J’ai parcouru la vie cherchant, dans les regards,
un peu de bienveillance, où mon chagrin guérir,
mais, quelquefois, j’ai entendu fuser des rires
qui furent dans mon dos comme autant de poignards.
J’ai gardé des gamins dans les cours des lycées,
après avoir blêmi dans les salles de cours,
j’ai donné seize mois de ma vie à l’armée,
où mon cœur, jeune faon, subit la chasse à courre.
Ce n’est que par éclairs que j’ai vu la bonté,
(l’homme dans sa tanière n’a souci de nul autre),
j’ai croisé plus de haine, hélas ! que d’amitié,
le peu d’amis que j’eus, le perdis par ma faute.
Mais, de vous regarder, ô ma lointaine fée,
fait naître, au fond de moi, une belle aube blanche,
la belle au bois dormant s’éveille, décoiffée,
en entendant courir un cheval sous les branches.
Dialogue sans espoir
.Besançon/1975
Source : J'ai parcouru