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Le lion dort, seul sous sa voûte.  Il dort de ce puissant sommeil  De la sieste, auquel s'ajoute,  Comme un poids sombre, le soleil.
  Les déserts, qui de loin écoutent,  Respirent ; le maître est rentré.  Car les solitudes redoutent  Ce promeneur démesuré.
  Son souffle soulève son ventre ;  Son oeil de brume est submergé,  Il dort sur le pavé de l'antre,  Formidablement allongé.
  La paix est sur son grand visage,  Et l'oubli même, car il dort.  Il a l'altier sourcil du sage  Et l'ongle tranquille du fort.
  Midi sèche l'eau des citernes ;  Rien du sommeil ne le distrait ;  Sa gueule ressemble aux cavernes,  Et sa crinière à la forêt.
  Il entrevoit des monts difformes,  Des Ossas et des Pélions,  A travers les songes énormes  Que peuvent faire les lions.
  Tout se tait sur la roche plate  Où ses pas tout à l'heure erraient.  S'il remuait sa grosse patte,  Que de mouches s'envoleraient ! 
 Les chansons des rues et des bois
 
 
 
 
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