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Moins de vingt ans et plus de seize,  Voilà son âge ; et maintenant  Dites tout bas son nom : Thérèse,  Et songez au ciel rayonnant.
  Quel destin traverseratelle ?  Quelle ivresse ? quelle douleur ?  Elle n'en sait rien ; cette belle  Rit, et se coiffe d'une fleur.
  Ses bras sont blancs ; elle est châtaine ;  Elle a de petits pieds joyeux,  Et la clarté d'une fontaine  Dans son regard mystérieux.
  C'est le commencement d'une âme,  Un rien où tout saura tenir,  Coeur en projet, plan d'une femme,  Scénario d'un avenir.
  Elle ignore ; elle est gaie et franche ;  Le dieu Hasard fut son parrain. Elle s'évade le dimanche  Au bras d'un garnement serein.
  Il est charmant, elle est bien faite,  Et Pantin voit, sans gardefou,  Flâner cette Vénus grisette  Avec cet Apollon voyou.
  Elle s'ébat comme les cygnes ;  Et sa chevelure et sa voix  Et son sourire seraient dignes  De la fauve grandeur des bois.
  Regardezla quand elle passe ;  On dirait qu'elle aime Amadis  A la voir jeter dans l'espace  Ses yeux célestes et hardis.
  Ces blanches filles des mansardes  Aux tartans grossiers, aux traits fins,  Ont la liberté des poissardes  Et la grâce des séraphins.
  Elles chantent des chants étranges  Mêlés de misère et de jour,  Et leur indigence a pour franges  Toutes les pourpres de l'amour. 
 Toute la lyre
 
 
 
 
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