*
Lointaine dans notre paume
La danseuse s'enflamme
J'en ai pour preuve
La cendre de vos yeux
*
Que virtualisent les jours sans compter
Soeur lune nous dorons vos reflets
Au pays je ne sais notre silence s'allume
Nous saurons éviter louanges et huées
*
Au creux de l'endura vacille
La flambée de joie
O fine cavale que voilà
C'est à voiler la toile et détaler
Dans un feu d'étoile.
*
A l'extinction des temps la belle
Le feu qui nous danse est salé
Nous habitons l'étincelle
Des mots en allés.
*
L'autre joie où disparus nous
Filons la crête des jours fallait il ou
Encore vivre et toujours nous touchons
Le fil des temps.
*
"Tous vous tendent leurs pièges
Savants politiciens banquiers
Les pièges où eux même sont pris
Le poète vous tend sa bouée
Et s'il le peut sa main."
Armel Guerne
Que Dieu vous emportent
Par les chemins de contrebandiers.
*
Pour l'heure revenir en douce
A la sécheresse des barricades
Toute arme déposée sur le seuil
Réenflammer la mèche.
*
A la bohème des routes
La nuit trace
Le chemin des sommets.
Au désert du chemin
Les milles nuits sablent l'instant
Nous filons.
*
S'il faut à la douceur des eaux
Patiner le silence et feindre l'ivresse
Nous saurons couler notre bateau
Au plein feu de votre détresse.
*
Sous la belle étendue du désastre
La joie notre a l'éternité humble
L'âtre du refuge réverbère la larme.
*
Le corps un peu plus cerné
Aux bleuets des embrouilles
Passant nous dépassons les années
Sûre la joie mouille à la source.
*
A la fortune du sans abri
Le pain nous tombe des nues
O sainte kali des sans adresse
L'autre joie où disparus nous
Brûlons la politesse fallait-il ou non
Là seul mourir sans cesse.
*
Du peu à la grâce incendiaire
Seule l'élègance nous efface:
Le feu danse sur la poudrière.
**
Terra lucida
Alors Hier et Demain s'effaceront
Le Temps s'évanouira tel un voile se déchire
Il n'y aura plus d'écran devant ta face
L'Eternité sera ta mesure
Dans tes yeux les reflets de l'Invisible et du Visible se mêleront
Comme l'arc-en-ciel unit le Firmament à la Terre.
Marie-Madeleine Davy
*
Ouvert et vas l'humeur mouillée
Entre écume et aléas le monde n'est
Que chagrin parfumé
Devons nous juste fleur
sous vos doigts nous embraser
*
Du fin mot des sans histoires
A l'éclair de notre passage
Toute ellipse tracée
Nous oeuvrons au noir de l'âge
Le feu qui nous importe pleut
En or poudré.
*
mille et une nuits
A écrire droit sur les lignes courbes
O sésame ouvre moi
Le songe d'or des jardins d'alchimie
A filer doux les années lumière
Mon amie de plume
S'est voilée par secrète courtoisie.
*
Sapience
Par le souffle des cieux à peine
Vos terres effleurées se souviennent
La calme beauté qui nous danse mène
A l'effusion
Nous brûlons de silence.
*
A caballo
Longtemps encore et passées
Les murailles du décor
Nous assurons la paix
Du vieux de la montagne
L'arpège du voyage nous aspire.
**
Par amour encore s'enrôler
Dans la joyeuse troupe
Des cabossés
Et par éclipse cercler
La quadrature occidentale.
*
Mot de passe
Le plomb de votre haine peut marteler l'espace
La signature de notre victoire est illisible
Où sont les soeurs du jardin des délices?
*
Evaporation
Avant que ne cesse
L'image et la chanson
Le peu que j'en laisse
Est donné à foison
Nous n'eûmes d'autres faiblesses
Que noble abandon
Le chemin que notre souffle délaisse
Est semé d'intentions
Nous roulons dans la voie céleste des jours.
*
L'heure
Dans la nuit numérique nous
A la chandelle du ghetto
Guettons la colombe
De la plus fine blessure
A l'obscur de l'extase
Nous dansons la lueur
*
Le temps des assassins
De la droiture du guerrier
Au vent des sables
Nous mettons au parfum
La rose crucifiée.
*
Mon doigt sur votre bouche
Le désert nous sèche
Si là quelques mots font souche
La nuit les lèche
Nous tirons la langue
O descendre du ciel
Et remonter la source
*
Poésie
O dans le marais de la toile
Encore plonger le soufre
A la belle étoile de l'arcane
*
Aube a Bagdad
Désolé le jour vous glisse
De savantes métamorphoses
Et blanc de page l'orient esquisse
Un croissant de rose.
*
Bergère
Tant de sable et nuits
Au vierge du coeur
L'étoile meurt et luit
De sa belle abscence
*
Gitan
Sans rire là seul mourir un temps
Dans les arcanes du vent.
*
Hélouel
Au soupir des mots encore écrire et frêle
Assoupie en nous l'extase frôle
La langue de l'éternel.
*
O nous pointu
Dans l'obscur de la toile
Perçons l'écran neigeux
C'est ainsi
Et passent à l'envie
Millénaires et murailles
Pour l'écrire
en langue d'ici
Avant que le je s'en aille
Nous faussons compagnie
A la pagaille
Des temps pas drôles.
*
Guerre spirituelle
Patraque ce monde peut
Salir notre royaume
Nous échappons de peu
A la tyrannie des siècles
O amis du clan de la bougeotte
Nous dormons sur l'île verte
Le démon peut envoyer sa flotte
Elle brûlera la gueule ouverte.
*
Dans cette nuit reliée
Encore pour l'honneur
Allumer les mots
C'est au coeur de ce feu
Que mort je m'incendie
Aux cendres du matin il m'en reste
La politesse du refus
Et des rougeurs de peau
Tour à tour la joie
Qui là me crucifie
Est rose de perse
Ou aigle silencieux
*
Des ruelles mortes aux cités embrasées
Nous vivons encore en l'écrivant notre épopée
C'est ici en l'instant noir d'éternité
Tout s'éclaire
L'hermite passe au vert
Ne sentez vous
Et jusqu'aux mots qui palpitent
Le cosmos danser
L'or de l'âge nous revient .
*
Bonté divine
A l'escale mauve des temps
Dieu fait des siennes
Le prochain feu n'attend
Que notre étincelle.
*
Chevauchée invisible
Sans tomber nous déjà morts sommes tardifs
Fauteurs de trouble arpentant les ruines
Les définitifs porteurs de bonnes nouvelles.
*
Notre dame de la nuit
C'est à coeur vierge nous allons
Marier l'âme à l'esprit
Le monde qui nous condamne est moribond
Sage met ton silence
Et suit le pas du vagabond
*
A la fortune du sans abri
Le pain nous tombe des nues
O sainte kali des sans adresse
L'autre joie où disparus nous
Brûlons la politesse fallait-il ou non
Là seul mourir sans cesse.
*
Bûcher
Sans plus rire léger le corps
Dans les absences du monde faufile
La transfiguration au tout venant
S'il faut à l'opacité claire de l'écran noyé
Poète voir tes ailes brûler à l'instant où
Personne ne lit j'écris tout
Bas la persistance de l'incendie
*
XX le jugement
"Lui
A su mourir dignement
Il vit maintenant parmi les âmes de feu
Qui crépitent silencieusement droites
Au milieu des terres plates"
A.R.Königstein
*
Du peu à la grâce incendiaire
Seule l'élègance nous efface:
Le feu danse sur la poudrière.
*
Loin devant se savoir cuit
Et lumineux vivant décrocher
La dernière grâce de la nuit
C'est peu dans les allées de misère
Je ne peux guère que relever la vie
Un ciel blond tâché de noir clôt
Le pas du retour
Sans mots dire se disperser
Sur cette mer sans bouteilles
Faire signe aux guetteurs.
*
Au lieu dit du non où l'ami
Et jusqu'au confluent des deux mers
Prend le chemin des étoiles proches
Pour te l'écrire en langue d'ici
Avant que le je ne décroche
Fausse toi compagnie et cavale
Dans l'immensité du haut pays.
*
Dans l'impasse des temps perdu
J'ai laissé la fleur de l'absence:
J'y coule encore de bienheureux malentendus
Par vos jeunesses tristes j'ai dévalé le souffle
Jusqu'à la source et l'écrire:
C'est l'illumination qui menace l'encre
Au bout du bout le poète
Ce bel entêté qui s'engouffre
Dans la douleur de l'étè
Fumes nous frères
Au feu de quel exil
Et par quel chemin caché
Reviendront nos fils
Entre lumineux calcul et simple audace
Je tiens bon en lâchant prise
*
L'issue de la guerre
Par les temps courus
Se fondre
A la saveur de l'éternel
Au déplaisir d'être lu
Savoir qu'à travers là
S'aurifère ma couenne
Nébuleux à souhait
Planter sa lame
Au coeur noir de la bête
Les mots à venir
Vont tomber du ciel
*
La vieillesse de ce monde est triste
Son naufrage ses appels tout nous éloigne
La nuit quand reviennent les caravanes
Nous voyageons dans le jeu cosmique.
*
La pénombre nous oblige
Aux ronces de l'exil
L'étrange prestige du gitan
Se déssine dans
Quoiqu'ils fassent
Qu'ils nous cassent les pieds
Nous venons du jardin
Et marchons dans l'espace
C'est un combat de petit matin
Dans un ciel à bras ouvert
C'est un chant d'oiseau enfantin
Qui ravive la plaie
C'est toujours plus loin
Jusqu'à l'embrasement des jours et des jours.
*
De la vanité d'écrire et se mirer
Devant l'écran
Pour ne pas être et jusqu'où
A quoi bon s'étaler
Ecrire encore
N'être qu'une arme
Au corps des mots
Et mener son monde
On ne tue pas la poésie.
*
*
Une pluie de cloches pour laver
Vos limbes
Une lampe de poche pour passer
Outre
Un sourire de renard au coin
Du bois
Une larme de rechange au fond
Du sac
C'est pour mieux passer à l'attaque
Une dent de feu contre
La bêtise
Et le courage au ventre
C'est pour mieux cavaler dans l'impunité
Et plouf à banlieue centre ne pas citer
Sa source
C'est pour mieux saboter les négociations.
*
*
A l'heure sans fin du chant je marche
A travers paroles et flashes
Faut il dans le vague du terrain
Que l'amour nous sache
Nous passons les bornes
A l'imprévu du certains
Pour revenir sans tache
Nous les volontaires derniers
Sur le chemin de Damas.
*
Avant que l'ange ne s'en mêle et déjà
Sous le roulis doré de son aile nous
Pris de langue en marge opérons à
La danse formelle des mots.
*
Contagieux évasif sommes coi
Tombé limpide dans le bain marie
Des joies promises
Si parfois liquide l'or coule
Sur le visage clos de la nuit
L'amour nous baptise.
*
Dans l'espace clos impassible sentinelle
Je m'entête à chevaucher le tigre.
*
Sans autre nom qu'intime
Ordre nous est donné
Tanguer droit dans la vacuité
D'un revers envisager l'ange
Plonger avec ardeur dans le soufre de l'amour
Pour renaître du naufrage
Je n'ai âge ni mesure
Que la chevelure du vent
Et le voile de la terre:
J'ai l'honneur de visionner le monde.
*
Regarder le monde droit
Comme il ne vas pas
Et sans montrer du doigt
Vivre dans le décalage
C'est une autre manière de s'escamper.
*
Longtemps retenue
Liquide la joie déroule
Son tapis volant
Je reviens nu
Par les courants d'eau.
*
Sans faire un plat
Traverser le drame
crucifier son coeur
Et voiler son âme:
Filer à l'orient extrême.
*
Hè poète atomique des champs virtuels
Où sont tes armes hè
Ici même nous combattons pour dieu
Ou pour quoi?
J'aime nous aimons nous nous battons
Pour elle
La plus que blanche vierge noire.
*
Voir tomber les mondes
Et rire aux éclats de beauté
Populaire manger sa soupe
Avec les coeurs serrés
Il est bon d'avoir faim
Laisser beugler la bête
Et tracer droit le chemin
C'est une rectitude teintée de divine folie.
*
Dans les cités en flamme
Par le chemin vert du dedans je vais
De source vive en pas lents
Jusqu'à l'île promise.
*
Des jours d'exil à marner
Au pays des morts
J'ai ancré ma croix au coeur
A la lumière des nuits
Tout auréolé d'or
Je cavale dans les saveurs
Je meurs et marche dans les pas du verdoyant.
*
A l'instant même de l'effort constant
L'équation se résout en poème
C'est un mystère.
*
Cavalier vert des nuits bleues
Mon ange des beaux travers
Je cavale mieux
Dans l'étendue de ton ventre.
*
La joie sur la bouche
Laisser mourir la bête
Déserter les souches
Et reprendre le chemin des émigrés
D'une inspiration
Traverser le miroir
Et rentrer dans le Livre.
*
Du pays antédiluvien l'amie
Je reviens à la surface parmi
Les démunis du couchant
Homme sans place danse
La promesse tenue
Le feu pâle de l'évidence
Nous tient lieu.
*
Au silence de tes fesses
Mes doigts ouvrent la mer:
Je traverse.
*
*
Mille et une nuits à cavaler
Sur la cambrure des monts
C'est pour mieux dévaler
Dans la moiteur du havre.
*