le même temps, ce texte palimpseste donne tacitement à croire que la réponse, lâévénement, appartient moins à un au-delà quâà son écheveau. La méditation enfantée par lâattente y gagne en optimisme. Ne sâagirait-il pas dâidentifier son pantographe conceptuel ? Le métaphorique instrument lexical qui métamorphoserait le questionnement en réponse à lâinstar dâune chrysalide ? Câest le grand thème du « futur antérieur » (1) pointé par un poète comme Andrea Zanzotto, par exemple. Car, bien sûr, il nây a pas création ex-nihilo.<br /><br />Lâespace arpenté est donc celui dâun devenir inéluctable mais encore hypothétique, raisonnablement postulé mais non encore avéré. Il sâagit bien entendu dâun espace éminemment poétique. Entre physique et métaphysique, assurance et doute, diurne et nocturne, clarté et obscurité, manifeste et implicite. Câest tout son charme. Câest tout son drame. Et au-delà, un espace éminemment social, aussi, visant à dépasser <span style="text-decoration: line-through;">lâémiettement</span> la dispersion qui est aujourdâhui dans tant de domaines le lot de chacun. Câest le côté éthique dâun ouvrage particulièrement facetté à lire et à relire.<br /><br /><strong>Philippe Di Meo<br /></strong><br /><span style="font-size: 10pt;">1. Cf. Andrea Zanzotto, <em>Futur simple - ou antérieur ?</em> in <em>Phosphènes</em>, José Corti, Paris, 2010.</span><br /><br />Pierre-Yves Soucy, <em>Dâun pas déviant (Fragments de lâattente)</em>, La Lettre Volée, 2020, 144 p. ; 19â¬<br /><br /><br /><strong>Deux extraits de <em>Dâun pas déviant</em></strong><br /><br />« tournant le dos au feu<br />             il offre à lâorage nos yeux<br /><br />ainsi de suite<br />nous attendons pour voir<br />              la perte de ce qui revient<br /><br />sur les bords<br />    rendus à la crinière<br />de la pluie                 à la vague<br />au gel gisant <br />                 sur les ruines des puits<br /><br />avec cette entière démesure <br />             de la tombée du jour<br />sur cette ville dans la chair<br />une autre la nouvelle à nouveau<br /><br />refermant une fois de plus<br />                             lâattente<br />                 sur sa propre demeure »<br />                                                                   page 95<br /><br /><br />« ce qui vient<br />     derrière       nâa aucun recours<br />                      plus dâaucun secours<br /><br />plus rien ne cède à lâaltération<br />se retirer<br />                          avec ce qui revient<br /><br />tout élément sâalarme <br />de sa présence        refuge<br />de ses récifs             saccage<br /><br />comme une solitude cabrée<br />ouvrant lâombre <br />noyée par le sang<br />        avec cette fêlure à ton crâne<br /><br />entré par les mains<br />                le temps est entré<br />                                     dans le corps »<br />                                                                 page 111<br /><br /><br /> <br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/83FXUYhrfEw" height="1" width="1" alt=""/>

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