Des tours de New York à la Palestine
En passant par Srebrenitsa
La détresse prend des teintes toujours plus assassines
Couleur de gravats
On sent bien dans la poussière
Le destin qui s’obstine quand les pierres retombent
Rien ne ressemble plus à la misère que la guerre
Quand le vent de l’histoire c’est le souffle des bombes
Et ils creusent la terre à la recherche vaine
Avec des pelles avec leurs mains
Ils sont des dizaines à chercher des centaines
D’hommes de femmes d’enfants
Dans leurs yeux vidés de peines
Ils sont des adultes où des adolescents
Le sang des disparus qui coule dans ces plaines
A la haine mêle le sang des survivants
Et toujours dans les yeux cet immensément vide
Où déverse le monde
Ses bons sentiments, ses flots de phrases fétides
Nauséabondes
Et dans ces corps qui se plient
L’ultime misère et le désespoir se fondent
Hagards et sans raisons oubliés de la vie
Ils creusent la terre en quête d’une tombe
Des femmes les bras au ciel, et des enfants qui pleurent
De douleurs, ou d’inanition
Ces gens qu’on assassine, et toujours en couleurs
A la télévision
Mais entre fromage et dessert
Assoiffés de plaisirs ces images de peurs
Et ces milliers de tentes au milieu du désert
N’ont guère plus de poids que le doigt du zapeur
Ils creuseront pourtant ces enfants d’outre tombe
Ce triste monde avec leurs dents
Ils seront des centaines, des milliers des millions
D’hommes de femmes d’enfants
A notre inconscience
Ils opposeront leur haine
Et je n’suis pas bien sûr qu’ils f’ront la différence
Entre coupables et innocents qui sèment
Dans un même sillon, d’un même pas les graines
De l’indifférence.
Cannes 2008