Je rentre tard, le soir. Les enfants, dans leur chambre, dorment silencieusement. Quand je m’approche de leur chambre, dans le couloir, je sens qu’ils sont là : toutes les fibres de mon corps me crient : ces vies issues de toi battent doucement là, au rythme de leurs coeurs d’enfant, au rythme de la barcarolle de leurs songes : quel ours, quel clown acrobate les visite et leur parle ? Dans mon cœur, c’est comme une joie qui se glisse, mais bien plus profonde qu’une joie, quelque chose comme le sentiment d’être multiple, d’avoir rompu le sortilège d’être seul...
extrait de La vie croisée/Nancy/1979
Source : Je rentre tard