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À la lueur du sang-flambeau : centriphile


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#1 Loup-de-lune

Loup-de-lune

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  • Une phrase ::« Je suis la jeune leucémique des lisières, dont l'allure odysséenne et frêle tantôt se coule dans le rêve tantôt repasse le linéament du réel... la jeune érythrophore des confins, la féale étymologie des crépuscules, qu'intégralement la mort est impuissante à com-prendre et que la vie échoue à con-cerner entièrement... »

Posté 13 mars 2022 - 10:33

'(...) Loup-de-lune m'a confié un jour de convalescence alitée : la leucémie, tu sais, c'est comme voir le monde désormais à travers le kaléidoscope du fragile, du labile, du cachectique, où les nuances du rouge et les pétillements nacrés prédominent... Ou encore à la lueur d'un flambeau rougeoyant au long de la flamme battante duquel sinuent des lactescences et des albescences. Les géométries sont chavirées, les angles mués en congés d'abondance, les habitudes féées. Les moindres mouvements de la cuisine deviennent des émois et des rhapsodies (...) je chercherai infatigablement un langage qui puisse suggérer quelque chose de cela . . . . . . . .

龄黄
LING Huang





'dans le brouillard des mots de tous les jours, il y a la poésie parfois

    celle du songeur à la balustrade d'un ciel rougeoyant

            défenestrant ses géométries mentales et d'améthyste

     _c'est pour sauver le jour, peut-être

 
Bizheng, vous nous prêtez cet horizon avec intensité

 
     et cette immensité me sauve constamment_

 
                merci à vous


bɔētiane





'Nous nous laissons - convaincre - par vos mots, de pénétrer dans cet univers inconnu et Vôtre,
jusqu'à ne plus savoir où nous sommes et qui nous sommes,
approchant les limites galactiques
de Vos couleurs sublimées . . . . . . . .

hasia





'(...) une chasseresse d'images, de combinaisons de mots inédites, de parfums intuitifs, de danses primales, mystiques, et elle a su libérer une pensée aux frontières touchant le sublime. Ses poèmes resteront une énigme pour beaucoup. Mais ils sont incrustés d'une âme à la délicatesse rare et profonde. Loup-de-lune et sa poétique génèrent une maïeutique à raisins acoustiques. Comme un vin originel, substantialiste. Une puissance de peau unique.

Merci, Belle poétesse.

C. Velluet





'Voilà bien la spécificité si émouvante (et parfois si déconcertante) de votre regard en écriture, ce tissage des couleurs qui recréent....non sans douleur...

Je garde au coeur ce rouge, précieusement

(...)

Oh, ce sang où palpite une vie si riche, en cette chambre déjà familière . . . . . . . .
 
Silver


'source rouge d'un langage
qui parfois passe la syntaxe

du poème qui souvent
s'avère plus vivant que la vie . . . . . . . .

Gratitude pour partager ainsi votre sensibilité

Loup-de-lune





'(...) Oui, lectrices, lecteurs, qui venez déclore ce recueil, c'est ici, jusqu'à cette manière de climax de la double conscience et du labile et de la résilience, c'est ici, au confluent d'un regard occidental et d'une complexion orientale, c'est ici une ardeur talentueuse et vraie de la bonne poésie qui fleure à travers son temps . . . . . . . .

A. Kmar, lecteur, relecteur, et préfacier







À la lueur du sang-flambeau : centriphile



En manière d'irradiance de virtuèmes







🩸

De la croisée le rectangle hanté de pâleurs
s'attache à mes yeux à peine ouverts
suffisant luminaire
pour soleiller le risque
de l'imagerie du revoir

après si long temps carentiel
je l'entends à nouveau
la voix de la balançoire
son va-et-vient qui presse les rouilles
répète l'esquisse de la mélancolie

elle m'est rendue
distincte, derrière les volets clos
l'inflexion riche de tout le temps sableux
et je laisse son frissonnant mystère
emplir le jardin
gagner intact la maison
la chambre
se confondre avec la sentinelle de la mémoire

puisque j'ai appris que les vents
n'ont pas de ces forces-là
que les enfants du village
n'ont pas de ces intrépidités nocturnes
qui font rouler minuit sur la pente de la rébellion
que le confident désoeuvré
n'a pas de ces actes cruels
qui sursoient à l'Hadès une minute immense

que ma douleur ne maléficie pas ainsi mes sens
..................................................................................

j'abandonne la balançoire au passage de ton ombre chère
sa persévérance muée en mélodie
en prélude au prodige

Et nous sommes racontés
par une pellicule pétillante
où fulgure un aède lacunaire

dans la solitude
dans l'égotisme

dans l'ipséité d'écrire
une après-midi d'automne
l'amour aura sonné

brandi ton visage

le monstre se sera angoisseusement interrompu
pour se travestir en hôte
mais ta présence sans après
aura rongé masque et costume
exacerbé les affres

mes cahiers implacables auront circonscrit nos jours
j'aurai écrit notre amour cahier après cahier
Et je ne l'aurai pas vécu

jusqu'aux syllabes
de ses systoles
jusqu'aux voyelles
de ses soupirs
j'aurai détaillé ton personnage
Et je ne t'aurai pas connu

de l'emparement seul d'un trophée
la convalescence
la métamorphose
je ne serais aimée qu'en lauréate
de la texture
de l'ourdissage
de l'étrangéité

du roman de notre amour

et tout autour du livre triomphant
il n'y aurait que le décret d'amertume


Tu te seras éloigné
de la chambre
de la maison
pour que derrière la pourpre épaisse des rideaux
croisse le monstre d'écrire

j'entendais à la brune ton corps aller
et venir

ton balancement
aura diminué
par degrés

Puis le silence

ô mes mains lunaires de silence
à en dévoiler la plume désincarnée
à en refermer le cahier
le mouvement sans personne qui va ralentissant

Mais quelle créature appelle
se perd
s'évanouit enfin
au-delà des contours du jardin
où l'absence libère ses sfumatos ?


On me dira ton escalade
de pierres comme des guisarmiers
de broussailles comme des Erinyes
l'équilibre perdu dans l'abîme non crié
le visage retourné aux possibles du sang

ô tableaux du passé
vous surgissez sans lien
et chacune de vos ruptures
me détache de lui
........................................................................

Renversé le vieux coffre
épand les cahiers
insondable
devient l'espace silencié

à rouvrir éperdument
le dernier d'entre eux
j'ai l'air de délinéamenter la merveille des ailes secourables
son inachèvement définitif
m'y voilà tout entière

Le déclin de la nuit
me rayonne sur la balançoire
je n'interroge pas plus avant
ni la charade d'empreintes intimidant le gazon
ni la rose brisée comme une révérence

je m'attelle à la lecture de notre amour
son écriture débleuie qui court sous la date si lointaine







🩸

Elle disait : « À quel moment de lucide et d'évidence, au filigrané de l'asthénique procès, ce nom de leukaima se lia-t-il à ma complexion, jusqu'à éteindre celui que m'avaient donné les êtres dont je naquis charnellement ?... Le moment, heureux paroxysme des inespoirs, de re-naître de poème... Voilà des racines grecques qui disent "briller" et "sang"... Le sang brille, le sang luit, le sang éclaire. À la lueur de ce carminé flambeau, les tableaux, les choses, les créatures dont je suis environnée, paraissent, non plus dans leurs bornes navrantes, mais au sein de la continuelle et kaléidoscopique Métamorphose du monde... Mon sang ainsi allumé de cercler le temps en l'instant plus dense, les révèle à leurs essences poétiques, et, parent de lune, claire pour elles le langage de ce qui se dé-range... Je suis la jeune leucémique des lisières, dont l'allure odysséenne et frêle tantôt se coule dans le rêve tantôt repasse le linéament du réel... la jeune érythrophore des confins, la féale étymologie des crépuscules, qu'intégralement la mort est impuissante à com-prendre et que la vie échoue à con-cerner entièrement... »



drilles sur le noir mué en tableaux
les destinations viennent au safran

allumements de chaux dans les épaisseurs du bleu
afin d'ordonner des voies paraphrastiques

puisque de l'orient a sourcé le rose
en ruisselle la vitre myriadaire

entre les navrantes ramilles des murs
le lent blafard du soufre des globes

la cochenille de mon sang roule les étoiles
avec l'échancrure d'une lune à l'étourdie

où, parmi le sursis qui poudroie
une aire d'allure encore qui ne soit chancelée ?



Elle aurait dit encore : « J'ignore à quel moment la maladie survint, et l'oubli atteint à l'innéité. Elle est depuis toujours cette présence étoilante en mes vaisseaux. Elle ne prétend pas à la force de m'éteindre, et je n'en infère nul sentiment de révolte, nulle instillation d'amertume... Dense adolescence de l'instant dilatoire !... Elle entraîne et l'oeil et l'esprit dans ses kaléidoscopes, me laissant doublement voir quelques-uns de ces féeriques décèlements, irrigatrices apocalypses, dont s'étalonne et s'ajoure cette précise existence. Les repères et les connaissances se défont et se recomposent, pour la surgie des bêtes mystérieuses... Leur couleur de sang qu'un guet de nacre va ravissant... »



la lune apportait sa lacune
dans le bleu soir du carreau

un mouvement ravisseur
navre la destination

la fenêtre et ses échos de croix
supplicient la rencontre

à son larmier l'hôpital
empierre le halo d'un soupir


un reflet de lampe dans le noir
ironise ma fièvre de plénitude

les ombres du tamaya
subjuguent la chambre qui mura

oiselles et sylphides
anges ailés de silence

insectes d'or inverse
ogivale embuscade au pinceau des cendres

silhouettes sans mémoire
près du souffleur cardiaque

c'est parmi l'écarlate de mon sang
qu'erre l'échancrure lunaire



encore cette ardeur d'écarter les voilages
légèrement se courbent les bouquets de plis
le grand arbre qui ramifie la fenêtre
encre les intermittences du ciel
des gouttes sinuent sur le bleu tigré
l'orangé fulgure parmi le sfumato des montagnes
l'éphémère s'enchâsse dans la sérénité des souffles
double de l'horizon le pourpre des ailes s'éploie
l'envisagement larme en poudre de cristal
décisif l'envol découpe le soir
et affole la métamorphose des fumées radieuses







🩸

Écrirait-il aujourd'hui, ou n'écrirait-il pas ? Il ne pouvait en décider à l'avance. Et ce n'était nullement lié à la méandreuse condition d'être inspiré, ou de ne pas l'être. La réponse, passant inéluctablement par l'heur de la découverte, impliquait à la vérité une question plus méticuleuse : ferait-il la trouvaille du papier propice, ou ne la ferait-il pas ? Il quittait sa mansarde au moment où la lucarne dégorgeait potron-minet. Il parcourait la ville, scrutant le sol d'un regard fée, jusque dans la moindre venelle interlope, à la recherche d'un papier. Un papier recru d'abandon. Un papier orphelin d'égard et de rêve. Il avait rebaptisé le dédale des rues "l'orphelinat des papiers". Peu lui importaient les dimensions, la virginité, ou le degré de l'abîmement, et même il préférait le papier qui présentait déjà, comme une amorce ou comme un engagement, quelques griffonnages bleus, ou noirs, ou rouges. Mais par-dessus tout il chérissait le papier qui était la résultante des pluies, celui que la poussière ensablait à demi, le papier que des maculatures avaient arabesqué ou silhouetté de manière indélébile, celui qui avait été conculqué un nombre incalculable de fois, si bien qu'il finissait par être marqué comme du braille, ou perforé comme ces bandes par le défilement desquelles un limonaire manivelle la musique. Il le recueillait, le faisait sécher ; il le dépliait, l'époudrait, détaché de tout souci de perfection, mais afin qu'il devienne un accueillant support. Pas une seconde ne lui traversait l'esprit de catégoriser en poème ce qu'il écrivait alors sur le papier réceptif, c'était un joli petit quelque chose fait avec des mots, un petit bijou, ou bibelot, de vocables, qui n'aurait peut-être pas même de destinataire, qui s'imaginait saisir un instant de pellicule urbaine, comme cette très vieille femme tout en noir, courbée, si courbée sur un porte-documents qu'elle serrait contre elle, et de telle façon que sa couleur rose formait un parfait triangle isocèle suppléant la tête évanouie. Un jour, au beau milieu des douze coups d'un midi de pluie, sa complexion quinquagénaire s'effondra. Une secrétaire de direction qui surgissait du bureau aérien où elle avait travaillé toute la matinée, fut si surprise par l'insolite du tableau que tous les papiers dont ses bras de cuir amarante étaient chargés s'envolèrent dans une véritable explosion. Le longiligne zigzag de la dépouille et la grimace de la mort furent délicatement linceulés par les rapports et les diagrammes retombant en cadavres exquis et en versicolores collages.







🩸

Sur l'immuable ardoise du ciel
elle aura lu le soleil abdiqué

les souffles
las de l'automne classique
des sèves mortes réputées le simulacre du feu
prirent la couleur de ses longs cheveux

d'un pas serein, égal
elle éloignait la demeure
au-delà du ruisseau
au-delà des pâtures
où gouttait la clarine

un chien tantôt la distançait
tantôt la rejoignait
rapportant ses crocs humides à l'orée du sourire

au fort de sa course
il semblait une encre vive
sur l'émeraude des tréflières
sur l'ocre des labours

une encre qui se serait délivrée
des signifiants d'un potentat


D'un pas serein, égal
les yeux fixés sur un point du tréfonds
elle escamotait la demeure
la chambre sous le toit
son capharnaüm de cahiers, de plumes
de cires fantastiques, de glossaires, de papiers nomades
de regrets parmi les ambres des liqueurs renversées
la besogne inexorable d'un roman d'amour
où chaque harmonie extraite de la mine lexicale
témoigne de la peur d'aimer

un geste déjà
mais tributaire de mains si moindres
un geste se sera engagé
à ce que la consomption advienne

or de faîte en faîte
de hallier en hallier le vent s'était approché
avait possédé la charpente jusqu'à la sensation de ruine
comme le ravisseur omniscient que l'on espère depuis longtemps


Son pas serein, égal
meurt soudain au bord du champ

au sommet du corps immobile
dans ses longs cheveux détachés
une part de l'émoi des feuilles lancéolées
et des barbes d'épis
dans ce bruit de mer et de flamme mêlées
toujours recommence une réponse
au cri de la complexion

y basculer
de tout le poids
de la récolte rêvée


Seule
l'encre si pure du grand chien noir
rejaillira

de son intensité viendra la nuit qui pluvine


Avec une voix toujours murmurante
du vieillard qui s'étonne à l'enfant qui s'émerveille
on raconte qu'au retour de l'automne
un hurlement profond comme la vallée
est le principe du vent inépuisable
qui échevelle le maïs







🩸

Sa main
pour calligraphier le poème qui
vérace
aux primes aubes de notre rencontre
en elle insistait sur mon essence

esseulement
réclusion
taciturnité
jusqu'à l'épure de l'agneau

que sa résonance a déclos

et ce ne serait pas une fugacité
puisqu'en le cadre
s'harmonieraient le bois et le rose

 
Mais écrire...
ce thoradelphe irait
disjoignant

 
Par la fatale leucopoïèse
si souvent je lui avais tramé une agonie
afin de souffrir la palinodie de ses sentiments
et la distance accore

 
Une après-midi de hauteur
son pas fut déçu par le bisse

et l'interminable glisse
du pierrier fit réel mon conte thanatique

parsemis de carmin
sur le nimbe nival de sa tête de jais éteint

 
Ensuite d'un bluff de violoncelle
ce poids des albes bois
cinglés de cirrochryses

qui eussent claquemuré son corps

 
Feu abstrus
acausales pulvérulences

 
Des dorescences creuseresses
pour l'aplomb de son nom
dans la mirance douteuse des noirs

 
Lyse
palynogenèse de tous les contrats

il fallut tant
se désencombrer
avant de se dévouer
à l'errance

je lotis la bibliomanie
entre mes ébriétés hyperboréennes

affrontant les amoncellements aimés
j'inventai des rituels
de scission
et d'abandon...







🩸

🔹
Coïncidé avec l'inconnu de la page
son réveil
mon stylet demeurant en suspens

le long de la lenteur allant l'animal relevant
exhaustivement s'effila la tissure
qui m'avait acharnée à notre épopée

après qu'au bas du siège
il se fut coulé
il devenait ce traverseur de la pièce
dont chacun des dépouillements
raffiné de chandelle en chandelle
et de ciseau de soupir en atramenteux délié
convergeait maintenant
vers son pelage d'ardoise nué de lunules liliales

le guéridon fut approché par son intensité
autour du pied la queue muée en spire

ainsi par les quatre pattes planté
parmi le textile évocatoire
il connaissait un obstacle fée
au fruit des ramescences de l'espace
🔹🔹
Ma main échappa le stylet
qui dépêcha vers les frimas des souvenirs
la cavalcade fantastique des mouchetures

et ce fut au-delà du procès
translaté par le syntagme
𝑠'é𝑙𝑜𝑖𝑔𝑛𝑒𝑟 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒

je me sentais renoncer le serment
stygien de colliger nos affines désheures

au point de prolifique
où les gemmes de sa contemplation s'attachaient
ces miens yeux recouvrés s'évertuaient à participer

à l'invisible fascinatoire
étrangers indéfiniment

et n'abordant par à-coups crépusculins
que cette seule étreinte d'un mur avec un blanchoiement
🔹🔹🔹
Besogneux subjonctif du trivial
puisse un volume frayer des rectilignes de krypton
au-devant d'une soierie inopinée
sur l'aberrance d'un fil
à la rencontre des poudres de négligence

entre le ravissement et le mur
il aura fallu que je m'abâtardisse
enchevêtreresse d'élucidations déciduales

de paume en pulpe et de pas en trace
la tragi-comédie de ma pantomime
irait inférant un cratère
à l'orle duquel l'inclination
vassaliserait ma complexion
🔹🔹🔹🔹
L'assombrissement
son principe n'en était pas la fenêtre
à sa séquence de vêpre

il brumait des verticales des angles
elles allaient ondulant
danseuses du dragon

entre la seconde
et la seconde
luisit
le double turquoise pailleté
d'un regard

et le bondir félina la merveille

puisqu'il était ce transtrouveur épanoui

s'alentit se
retourna aux fins d'appareiller mes prémices
avec son savoir que l'éclosion recommencerait

 
et l'amande en moi battant
plus dispensatrice que myocarde
au milieu de la fontaine du désir et
de l'énigme
j'éprouvais à nouveau goutte à goutte
sur l'eau de mes iris
le silence de l'âme soeur
qui lui faisait toute cette sourieuse parure
où thésauriée se réfléchissait
la justesse de la gamme de mes amauroses







🩸

De la nuit qui décline
sourd une silhouette de nacre

aucune heure vile
nul odieux contrat
ne préside à son allure

elle s'émancipe
et croît comme une matinée
se fortifie comme midi

dans ses mains nivéennes
les yeux d'un homme
la dévisagent

de gravir en gravir
elle étanche sa soif des altitudes

l'élan continu de son éclat
aura porté le jour


De l'abîme qui la rive à son bord
montent les prémices du soir
et ce vent idéal
qui ni n'arrache ni ne lâche

dans ses mains nivéennes
l'homme perpétue son sourire

le corps dense des étreintes se ravive
avec la compacité de l'instant agrippé

sur ses mains qui vont floconnant
au-dessus de l'abîme
pèse son amour


Les métamorphoses
d'un vol d'oiseau
épanchent et chantournent
l'ardente polychromie du ciel

à la solution du beau
l'image se délivre
s'en va comme une aile
à mi-chemin de l'impondérable

le rouge escamoteur déjà
fait lui-même ses adieux
par le sombre qui s'étoile


Dans la fraîcheur du demi-sommeil elle attendra
que l'aurore en sa rosée
participe de sa lucidité en larmes







🩸

avec ce frein des cartilages
qui eurent reçu un artiste laps
à nouveau est émise la nudité
de l'enveloppe s'abluant

étourdir élit un battement
la couleur submerge
ses loups


Sa part d'insurrection
lui consent encore ce démiurgonyme d'Undafer

l'arcure plurielle du flux bouillant
inépuisable voeu immanent à la percale de paume

d'une lente horizontale
sur un retable enfin qui a coulissé
elle aquarelle de fugaces méduses d'eau
parmi pluiante une sonorité de carreaux

grènetis de bleu seuil hémi-bouclant l'albe effoison

poix kaki où s'agglutinent les quadrilatères

tentaculaire safran délavé de l'électrique ophtalmie

incarnat en plein chagrin pour que lune un plus vrai risque en fanal


Et la somme du tréfonds frappe


sous la fixité vestigieuse des jambes en arches
la transparanéité de l'ininterrompu
va assimilant cette ovale lamelle du savon
que l'expir a paraphée d'une éclaboussure







🩸

🔹
La tempête vespérale a brisé deux grands arbres. Précisément le premier et le dernier de cette longue file sinueuse où venait se mêler presque chaque jour la musarderie de ma promenade. Le bois ainsi éventré laisse voir comme une immémoriale ruine de safran pâle où féeriquement égarer ses illusions. Il manquera désormais de la musique dans le vent graduel des feuillages. Il manquera désormais Raphaëlle, congédiée par le goujat, parmi la symphonie de l'hôtel où écrire son lieu intime.
🔹🔹
À l'entrée du village, en venant par l'ouest, l'une des toutes premières maisons qui paraît est presque centenaire. Bien que j'aie passé plusieurs mois dans la chambre 24 de l'hôtel qui l'avoisine, je ne sais pas si elle est habitée et tiens à l'ignorer toujours. Certains signes de présence récurrente, tels ces carreaux nués de parme soudain ou de la soierie d'une inflexion de voix, suffisent aux appétences de mon imagination.
La façade qui donne sur la route principale commence en blanc granuleux et se termine en larges bandes de bois brun foncé. Cette seconde moitié plus près du ciel est parsemée d'étoiles déclinant toutes les délicatesses pastel, qui semblent continûment s'effuser d'une demi-lune rivée telle une estafilade de chair argentine.
🔹🔹🔹
À quelques mètres de l'orée, d'harmonieuses suites de hauts arbres suggéraient des allées que j'empruntais souvent. Entre deux de ces troncs, un vouloir de cercle proposait un bouquet de papillons et de fleurs parme, blanc, soufré, rose, turquoise, orangé, mauve. La brise agitant les pétales, et les ailes remuant, voletant sans cesse d'un épanouissement à l'autre, le bouquet paraissait être le continu de l'imminence d'un départ munificent, tout en sollicitant infatigablement sa composition idéale.







🩸

le plus invisible du cristal
d'un écrin aura fait son oiseau


indéfiniment descend
mûre clairière agnosionaute
le parsemis du thrène


les épiphanies bondissantes
des frondaisons d'aérocolie
ondoyances de pelages et de rémiges
où poïkilaètes et lions-embruns
s'émancipent de l'antienne du griffon en ensoufrant
les brisées de la licorne les olifants de la désinence
n'auront connu de cesse que ne soit compromis
le quadrangle que lucarne l'entrebâillement


de la jaguarescence que tatoue le platine
comme une tératogenèse d'amants
le nombre duel d'un vinaigre va
pénétrant un lattis qui a léopardé un plafonnier


un étale quand l'album le dispute à l'adamantine eau
vient couronner le fruit qui ne sait plus nourrir
et le loup des renvois a rejoint la diablocardie des cruors


qu'émargeront les véhéments météores
qui dénient à la cime la passée de son théâtre
si préludent aux néphélécorolles d'un verger
dans l'aplomb du faisceau
fissile trobaïrits des traits d'iris
les solfèges des poudrescences ?...







🩸

la forme avait trop d'éclat pour confirmer un disque

elle glissait en source des orangés
qui savent outrepasser l'horizon et la descente

et continûment une gaze ondoyante
s'éployait devant son spectacle

les mouvantes frondaisons aspiraient à informer leurs cryptides issants

 
or fut méticulosé le périmètre juste avant sa disparition


silhouettant des linéaments d'encre et émiant la superstition du rubis

le désir amarina un ciel
en mauvincendiant des ouates-carènes

et naquit une pluie d'abondance
transfixant la lucarne
avec son irréversibilité du brisement


elle se mua en crépitation de grêle qui pénétra si loin dans la chambre
que ses gemmes d'eau vinrent se coaliser avec les encres du carnet


et comment

après une telle pulsion de fragments
une telle frénésie de parcelles

un pas dans l'escalier

qui n'était pourtant pas le pas

avait le pouvoir de reconstituer toute une présence à l'étage de l'hôtel ?

qui n'était pourtant pas la présence


et d'où

pouvaient bien tirer après une telle absence

qui n'était pourtant pas l'absence

leurs parts de lumen et de résonance
les piètres détonations du feu d'artifice étésien ?







🩸

persuadée par l'infusion
l'orange renonce sa forme

en hérite un astronome
qui colore des planètes brûlantes
tout autour de la tasse d'inconnu

l'arôme embarque

des orbites bouleversées
à coups de leurs fouets soudains
chassent les prétentions aux recommencements

humer
franchit

les pulvérulences des horloges et des mètres se sont réunies
en ce point de leur ultime observation

chaque gorgée
robore l'étonnement
et d'un sentiment de béatitude
doue l'enthousiasme explorateur

inutile le sucrier
voue à sa poudre le vieux pas

lorsqu'il est atteint
même le fond s'aile en ambre

anse et main auront été glacées par l'indistinction

elle enclôt le minimal bouquet d'allumettes
pour cette évidence de feu
qui s'attache aux prodromes du retour







🩸

rets gris pâle
lacs bleu de lune
comme à l'élongation d'un dernier nocturne
l'aube multiple des écrans
a saisi les visages afin de crypter l'humain

et l'aquarelle des moroses
rien qu'un écho de voyage
à même le flocon qui devient eau
emperle froide chaque vitre

or malgré leur droiture
les angles se désordonnent
iront en déchirant leurs paroxysmes de vélin

quel oeil pour cette fulgurance
qui aura dardé leurs lignes ?

les poignées de papier en fête
s'épanchent d'une irruption de jouvence
la polychromie du spontané
mime un quai de pétales
mes souliers s'en recomposent
dans le risque d'un pas désheuré

le kaléidoscope des missions de soufre
du métal qui roule hurlé
avec du métal qui parallélise
glisse tout le long de l'oubliance

déjà les loups de l'ancienne mascarade
ont nuagé le ciel de leurs braises fugitives







🩸

en face du rideau tiré
dans l'embrasure de la porte
le corps dolent s'est figé

la pièce se départ
de l'extérieure navrance

et tandis que fait ce bruit de brisure
rayonner
elle s'ébranle

les vieux géométraux sont rayés par les angles

la part embarquée de l'éclat
épanche la verticale des bandes

aux fins de rétorquer à sa carence
l'orangé le jaune le blanc
enthousiasment leur réitération

plus discrète dans les corolles
qui surmontent la table
elle épanouit un rose
consolé de son inenvisageable aorte

nul convive
n'aura désempli le prodigue-serviettes

ses côtés de métal acquis au gris
un drame vers l'enluminure
est imprimé à ses coeurs ajourés
qui enclosent le baiser pérenne des oiseaux

car parallèle s'éteindre
ou gagner le sombre de l'erre
y puise ses degrés







🩸

si rêche au pied nu
sur le tapis de la chambre
la trace acuminée
véhémentement darde
le voeu de disparaître
comme de rejoindre

le bois patiné du poisson flavesce
pour une presque nage
s'affranchissant de la prise losangée

c'est qu'un ponant encore une fois
se dédie à la lucarne entrebâillée

des trigones et des cercles allument
les reflets de ses safrans

pour que soient mués leurs crucifiés
les fleurs prasines de la tapisserie
s'y inventent des pénétrations radicales

j'aplombe mon impéritie
à la cueillaison fée
qui les eût sauvées du ravir crépusculin

tout le bouquet pour Stéphanie adieusée
comme évanescente

si albâtre mon pied
poudroyé par l'aigu

que fige une ténèbre
plus grave que les nuits







🩸

Et le papier de neige devint polyèdres et cubes.

La patience avait imprégné l'espace par une délicatesse de gestes qui émut les machines à en délier toute échéance.

Marionnettiste, la fragilité s'étranglait dans les fils de souffle.

Et le papier de neige but les silencieuses couleurs.

Le rouge fascina l'enfant, comme de l'arc-en-ciel le don intégral d'un septième de lui-même, et le pinceau gorgé, dans la main frémissante, cherchait le tréfonds, son beau ciel de moelle et de lendemains.

Le rouge fut tracé jusqu'à la nuit, dans combien de rêves serait frayée la voie ?



... et toutes les couleurs convergèrent vers le feu. À la lueur de l'évident un visage dans sa morsure de draps.

Le rouge à toutes les distances, de toutes les nuances, le rouge déjà hurlant, bientôt tumultueux, le rouge des affolés, le rouge des vivants, pour tous les esthètes des brasiers, pour chaque vagabond des crépuscules, de toutes les nuances, à toutes les distances







🩸

je les avais patiemment, longuement, opiniâtrement ouvragées, chantournées, patinées, ces heures, ces matinées, ces journées sans emploi, sans contrats, sans société réflexe, et à l'intérieur d'une petite église si infréquentée qu'elle semblait invisible à tout autre que moi, j'avais désormais le secret de venir m'asseoir parmi les réfléchissements versicolores des vitraux. Certains renvoyaient véritablement une couleur de sang, un sang non pas épanché, versé, répandu, non pas la fulgurale effusion, non pas le cruor, mais le sanguis, un sang parsemé sans violence, sans sentiment d'éclaboussement goujat, un sang très lumineux, comme une leucémie fée, un sang très calme, comme une robustesse accomplie, un sang délivré de l'anecdote de la systole, émancipé de la rubrique du myocarde, un sang épousant les arêtes et les angles des bancs de bois,  clairsemant pour trésors des immatérialités de boîtes et de coffrets exhaustifs, sans couvercles, sans serrures, sans durées, un sang auquel la planète et l'étoile, au paroxysme de leur connivence, imprimaient un mouvement flâné et la métamorphose qui relaie la disparition







🩸

quand sa prégnance
fut admise par la nue
la lumière franchit

le pluriel aurifère
épanche sa transparence

les verts prononcent la formule de la colline

à l'acmé de la retrouvaille bâtisseuse
le lilial et la tuile

en colimaçon
l'ingénuité se joue d'une clôture obstinée

l'ogive se parfait
autour de sa frondaison éclose d'une ombre

l'offrande ne sait rien
de ce que gouverna le sang
et du passé simple des pétales
ne distingue pas la chair

aussi descendance des rayons
comme source d'arabesques éclair
bais et moreaux s'allument
aux fins d'harmonier le soir qu'ils pacagent







🩸

le triangle que la lucarne entrebâillée meut
allume tour à tour les trois petits bouquets que Myriam avait composés au retour de cette escapade utopienne et durée qu'elle désira tant faire seule

gagnées par l'un des angles
les extrémités de deux allumettes d'oubliance noircissent encore davantage
et assermentent les fusains des évocations sépulcrales

vêtue de sa nuisette liliale Myriam les aura craquées de toute cette foi sans paroles en l'épiphanie des fleurs au vase de l'insomnie

un débord d'eau scintille
et à travers la transparence qu'il épaissit en perle
si lucidement brasillent les bracelets par où le diaphane des poignets serpentés de bleu effusa







🩸

véhémentement s'échappe la vapeur d'eau
embue sur la grande glace 
les réfléchissements de la fenêtre 
qui venaient par l'emporte-pièce d'un demi-songe 
de triompher de leur source écumée 

l'ambre léger du thé 
au fond des porcelaines 
autant qu'en faveur de l'angle marmoréen 
esquisse une astronomie neuve

la fate brillance
qui a brodé les napperons 
de ramilles imbues de corolles
deux verres la confinent
à leur transparence tégumentaire 

si longuement les mains ont ruisselé
puis ressurgissant du linge participent
du lever de cette demi-lune qui fleure
dans le halo de son bain-coquillage







🩸

tout à sa mélanique arborescence
la cour
ira glissant des éclis de safran
dans le confus de son faîte

reflets paniques
sur le carnaval des carreaux

flagelles de nacre
dyades pourpres
bluettant lapis
jusqu'à l'exhaustive épousaille
de l'alevinière des distances et des vitesses
que palissade le bambou

au clair des parallélogrammes
dont s'ensoufrent les solitudes de la maison
une séquence fissile
des palinodies de jokers
s'offrent au vent s'évadant
d'entre les ciels décloués







🩸

je fus ce grand pharaon
à l'âme duquel a murmuré tout un fleuve
aussi la mort et son écho de crâne
qu'y pouvaient-ils


ma chair incisée s'affranchit des entrailles
et reçut les gestes du natrum, les caresses des baumes
et les regards liquides, doux et chers
imprégnant le tissu de l'emmaillotage

 
parmi les trésors qui se reposent de leur valeur
mes yeux gemmés et peints
par ceux qui m'ont vénéré
ont des paupières d'imperceptible voyage

 
et je ruisselle des fleurs sans nombre
longuement réunies et cordelées par ceux qui m'ont aimé
afin que leurs effluves me prolongent
dans la nuit prairiale de l'éternel







🩸

ces grands rectangles de part
et d'autre de la monocorde apathie

les reflets ruissellent
de nuit défilante 

des lueurs
à l'orchestique poursuite
des lueurs

l'orangé essaime dans un instant de noir parfait

le blanc traitille le fugace

une théorie de colonnes mauves sinue
jusqu'au demi-cercle radieux
qu'égraine un soudain point vert

et la parcimonie du rouge 
apatrides globules
perlant à mes yeux déréels







🩸

Elle fut endormie par le nocturne
qu'il bissait dans la pièce d'à côté


Et ce seraient
encore
quelques notes
éparses
corollées

ou préludières

qui l'éveilleraient

avec quelle candeur
avec quelle voix infléchie
par l'incoercible de la colorature
elle répéterait son nom

elle se lèverait pour trouver
quelques pétales
du bouquet nombreux où s'insinuait l'adieu

roses sur le palissandre

sur l'ivoire chus







🩸

le couchant

mais essentiellement ce qu'il fait de la chambre
avec l'instrument de la fenêtre en mansarde
que j'ai entrebâillée

instrument
car il y a imminence musicienne

organe même
car il y a le vivant s'évertuant

comme il appose le tremblé
de ses quadrangles mirabelle
sur les fleurs prasines de la tapisserie si éclose

un devoir de différence empreint les corolles
une exigence de cloison fée

un nectar et son butineur naissent
de la reluctance du jour qui expire







🩸


Trois grandes fenêtres offraient trois poèmes.


Les lamelles segmentent l'ondulation multiple de l'arbre, et la chute des feuilles d'ambre y figure un clignotement doux

Un grand oiseau noir adhère à la vitre, mais jaillit de la montagne mauve dans la couleur d'ardoise immense

Un arbre au bûcher de ses rousseurs, de l'absence d'ailes, de l'anonymat de l'émondeur


Trois grandes fenêtres offraient trois poèmes qui, un moment, firent de ma présence d'hôpital un butin consolé.







🩸

À l'ondante tête du lit
parmi le plurimiel veineux de son bois
autrefois un choc a creusé

les verts de la cloison qui composent
qui lancinent un vaste vol de fleurs
y adressent leurs tiges


Le secret de la racine
où se sont réunis les rêves
apprécie sa distance adamantine


Pour séparer la lumière
de ses moindreurs
l'abat-jour à travers la verticale espéreuse
arque le long stigmate du fauchement







🩸

Depuis ce matin
le savon est un coeur rouge
et les mains à laver
iront inéluctablement le perdant

Sur la blanche soucoupe sonore
où la jeune femme le repose
il commence de saigner

Grisée par le parfum nouveau
de longtemps elle songera
devant l'ovale d'un miroir
dont le reflet l'interdit

De ce coeur quelles seront
et la taille et la métamorphose
quand après quelques matins encore
par-delà quelques sursitaires fraîcheurs
venues aux poignets minimes
le rythme
qu'au fond d'elle il lui fait la grâce d'enhardir
aura cessé







🩸

la pierre des faîtes
trigone
ou arquée
s'émiette

par intermittence à travers la ville
des enfants enlumineurs
rayonnent en parcs

sur les nappes vierges
leurs gestuelles candides et gazouillantes
exhaussent des créatures
qui ont thésaurié tous les lys
pour débruter l'humain

un vol cométaire
achemine l'asymptote de jais

la nuée décache
les palinodies d'un poumon bleu

et la plénitude de l'aveugle
vient déposer en mage
des cristallins plus pénétrants que la myrrhe







🩸


de très hautes ouvertures, nutricières des rêves du vitrail, allument les ors qui ceignent, enrubannent ou arment

la blancheur éclatante des suggestions qui vêtent les hagiosomes consume le succès de la matière

une mélancolieuse musique sera récurremment discontinuée par cette tousseuse spectrale que je tiendrai pour une moniale lorsqu'elle aura trouvé l'espace et le temps du cimetière de mes fées







🩸

Étendue
sur le lit de ce soir
le silence
m'a recueillie

la fenêtre
est pleine d'un arbre
dont une parcelle verte
demeure lumineuse

je la crois
affranchie du soleil
du mouvement
de l'axiome d'un jour encore
qui décline

image de ma sérénité
libre
du sang qui court sur mes os légers







🩸

un mouchoir imbibé
de la mémoire des pluies
enfonce mon pas dans le trottoir

par un charme mimétique
au faisceau de l'embellie
son éclat de neige a pris l'aspect
des feuilles d'automne qui l'environnent

et j'épouse sa chute orchestique
et colosse comme le ciel
après son détachement de l'arbre alpin
qui a dénébulé ses faîtes glacés







🩸

il se souvenait très précisément de la hauteur à laquelle, sur le fût, la lumière se séparait alors de l'ombre
et c'est exactement là que l'arbre avait été brisé par la tempête nocturne

et la partie qui fut celle de l'ombre gisait maintenant dans le pré, ses frondaisons transfixant la lisière pour s'ensoleiller

et la partie qui fut celle de la lumière se dressait, fascinatoire verticale, insaisissable aigu pluriel, latente flavescence d'une architecture enténébrée







🩸

fractions d'ocre
la naïveté de leur semis caliciforme
sur la serpentueuse sente où l'errance s'envenimait

opulentes enfin les enfuies d'azur
grivelées du serment de l'orage

adret en pâture
cerf-volant
des indéfinités
des bêtes
des verts
et des pierres passées à leurs échos de nacre

puisqu'aussi rouge de tenir
le poing du dernier enfant thésauriseur
a
été
brisé







🩸

grands arbres de l'arrière-saison
ramescents pinceaux
qui variamment
imagez la fixité
sur la trame des ciels

la patience de mon regard
jusque-là votre épigone
aquarelle les prémices d'un vol

de la passerelle propice à mon voeu
tout l'évanescent pointillé







🩸

Enfin sourcée par la nue vaporeuse la lumière flue
le carmin des voilages infuse
haute la rose s'y baigne et s'y retrempe
émancipée du vase des funèbres versées
et la pâmoison qui va l'arquant
par-dessus ton portrait
si marine déjà malgré l'écrin talismanique
malgré la porcelaine les reliures
voués à tant d'étincelles
sémaphores des liens brisés
sur l'inenvisageable littoral







🩸🌹🩸

Sur le bord d'un chemin où la cité renonce
à travers les roses qu'inépuisablement
l'affliction ou l'espérance ou l'indicible
amoncèlent alentour d'une pietà
une flamme jamais ne s'éteint


Tantôt palpitante dans les corolles rouges
dans un prégnant effluve tantôt immobile
elle est semblable à ton dernier regard
qui demeure en mon respir
et dont mon sang s'étoile










Extrait de « Proses poétiques pour les jeunes leucémiques » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二 (printemps 春天). Tous droits réservés.

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Modifié par Loup-de-lune, 04 avril 2022 - 12:31 .