Sur le trottoir de Novembre, seule la bourrasque donne vie à quelques plumes d’un oiseau à demi-écrasé, figé dans son silence et dans sa mort. Alentour, camions, voitures poursuivent leurs rondes aveugles, dans les vrombissements des moteurs, dans le cri aigu des machines, le grondement des marteaux-piqueurs, les hommes-au-volant-entre-les-mains courent vers ce qui les aliène, les nie. L’oiseau qui témoignait d’un ailleurs et qui s’était posé peut-être sur les arbres d’un jardin merveilleux, l’oiseau du jardin d’Eden s’est figé dans un abîme de silence et il n’y a que le poète pour marcher au bord du gouffre de son silence et lui faire l’aumône d’un chagrin.
Extrait de Le Soir dans les Jardins/Besançon/1976
Source : Place Jean Cornet