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(Anthologie permanente) Ruth Lillegraven, La Serpe


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Posté 26 avril 2021 - 09:09

 


6a00d8345238fe69e2026bdecdeec9200c-100wiLes éditions LansKine ont publié récemment La Serpe, de la Norvégienne Ruth Lillegraven, dans une traduction dâAnne-Marie Soulier, décédée en janvier 2020.
Poezibao propose aujourdâhui des extraits du livre dans le cadre de lâanthologie permanente et une nouvelle note de lecture dâYves Boudier après celle dâIsabelle Baladine Howald, qui propose trois poèmes en extraits.




DANS L'OCÉAN BLEU

c'est l'automne
dans la forêt

qui va bientôt dormir
silencieuse et noire

mais elle se soulève encore
oscille, saigne

et un matin il y a

un voile de toiles d'araignée
une brume de forêt entre
tout ce qui fut
ce qui viendra

tout ce qui va pourrir
tout ce qui va croître

ça brille ça scintille
tout simplement

ne tâéloigne pas
tout seul dans la forêt

tu pourrais rencontrer
des ours et des mauvais esprits

nây va pas non plus
pour te promener

non, il faut un but
fendre du bois, chasser, ramasser

moi-même je cherche
une brebis perdue

je marche, je marche
et la forêt traîne
derrière elle
la soie de sa longue robe verte

et je deviens
vert et soyeux moi, aussi

la forêt devient moi
et moi la forêt

maintenant ici
plus de bruit de pluie
plus de trolls qui traînent

ici seulement
souffles de sagas et soleil obscur
paille qui atteint
la hauteur d'un homme

je marche, je marche

la forêt s'ouvre
comme une pomme de pin

la forêt s'ouvre
une couche après l'autre

jâarrive à un val

empli de fleurs bleues
même en septembre

jamais je nây suis venu

jamais je nâai vu
tant de fleurs si bleues
et si minuscules

ensemble elles forment
le plus beau des fjords
par un jour dâété

je regarde
tout autour
et jây pénètre
mâétends sur le dos
et vois dans le ciel

des rameaux de noisetiers
fins comme les veines de mon père

du lichen vert comme
des nuages figés

les cimes des arbres
qui tournent et tournent
comme des roues de charrette

alors je commence
à nager bien loin
dans lâocéan bleu

Ruth Lillegraven, La serpe, traduit du norvégien par Anne-Marie Soulier, aquarelles Olga Korableva, Lanskine, 2021, 142 p., 16â¬, p. 61-64



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