Revue de presse
Lorsque je vais à Saint- André
C'est chez Michelle et Gégé
Pastis olives et cacahuètes
Précèdent vin rouge et tartiflette
Ensuite j'aime pour m'isoler
M'enfermer dans leurs cabinets
Ambiance glamour et parfumée
Magazines sur un tabouret
Je me vautre dans un Closer
C'est presse people à toute heure
Quelques photographies ambiance
Abondent dans la décadence
Alors à Pont- Sainte- Marie
Je visite André, Valérie,
Mais rien n'a été préparé :
On mange des plats surgelés !
Trop dur je vais me réfugier
Tout au fond dans leurs cabinets
Ça sent l'urine non essuyée
Et le tartre bien incrusté
Sur un poussiéreux tabouret
Trône les programmes des cabarets
C'est si fade et si culturel
De l'ennui à vendre tel quel
Contraste, je cours à Saint Julien
Chez des amis pas trop chrétiens
Ils aiment la gauche et le confort
Et ont bien soigné leur décor
On mange sur la table du salon
Des trucs branchés mais qui sont bons.
Puis je vais dans leurs cabinets
J'y vois une photo du Ché.
Sur le tabouret comme ça
Le nouvel Obs, Télérama,
Je m'prends pour un intellectuel
En lisant ça c'est naturel
Pour faire plus simplement, c'est clair
Je file à Mesnil- Saint- Père
Chez mes vieux copains campagnards
Où l'on avale des tranches de lard
Dans une partie des dépendances
Ils ont construit le lieu d'aisance
J'y trouve Pèlerin magazine
Elle est catholique ma copine
Bernard lui ne lit pas cela
Il n'est pas plus curé que ça
Alors sous la pile il y a
Chasse et nature, ça ça lui va !
Du coup je passe par Sainte- Savine
Chez mon copain qui est sans copine
Il casse des œufs pour l'omelette
En parlant d'histoires de quéquettes
Il est lourdingue ça m'fait pas rire
Avant de supporter le pire
Je me planque dans ses cabinets
Qui sentent le célibat plein nez
La pornographie envahit
Ce lieu fait pour faire pipi
Mais aux magazines qui sont lÃ
Je vois qu'il ne sert pas qu'à ça
Pour faire passer ce souvenir
Je vais rendre visite à Elvire
Résidence au cœur du vieux Troyes
Meubles cossus et feu de bois
Nous grignotons des petits fours
Servis sur champagne : un velours
Chaque fois je ne peux m'empêcher
De faire un tour dans ses wc
Sur un vieux guéridon de bois
Fig mag traîne négligemment lÃ
Mieux vaut le remiser ici
Puisque personne ne le lit
Fini la tournée des grands ducs
Je rentre à La Chapelle Saint- Luc
Dans mon vingt cinq mètres carrés
Meublé de livres empilés
Je cuisine sur un réchaud
L'oeil en coin sur Charlie hebdo
Posé à côté du canard
Que je vais lire tôt ou tard
Impossible pour moi de les mettre
Comme les autres dans les toilettes
Les sanitaires sont en commun
On les partage entre voisins
D'où mon vice d'aller visiter
Les aisances de mes amitiés
La presse atterrit là c'est sûr,
Je jette un oeil sur leurs lectures
Pantalon bas les yeux rivés
Sur toutes ces piles d'illustrés
L'endroit est propice à ça
C'est rare qu'on nous dérange lÃ
On y trouve des opinions
Des fantasmes et des religions,
Ceux qui lassent de l'humanité :
Laissons- les donc aux cabinets.
BG