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Ô que tu es heureux, si tu connais ton heur
Poème de JOACHIM DU BELLAY
Ô que tu es heureux, si tu connais ton heur, D'être échappé des mains de cette gent cruelle, Qui sous un faux semblant d'amitié mutuelle Nous dérobe le bien, et la vie, et l'honneur !
Où tu es, mon Dagaut, la secrète rancoeur, Le soin qui comme une hydre en nous se renouvelle, L'avarice, l'envie, et la haine immortelle Du chétif courtisan n'empoisonnent le coeur.
La molle oisiveté n'y engendre le vice, Le serviteur n'y perd son temps et son service, Et n'y méditon point de cil qui est absent :
La justice y a lieu, la foi n'en est bannie, Là ne saiton que c'est de prendre à compagnie, A change, à cense, à stock, et à trente pour cent.
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