Où se dressaient immenses et touffus deux cerisiers.
Perchée, du haut de la cime, j’apercevais la montagne
Et plus loin encore, à droite, le bleu de la méditerranée.
J’aimais au printemps voir apparaitre aux branches
Les fourreaux serrés des exquises fleurs blanches
Butinées par des abeilles à l’abdomen d’or poudré
Et je regardais, Ã distance respectable, leur ballet.
Puis, bien des jours plus tard, on guettait du chemin,
Les merles pilleurs des fruits au rose si translucide
Et nous courions, tapant rageusement dans nos mains,
Pour faire fuir ces voleurs loin des fruits encore acides.
Nous les attendions tant ces beaux pendants d’oreilles
Et voulions déguster les brillantes cerises vermeilles,
Crachant loin, en riant, les noyaux encore visqueux,
Pendant que coulait dans notre gorge le jus délicieux.
Il s’est perdu au loin, hélas, le temps béni de l’enfance !
Quand je suis retournée au champ, il me parut si petit ;
Je me souviens encore comme nous le trouvions immense
Et même si les cerisiers ont disparu, leur souvenir survit.
