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J'habite ici
A la suite d'un voyage regorgeant d'annotations et de personnages anonymes
serrés par des hauteurs rondes, ma mère avait décidé « Nous habiterons ici »
depuis un été effaçant le reste du globe, résolument immobile, où mon enfance se mêlait
au gens de ce pays
Jeune et naïf sous son aile, je me croyais libre dans la splendeur imagée d'une dordogne
sauvage mais hautement poétique
Certains ont vu une rupture sous mon vrai nom, le récit d'une quête intimiste
entraînant des espaces silencieux
Je n'y ai vu que des nouvelles que je consignais sur un cahier, merveilleuse mosaïque
tantôt infime, tantôt dramatique, débusquant l'extraordinaire de toutes ces turbulences
liées à Cyrano
Aujourd'hui c'est toujours très émouvant, de croiser toutes ces personnes chargées d'affaires
ne parlant que du temps qu'il fait et de sujets inattendus « Que fait le Maire ? »
Je me sens comme un intermédiaire politique, loin des comètes dans un journal initiatique
comme un nouvel échotier
La dordogne se tient toujours à l'écart habillée simplement, elle porte une robe courte
les jours d'été , au delà des interprétations menées tambour battant, d'où suinte la ville
avec ses rites et ses ferveurs
Je lui rends souvent visite, traçant des signes qui se ressemblent, comme une écriture
maternelle apprise chaque soir, elle me sert de modèle, de baisers chastes, dans la lumière
d'un prochain rendez-vous...
lcp 16/06/2010.
