FLEUR DE LUNE.
Les bras pendouillent,
lamentables,
las,
sans forces.
Le dos s’obstine à vouloir fuir
l’angle à nonante degrés
formé avec la ligne d’horizon.
Les yeux gorgés de vagues cohérentes,
perdus dans le lointain
mais ne soutenant aucun conte
se retirent au plus profond d’illusoires absences.
Quant aux souvenirs, ils chargent en cohortes,
incendiant les steppes de sable
qui se dérobent aux pas.
Dérive hallucinée en ces jours dangereux
d’après la rupture avec l’autre,
également arrachement à sois-même.
Peu importe lequel, laquelle est parti,
si l’on est vivant,
il s’agit d’un même cri
d’une semblable peur,
d’un identique fascinant appel du vide,
d’un commun vertige qui ronge,
dissèque,
malaxe,
énerve en éloignant.
Les enfants posent des questions,
les amis voudraient autoriser les répits
mais ne peuvent s’empêcher de quémander
des mots qui les rassurent.
Oui, il faut parfois rouvrir ses blessures
afin de mieux les soigner
mais l’affection des vrais proches
nécessite-t-elle vraiment cette urgence
vidant un peu plus les veines?
Les parures de l’aurore,
ces chiennes égarées jouant aux pucelles,
viennent proposer leurs services,
sont prêtes à pratiquer ce qu’elles dénigrent d’ordinaire,
oublient pour une heure
les peurs qui les musellent
et se laissent aller à rêver
qu’elles puissent recommencer sans se déballer.
Après quelques jours d’illusions fanfaronnes,
une simple phrase fait redescendre sur terre
après avoir tracé son chemin.
Se dire alors
que l’impatience
m’a encore fait faire un pied de nez à risque
qui peut-être t’éloigne à nouveau
de ma persistante envie
de me promener
avec toi sur les quais
de ces Messageries Maritimes
qui naviguaient vers des destinations
que certains nommaient jadis,
à tort,
sanguinairement et criminellement,
coloniales...
jim
en bande-son Hanoï de la Grande Sophie