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Une statue (4)
Poème de ÉMILE VERHAEREN












Un bloc de marbre où son nom luit sur une plaque.

Ventre riche, mâchoire ardente et menton lourd ;
Haine et terreur murant son gros front lourd
Et poing taillé pour fendre en deux toutes attaques.

Le carrefour, solennisé de palais froids,
D'où ses regards têtus et violents encore
Scrutent quels feux d'éveil bougent dans telle aurore,
Comme sa volonté, se carre en angles droits.

Il fut celui de l'heure et des hasards bizarres,
Mais textuel, sitôt qu'il tint la force en main
Et qu'il put étouffer dans hier le lendemain
Déjà sonore et plein de terribles fanfares.

Sa colère fit loi durant ces jours vantés,
Où toutes voix montaient vers ses panégyriques,
Où son rêve d'Etat strict et géométrique
Tranquillisait l'aboi plaintif des lâchetés.

Il se sentait la force étroite et qui déprime,
Tantôt sournois, tantôt cruel et contempteur,
Et quand il se dressait de toute sa hauteur
Il n'arrivait jamais qu'à la hauteur d'un crime.

Planté devant la vie, il l'obstrua, depuis
Qu'il s'imposa sauveur des rois et de luimême
Et qu'il utilisa la peur et l'affre blême
En des complots fictifs qu'il étranglait, la nuit.

Si bien qu'il apparaît sur la place publique
Féroce et rancunier, autoritaire et fort,
Et défendant encor, d'un geste hyperbolique,
Son piédestal massif comme son coffrefort.





Les villes tentaculaires






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