Je vous écris ces mots d’amour, en ces jours-ci,
tandis que, loin de France, on nous rejoue Shakespeare,
une aurore y succède à cinquante ans de nuit
à laquelle certains font tout pour revenir.
Sur la scène est présent l’Othello de service,
la radio nous apprend que c’est un général,
cette nuit d’insomnie, je pense au Portugal,
où l’on assiège les maisons des communistes.
Vous dormez, cette nuit, tandis que bat mon cœur,
dans quel pays lointain est votre âme en allée ?
Vole le silence parmi les sorbiers,
les oiseaux s’y posent, loin des oiseleurs.
Sur l’aile de quel rêve ou bien en quels sentiers,
votre âme, en robe blanche, a-t-elle fait voyage ?
Cette chaude nuit d’août, où mon cœur fait naufrage,
je pense à vous, je pense à votre cœur altier.
Dialogue sans espoir.Besançon/1975
Source : je vous écris