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Début de prose


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12 réponses à ce sujet

#1 Colas

Colas

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Posté 14 février 2008 - 02:47

Bonjour,

il me faudrait avoir un ou plusieurs avis sur un début de texte que j'élabore et qui pourra, ou non, être continué, remodelé voire même détruit :)
Dites moi ce que vous en pensez tout à fait sincèrement, je vous en remercierai beaucoup.

- - - - - - - - - - - - - - -
(Il y aurait, pour le moment, cinq "actes" à ce texte)

I

J’allais percer le voile épais, lourd et trop opaque qui, comme ces merveilleux nuages qui nous font deviner une forteresse de coton pour mieux crever par la suite en une pluie grossière, me cachait d’une réalité que je m’imaginais immonde, tout en m’en protégeant. Il me fallait chanter pour cela, un chant pénétrant aux mille variations qui n’aboutissaient pas à un tout chaotique mais qui, au contraire, engendraient tout un monde nu et dépouillé, mais vrai ; un monde que seul le chant pouvait élever à la hauteur des yeux de l’âme humaine. Un monde laid, fangeux et grotesque, composé de splendeurs, d’azurs et de merveilles. Aussi je m’essayais à la création d’une symphonie où les voix, si insignifiantes prises chacune d’entre elles à part, comme un homme ne peut pas être compris hors des cours de son Temps et de son Histoire, formaient une ligne unie et circulaire où l’on pouvait saisir l’ensemble dans un infime instant, comme l’on opère la plongée passive, délicieuse et instantanée dans le Dies Irae dès les premiers éclats tonitruants et majestueux qu’un homme, sachant, dans ses œuvres, mêler à la perfection les modes mineurs et majeurs (seules preuves qui, pour moi, à travers les différentes sensations, si pleines et si réelles, que ces deux modes me procuraient, suscitaient l’idée d’un Dieu), avait fait naître, impuissant et libre.
Ce que j’entreprenais était devenu nécessaire pour moi, non pas tant, je le crois, à cause d’une névrose enfouie depuis les paisibles années de mon enfance dont les souvenirs ne cessaient de me hanter, non, mais plutôt à cause d’un fardeau que je devais jeter à terre, ou à la face du monde, un fardeau que les hommes futurs pourront regarder comme un miroir qui permettrait de voir clair à travers l’océan où dorment des trésors comme des épaves, à travers l’océan qu’ils sont eux-mêmes. Cette nécessité était accrue par les détestables épreuves physiques auxquelles j’étais confronté et qui prenaient successivement diverses formes, toutes plus handicapantes les unes que les autres, allant des étouffements aux maux de tête ininterrompus tout en passant par des douleurs pectorales qui me faisaient imaginer le Pire, un monstre affamé qui engloutirait jusqu’à mes souvenirs et mon œuvre. Mais il en va de la mort comme des croyances métaphysiques ; la raison, semble-t-il, ne saurait en rien influencer le sentiment si variable qu’elle procure à nous vivants, et quand à un moment elle saisit notre vie et nous immerge dans les plus laides réflexions, à un autre elle semble absente et sa venue, imminente ou très lointaine, en emportant tout, nous importe peu. Faire ressortir le peu de vie que j’avais en moi, voilà la tâche que je m’imposais, quitte à m’anéantir ensuite, si j’avais eu le temps de créer.


II

Je me mis au travail pendant l’hiver, un bel hiver froid et bleu qui donnait un avant goût du printemps avec ses crocus aux couleurs pâles et blancs de givre, émergeant d’une terre froide, nourricière et maternelle que les gazouillements et les crépitements des rayons du soleil peinaient à réchauffer. Rien ne pouvait me dire de commencer à ce moment-ci plutôt qu’à un autre, si ce n’est la reprise en force des étouffements qui me rendaient comme un prisonnier de guerre quelques heures avant le vociférant « Feu ! » aussi fraternel que fratricide, suppliant un Dieu intérieur et sourd et griffonnant les derniers mots que sa colère, sa lâcheté ou son courage lui dictait. Je m’isolai, pris mes instruments et esquissai sans plans précis une œuvre que je ne voulais non pas pour ma gloire, ni pour de quelconques intérêts, je le pense avec franchise, mais pour moi, pour mon salut face aux hommes et pour chacun d’eutre eux. Si je pouvais alors ajouter quelque beauté à ce monde, je n’en aurais jamais privé les autres ; car j’étais persuadé que seule la beauté, la vraie, la sincère, celle devant laquelle tout homme est réduit à sa plus simple et authentique nature, pouvait rendre les hommes un peu moins méchants qu’ils ne l’étaient. Mon travail prit une forme féminine et, semblable au roi de Chypre, mon esprit infirme ou la nature plus puissante me rendit presque tangible ce que je créais. Les perceptions sine materia ne peuvent offrir de matières plus douces et plus réelles à notre âme. Sans règle aucune, je traçais, je retouchais, je bouleversais sans cesse l’édifice ; je le polissais et le repolissais sans ne jamais me reposer, repos vain et fade. La tristesse m’accompagnait, droite, profonde et digne, pendant mon labeur. Il me semble qu’elle seule est capable, parmi toute autre émotion, de nous faire sentir la réalité des choses dans leur beauté intacte, seule elle peut nous révéler à nous-même, seule elle nous permet de gravir la pente que rend harassante une lumière vraie et aveuglante ou de percer le voile, seule elle nous fait toucher à la plénitude d’un monde et d’un moi desquels le Bonheur, démon de la niaiserie, nous divertit.




#2 Kelton

Kelton

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Posté 14 février 2008 - 02:55

C'est si gentiment demandé... Alors la seule chose qui me perturbe : certaines phrases sont trop longues (et c'est moi qui écrit cela ! ;-) ). Par exemple :

"Aussi je m’essayais à la création d’une symphonie où les voix, si insignifiantes prises chacune d’entre elles à part, comme un homme ne peut pas être compris hors des cours de son Temps et de son Histoire, formaient une ligne unie et circulaire où l’on pouvait saisir l’ensemble dans un infime instant, comme l’on opère la plongée passive, délicieuse et instantanée dans le Dies Irae dès les premiers éclats tonitruants et majestueux qu’un homme, sachant, dans ses œuvres, mêler à la perfection les modes mineurs et majeurs (seules preuves qui, pour moi, à travers les différentes sensations, si pleines et si réelles, que ces deux modes me procuraient, suscitaient l’idée d’un Dieu), avait fait naître, impuissant et libre."

On se perd un peu arrivé au bout...

En toute sincérité et amitié,
Kelton.

#3 tUtti

tUtti

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Posté 14 février 2008 - 03:32

Moi j'ai adoré,
Surtout le début

"J'allais percer le voile épais, lourd et trop opaque qui, comme ces merveilleux nuages qui nous font deviner une forteresse de coton pour mieux crever par la suite en une pluie grossière, me cachait d'une réalité que je m'imaginais immonde, tout en m'en protégeant."
Je me suis un peu perdu dans cet amas de mots,
Mais j'ad0re me perdre
Car c'est dans un univers
Plein de couleurs,
De formes,
Enfin les 5 sens en grosse fiesta *
Donc première lecture,
J'aime beaucoup,
Je relis ça au calme
Tout à l'heure,
Pour dispercer quelques
Carrés d'sucres,
Ou poivres amers.


#4 Colas

Colas

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Posté 14 février 2008 - 03:58

Je vous remercie pour vos commentaires.
Oui je connais bien mon vice que j'ai à faire des phrases beaucoup trop longues au cours desquelles on se perd, et moi en premier... :) Mais, sans vouloir dire que le sens n'est pas primordial, j'aime bien ces phrases qui me viennent parce qu'elles assemblent des sensations toutes différentes que l'on perçoit davantage que le sens. Je pense aussi que l'impression a une grande importance, même si l'on se perd... Ce n'est pas non plus la peine de tout essayer de comprendre et de déchiffrer.
Merci Tutti pour tes compliments. Mais, pour revenir sur la longueur des phrases et notamment celle que tu m'as citée, je la trouve un peu bancale et débordante de virgules (que j'apprécie elles aussi bien trop, mais qui force le lecteur à prendre son temps).

Merci encore beaucoup,
Colas

#5 tUtti

tUtti

    Tlpsien ++

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Posté 14 février 2008 - 04:04

Justement moi j'ad0re les phrases longues,
À la James Joyce,
Les phrases surréalistes qui n'en finissent pas * :)


#6 Invité_souris_*

Invité_souris_*
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Posté 14 février 2008 - 04:56

Bonjour Colas,

Tu vois çà aurait été sympathique de commencer par donner un titre,
On aurait pu déjà juger si le texte parlait de son sujet...

Là je me suis trouvée balancée sur une écriture fine, alambiquée, les verbes ne sont pas vraiment conjugnés comme je les attendais, je me suis peut être trompée, mais vois-tu aucun espace pour reprendre sa respiration alors quand on écrit de la poésie c'est bien destiné aussi à être lu à voix haute par des personnes qui ne seront pas forcément des chanteurs habitués à dominer leur poumons, et être reçu par d'autre qui sans avoir totalement perdu la mémoire pourront peut être se perdre dans les méandres de phrases bien trop longues.
Si c'est un roman je n'ai rien à dire.

Amicalement
souris


#7 Colas

Colas

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Posté 14 février 2008 - 05:06

En effet, ce serait certainement plus une nouvelle ou un roman plutôt que de la poésie à l'état pur.
Je te comprends bien, et je sais que ce n'est pas facile de lire cela à voix haute, mais il faut aussi chercher à donner un rythme particulier, aucun poème ne peut être lu deux fois de la même façon et rien ne nous dit de quelles façons lire un poème. Mon rythme se crée beaucoup à partir des marques de la ponctuation, mais je ne veux en imposer aucun, pour moi cela est très libre, et la recherche du rythme est aussi la recherche du sens.
Je ne m'attends pas à ce qu'on lise les phrases du début jusqu'au point d'une seule traite, mieux vaut prendre son temps et chercher la meilleure manière de lire. Je trouve même que mon texte est plus compréhensible à voix haute qu'à la lecture, du moins, pour me relire, je relis à voix haute et tout de suite j'entends si une phrase est bancale ou si une autre semble juste.
Je ne saurais dire si c'est de la poésie ou non, je vous laisse juger. En tout cas, merci beaucoup pour ton commentaire, je t'en suis très reconnaissant. J'aimerais juste savoir si, outre ces problèmes de rythme, tu as apprécié la lecture. Et pour le titre, je suis désolé mais je n'en ai pas encore, j'attends qu'il me vienne, je sais qu'il est préférable d'en mettre un mais je sais aussi la difficulté d'en trouver un adéquat. Je m'en excuse et je te remercie encore une fois beaucoup.

#8 Invité_souris_*

Invité_souris_*
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Posté 14 février 2008 - 05:18

Colas,

Tu pourrais mettre un titre provisoire du genre, réflexions réflexives, on verrait déjà si tu écris dans le descriptif ou dans la réflexion, quitte à en changer par la suite, enfin toi, tu achètes les yeux fermés?
ensuite sous titre Début de prose

En plus tu sais que c'est en cinq actes que tu auras fini d'exprimer ???
c'est pour le théatre ? alors dis-le...

Quant à ta réponse "chacun lit les textes comme il le veut", celà est toujours vrai même si l'auteur a pris soin d'indiquer la ponctuation qui correspond à ce qu'il veut vraiment dire...

Quant à la hauteur des lettres que tu as utilisée pour publier sur ce forum elle est un peu petite si tu compares à ce qui se fait en moyenne...

Je me suis expliquée un peu plus pour être sûre de me faire comprendre, pour le reste tu es très libre, naturellement.

Souris


#9 Colas

Colas

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Posté 14 février 2008 - 05:34

Je ne voulais pas du tout te donner tort ! Je comprends tout ce que tu m'as dit. Le titre, oui, j'aurais peut-être dû en mettre un autre, ou un vrai, mais je ne "vends" pas non plus ce que j'écris.
Je sais que ce sera en cinq "actes" si cela se finit, et non ce n'est pas du théâtre, c'est pour cela que j'ai mis des guillemets, mais ce sera un déroulement sur la base du théâtre tragique, c'est juste pour cela que j'ai parlé d'actes.
La ponctuation est indiquée dans mon texte, largement, les virgules, les parenthèses y sont, à leur place. Je ne vois pas ce que tu entends par là. Non la disposition ne sera pas verticale, typographiquement, cela restera dans ce style, et je ne vois pas en quoi cela empêche d'y mettre un rythme, au contraire. Et je dis ce que je veux dire à travers ma ponctuation, du moins je le pense.
Enfin, je m'excuse pour la taille de la police, c'est la première publication que je fais sur ce forum. Je ne veux pas, surtout pas, faire de tort à qui que ce soit, je garde en mémoire tes critiques, et je veux seulement que chacun puisse y trouver un certain plaisir. Je ne veux rien de plus. Si tu as aimé le texte, j'estime que mon travail a été bien réalisé, si tu aurais pu l'aimer encore plus et que tu me dis comment, je n'y manquerai pas d'essayer, dans la mesure où cela reste dans la limite de ce que je veux faire. Je suis désolé pour toutes les erreurs que j'ai pu faire et si j'ai pu te paraître peu aimable, ce n'était pas du tout ma volonté.
J'aimerais juste savoir maintenant si tu as apprécié ce texte, tel qu'il est, en dehors de toute considération quant à ce qu'il est, à propos du genre, du titre, mais en tant que tel, en tant qu'ensemble. Je te remercie beaucoup, sincèrement.

#10 Invité_souris_*

Invité_souris_*
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Posté 14 février 2008 - 06:50

Je ne voulais pas du tout te donner tort ! Je comprends tout ce que tu m'as dit. Le titre, oui, j'aurais peut-être dû en mettre un autre, ou un vrai, mais je ne "vends" pas non plus ce que j'écris.
Je sais que ce sera en cinq "actes" si cela se finit, et non ce n'est pas du théâtre, c'est pour cela que j'ai mis des guillemets, mais ce sera un déroulement sur la base du théâtre tragique, c'est juste pour cela que j'ai parlé d'actes.
La ponctuation est indiquée dans mon texte, largement, les virgules, les parenthèses y sont, à leur place. Je ne vois pas ce que tu entends par là. Non la disposition ne sera pas verticale, typographiquement, cela restera dans ce style, et je ne vois pas en quoi cela empêche d'y mettre un rythme, au contraire. Et je dis ce que je veux dire à travers ma ponctuation, du moins je le pense.
Enfin, je m'excuse pour la taille de la police, c'est la première publication que je fais sur ce forum. Je ne veux pas, surtout pas, faire de tort à qui que ce soit, je garde en mémoire tes critiques, et je veux seulement que chacun puisse y trouver un certain plaisir. Je ne veux rien de plus. Si tu as aimé le texte, j'estime que mon travail a été bien réalisé, si tu aurais pu l'aimer encore plus et que tu me dis comment, je n'y manquerai pas d'essayer, dans la mesure où cela reste dans la limite de ce que je veux faire. Je suis désolé pour toutes les erreurs que j'ai pu faire et si j'ai pu te paraître peu aimable, ce n'était pas du tout ma volonté.
J'aimerais juste savoir maintenant si tu as apprécié ce texte, tel qu'il est, en dehors de toute considération quant à ce qu'il est, à propos du genre, du titre, mais en tant que tel, en tant qu'ensemble. Je te remercie beaucoup, sincèrement.



Colas

Je ne me sens pas vexée le moins du monde, mais là, nous parlons technique d'écriture et c'est pour celà que je tenais à être précise.Il n'est pas question de vendre, mais de faire savoir à ton lecteur éventuel, un peu de la teneur de tes écrits.

Si tu n'avais demandé instamment que l'on commente ton travail, je ne me serais jamais permise de te dire tant de choses; personnellement, je n'aime pas les phrases longues et les textes qui se dissolvent. Quand tu fais une phrase de trois lignes, même s'il y a des virgules tu apportes une évanescence, un flou. Ce n'est pas une critique, d'autres peuvent aimer celà, mais sur ce forum pour la poésie,moi, j'aime mieux plus de simplicité, de concision.

"J’allais percer le voile épais, lourd et trop opaque qui, comme ces merveilleux nuages qui nous font deviner une forteresse de coton pour mieux crever par la suite en une pluie grossière, me cachait d’une réalité que je m’imaginais immonde, tout en m’en protégeant."
Simplifier en :
J'allais percer le voile épais, lourd et trop opaque, qui, comme ces merveilleux nuages nous font deviner une forteresse de coton pour mieux crever par la suite en une pluie grossière.Ce voile me cachait une réalité que j'imaginais immonde, tout en m'en protégeant.

Amicalement
Souris


#11 Paname

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Posté 14 février 2008 - 07:16

moi j'ad0re les phrases longues,
À la James Joyce,
Les phrases surréalistes qui n'en finissent pas


Pour Colas, tUtti donc,
et du même coup
en clin d'oeil à ma petite souris qui personnellement "n'aime pas les phrases longues et les textes qui se dissolvent"...


Plaidoyer pour la réhabilitation de la phrase longue…

( ou...En attendant le point final.)

Si j’écris qu’il est temps maintenant de libérer les lecteurs, je prends peut-être un risque en écrivant le mot au pluriel, mais je persiste à positiver et comme j’imagine encore aborder ce dernier chapitre en compagnie plurielle, je profite du fait qu’ils sont sans doute encore quelques uns à m’avoir suivi jusqu’ici, pour les remercier, combien chaleureusement, d’avoir subi sans trop de dommages à la fois mes anecdotes et souvenirs sépia sur fond de simili biographie, mes élucubrations parfois lassantes car sans doute d’une répétitivité par trop abusive en réflexions pseudo-intello-historico-géographico-philosophico-esthético-et-cetero personnelles, de même que mon ton parfois pompeux, sentencieux, peut-être assez creux et involontairement prétentieux, ainsi que les belles et un tantinet fastidieuses phrases longues que je m’efforce sans doute trop souvent de réhabiliter avec un abus conscient mais néanmoins affiché en quasi provocation, témoignant en cela tout à la fois d’un irrespect du lecteur immanquablement forcé de s’épuiser à me suivre dans un dédale en labyrinthe de syntaxe française à y perdre son latin et lui donner le tournis, mais également forcé de témoigner ce faisant d’une très forte motivation et d’une capacité plus qu’ affirmée à venir à bout de paragraphes sans points, longs comme des jours sans pain, capacité et volonté dont l’auteur n’a jamais douté que ledit lecteur les possédât au plus haut degré, ce en quoi il avait bien raison vu qu’il est encore lu à cette seconde même où il lui fait subir une dernière fois l’insidieuse torture consistant à l’embarquer dans une logorrhée de mots à lui donner le vertige dont il sait bien, l’infâme, qu’une fois pris dans les tourbillons de ce mælström lexical, il sera condamné pour survivre à se laisser porter sans tenter de lutter mais avec l’unique et seul raisonnable objectif possible de garder au moins la tête hors des flots impétueux, invincibles, indomptables qui l’entraînent irrésistiblement soit vers la mort liquide assurée, soit vers des eaux forcément plus calmes de l’existence desquelles il ne doutera jamais, et dont il gardera même l’espoir solidement ancré au fond de ses pensées actuellement toutes entières obnubilées par l’urgence de la survie, doux espoir pour le moment secoué comme vulgaire et si fragile coque de noix, mais à l’abri de laquelle il pense cependant qu’il lui sera bientôt enfin possible d’être secrètement bercé dès qu’il pourra flotter sur une onde nettement plus assagie, imaginant même à l’avance, oh…et avec quel délice ! l’instant rêvé où il pourra voir poindre à l’horizon de son malheur un point d’abord quasi imperceptible mais qu’il saura devoir inexorablement grossir au fur et à mesure qu’il se rapprochera de lui en triomphateur de l’abandon et de la noyade entrevus de si près, un point d’interrogation pour le moment mais un point nettement visible l’instant d’après, instant qui, il en est sûr, ne sera donc pas son dernier, un point devenu plus net et rassurant, un point où la vague de ses espoirs, soudain revenus avec une force et une impétuosité dont il s’étonnera lui-même qu’il les possédât encore dans son cœur avec assez de tumulte pour submerger celui qui l’emporte, un point assurément ami, un point dont il se sentira sous peu assez proche pour enfin le reconnaître sans faute, non un point d’eau, certes, dont il n’a vraiment que faire au moment où, recrachant les affreuses tasses dont il est écoeuré, il échappe enfin à l’engloutissement terminal, mais un point de chute, un point d’ancrage, un point d’appui, pour changer, certes pas un point mort, à l’instant où il croit entrevoir la vie se profilant dans le ciel redevenant bleu de son futur, mais un point bien vivant puisqu’il le voit s’épaissir en se déplaçant à sa rencontre, prenant sa belle forme d’arrondi, un point venant on ne peut plus à point, au point de lui faire oublier toutes ses angoisses, à ce brave, courageux, certes un peu intrépide mais en tout cas méritant lecteur dont l’audace n’eut d’égal que sa témérité, un point sur le point de se révéler tout à fait maintenant, à tel point qu’à n’en point douter, l’espoir se voit presque aussitôt renforcé de la forte et douce réassurance de la certitude, au point qu’il lui semble nettement distinguer un magnifique point noir, qui pour son cœur est un point chaud, oui, c’est sûr maintenant, c’est bien un point définitif, mais oui, c’est évident…point de doute…serait-ce enfin possible ?...c’est bien un point…final !

On lui dira ce qu’on veut, à ce lecteur tenace qui lit encore ces lignes, mais des fois… « un point…c’est tout ! »

POINT FINAL
.

Paname

#12 Colas

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Posté 14 février 2008 - 07:24

Oui je comprends très bien. Ce que vous me demandez de faire, je ne le peux pas, et d'abord parce que je n'aime pas. J'ai dit que les longues phrases n'étaient pas très compréhensibles et cela pour tout le monde y compris pour moi, mais je dois dire que je ne peux pas faire autrement, je "sens" beaucoup moins la phrase quand elle est courte, du moins ma phrase. J'aime autant les style au phrases courtes comme ceux aux phrases interminables comme Proust, qui m'a d'ailleurs certainement influencé pour ce texte.
Sinon je ne recherche pas la concision et la clarté dans mes phrases. Je sais très bien qu'on peut décrocher rapidement et ne pas se donner la peine de relire une phrase. Je préfère donner une impression d'ensemble dans une phrase, la donner à travers certains mots comme je le dis du "Dies Irae". La poésie est pour moi davantage une sensation, sans pour autant éviter le sens. Grammaticalement mes phrases sont justes (enfin je crois), j'y réfléchis, je les retouche, il y a un sens sous la plupart des mots, mais pourtant je ne crois pas qu'on s'attardera sur chaque phrase, et je préfère presque qu'on saisisse la phrase dans son ensemble, comme une impression, plutôt que comme un sens précis et profond. Ce n'est pas que j'aime beaucoup le poète Yves Bonnefoy, mais ce qu'il pense de la poésie a des côtés qui me semblent intéressants.
Merci pour vos commentaires, Souris. A bientôt.

#13 claricorne

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Posté 14 février 2008 - 07:28

Pour Colas, tUtti donc,
et du même coup
en clin d'oeil à ma petite souris qui personnellement "n'aime pas les phrases longues et les textes qui se dissolvent"...


Plaidoyer pour la réhabilitation de la phrase longue…

( ou...En attendant le point final.)

Si j'écris qu'il est temps maintenant de libérer les lecteurs, je prends peut-être un risque en écrivant le mot au pluriel, mais je persiste à positiver et comme j'imagine encore aborder ce dernier chapitre en compagnie plurielle, je profite du fait qu'ils sont sans doute encore quelques uns à m'avoir suivi jusqu'ici, pour les remercier, combien chaleureusement, d'avoir subi sans trop de dommages à la fois mes anecdotes et souvenirs sépia sur fond de simili biographie, mes élucubrations parfois lassantes car sans doute d'une répétitivité par trop abusive en réflexions pseudo-intello-historico-géographico-philosophico-esthético-et-cetero personnelles, de même que mon ton parfois pompeux, sentencieux, peut-être assez creux et involontairement prétentieux, ainsi que les belles et un tantinet fastidieuses phrases longues que je m'efforce sans doute trop souvent de réhabiliter avec un abus conscient mais néanmoins affiché en quasi provocation, témoignant en cela tout à la fois d'un irrespect du lecteur immanquablement forcé de s'épuiser à me suivre dans un dédale en labyrinthe de syntaxe française à y perdre son latin et lui donner le tournis, mais également forcé de témoigner ce faisant d'une très forte motivation et d'une capacité plus qu' affirmée à venir à bout de paragraphes sans points, longs comme des jours sans pain, capacité et volonté dont l'auteur n'a jamais douté que ledit lecteur les possédât au plus haut degré, ce en quoi il avait bien raison vu qu'il est encore lu à cette seconde même où il lui fait subir une dernière fois l'insidieuse torture consistant à l'embarquer dans une logorrhée de mots à lui donner le vertige dont il sait bien, l'infâme, qu'une fois pris dans les tourbillons de ce mælström lexical, il sera condamné pour survivre à se laisser porter sans tenter de lutter mais avec l'unique et seul raisonnable objectif possible de garder au moins la tête hors des flots impétueux, invincibles, indomptables qui l'entraînent irrésistiblement soit vers la mort liquide assurée, soit vers des eaux forcément plus calmes de l'existence desquelles il ne doutera jamais, et dont il gardera même l'espoir solidement ancré au fond de ses pensées actuellement toutes entières obnubilées par l'urgence de la survie, doux espoir pour le moment secoué comme vulgaire et si fragile coque de noix, mais à l'abri de laquelle il pense cependant qu'il lui sera bientôt enfin possible d'être secrètement bercé dès qu'il pourra flotter sur une onde nettement plus assagie, imaginant même à l'avance, oh…et avec quel délice ! l'instant rêvé où il pourra voir poindre à l'horizon de son malheur un point d'abord quasi imperceptible mais qu'il saura devoir inexorablement grossir au fur et à mesure qu'il se rapprochera de lui en triomphateur de l'abandon et de la noyade entrevus de si près, un point d'interrogation pour le moment mais un point nettement visible l'instant d'après, instant qui, il en est sûr, ne sera donc pas son dernier, un point devenu plus net et rassurant, un point où la vague de ses espoirs, soudain revenus avec une force et une impétuosité dont il s'étonnera lui-même qu'il les possédât encore dans son cœur avec assez de tumulte pour submerger celui qui l'emporte, un point assurément ami, un point dont il se sentira sous peu assez proche pour enfin le reconnaître sans faute, non un point d'eau, certes, dont il n'a vraiment que faire au moment où, recrachant les affreuses tasses dont il est écoeuré, il échappe enfin à l'engloutissement terminal, mais un point de chute, un point d'ancrage, un point d'appui, pour changer, certes pas un point mort, à l'instant où il croit entrevoir la vie se profilant dans le ciel redevenant bleu de son futur, mais un point bien vivant puisqu'il le voit s'épaissir en se déplaçant à sa rencontre, prenant sa belle forme d'arrondi, un point venant on ne peut plus à point, au point de lui faire oublier toutes ses angoisses, à ce brave, courageux, certes un peu intrépide mais en tout cas méritant lecteur dont l'audace n'eut d'égal que sa témérité, un point sur le point de se révéler tout à fait maintenant, à tel point qu'à n'en point douter, l'espoir se voit presque aussitôt renforcé de la forte et douce réassurance de la certitude, au point qu'il lui semble nettement distinguer un magnifique point noir, qui pour son cœur est un point chaud, oui, c'est sûr maintenant, c'est bien un point définitif, mais oui, c'est évident…point de doute…serait-ce enfin possible ?...c'est bien un point…final !

On lui dira ce qu'on veut, à ce lecteur tenace qui lit encore ces lignes, mais des fois… « un point…c'est tout ! »

POINT FINAL
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Paname



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