De Corse nous parvient le bruit des fusillades,
à Bastia, cette nuit, que va-t-il se passer,
quelle désespérance va encore pousser
de jeunes hommes vers les mortelles rafales ?
Qui mourra cette nuit, et pour quelle bravade,
pour exalter, un peu, cette vie monotone.
L’amour, la mort, ce soir, conjointement me parlent :
l’une crie, surmontant ce que l’autre fredonne.
Mais, Solange, un instant, je veux, oubliant tout,
(la terre entière et ses cités où l’on s’agite,
ces pays, où l’on vit et où l’on meurt si vite)
apprendre l’alphabet du monde, à vos genoux.
Solange, donnez-moi la main, que je pénètre
là-bas, dans le paysage de la patience :
sept années demeura Merlin à sa fenêtre,
attendre lui était devenu une science.
extrait de
.Besançon/1975
Source : De Corse