Sur la colline de Brégille, que gravit, trois fois par jour, un vieux funiculaire, se dresse un préventorium pour enfants, où les enfants font des signes aux passants, à travers la grille du parc. Les employés communaux, chargés de balayer les feuilles mortes dont sont jonchés les trottoirs, conversent avec eux, à travers les barreaux. « Bonjour, Monsieur ! », a crié, en agitant un bras dans ma direction, un petit garçon qui s’était hissé sur le mur d’enceinte.
Dans le grand parc automnal de ma solitude, je suis semblable à cet enfant . Je sais : ce qui est permis à un enfant, ne l’est pas à une grande personne ; sinon, j’agiterais mes bras vers vous, comme ce petit garçon. Mais mes bras restent ballants et vous allez votre destin de passante, vêtue d’un poncho rose mexicain, hautaine, indifférente, dans cette rue qui ne vous retient pas plus que les branches de saule ne retiennent la rivière.
Extrait de Le Soir dans les Jardins/Besançon/1976
Source : Sur la colline