Tue l'amour
Tu logeais près de la Moline
Là où la Seine coule câline
Du vasistas entrebâillé
On sentait la fraîcheur monter
Qui venait douc'ment caresser
Nos corps nus et entrelacés
Sur la table les restes d'un repas
Verres de vin laissés comme ça
On aurait dit un paradis
Volupté garantie à vie
Tu as voulu boire le bonheur
Jusqu'Ã la lie, gare au malheur
Que je sois là chaque minute
Tout près de toi, ça se discute
Que l'on mélange notre linge sale
Tout ensemble dans la même malle
Me voir dans ton lit le matin
Me voir dans ta salle de bains
Tu ne voulais plus me guetter
Ne plus attendre mon arrivée
On a trouvé l'appartement
Pour héberger les deux amants
C'était au milieu des Sénardes
On dit adieu à la mansarde
Ascenseur parkings encombrés
Des mômes dans les escaliers
Le bruit de la vie des voisins
Leur cuisine et tout le tintouin
Retour de chez Conforma
Tournevis, clic-clac, colle à bois
On avait fini nos études
On a pris de vraies habitudes
C'est quand on croit que c'est gagné
Que l'on commence à déraper
Petits plats pour toi préparés
Qui ne sont jamais digérés
Ça finissait en flatulences
Pas même dans le lieu d'aisance
De digestives servitudes
Venues troubler notre quiétude
Les tomates c'est sans les pépins
Accordé un morceau de pain
On a banni les légumes secs
Le choux-fleur faut pas faire avec
Eliminés les salsifis
On ne tolère pas les radis
Le concombre remonte la journée
Interdictions sur les navets
Nos musiques corporelles mêlées
Ont fini de nous dégoûter
Ces agacements olfactifs
Ces régimes à but digestif
Ces soirées de ventres gonflés
Je n'ai plus pu les supporter
J'ai plié armes et bagages
Fui la malodorante cage
Je suis parti me réfugier
Sous un toit rue de la Cité
Mais pourquoi est venu ce chat
Avec sa litière fumante là ?
BG