Soudain m’est apparue une vision du passé,
Rappelant les étés passés à Corubert
Dans la longère normande achetée par mon père.
Ce tableau d’un verger attira mon regard
Lorsque, déambulant parmi ces tableaux rares,
J’entrai dans une pièce pour pouvoir admirer
Les toiles de Laugé qu’on avait rassemblées.
Je pensai un instant retrouver mon enfance.
Je compris tout à coup qu’en cette douce France
Existaient tant de lieux de beauté désuète
Que ce peintre d’ailleurs de son pinceau poète
Pouvait représenter ce que j’avais connu
Lui qui pourtant jamais ne pouvait l’avoir vu.
Ce ciel d’après-midi d’un bleu cru éclatant
Avait veillé aussi sur tous mes jeux d’enfant
Et les arbres tordus derrière la grange blanche
Abritaient des fruits mûrs dans le creux de leurs branches.
L’herbe au vert desséché crissait quand nous jouions
Aux Indiens, aux cow-boys, et qu’ensemble nous courions.
Cela m’est revenu, oui, tous ces souvenirs.
Détournant le regard, je me sentis vieillir,
Me rappelant soudain que la maison de pierre
N’était plus parmi nous, vendue un jour d’hiver.
15 janvier 2010