Pratiquer la poésie, comme une ascèse violente, où les mots ont plus de prix que les actes, et moins que rêver,
n’avoir pour toute confidente que la nuit, parler à la face de la nuit le langage nu du poème,
parler le langage du moment, comme si vivre devait cesser dans le moment,
les forces nocturnes conjurées, les appeler à la féerie du verbe devenu fête, instaurer le dialogue de son œuvre avec la nuit, comme on frotte l’ambre avec de la laine,
pousser les mots jusqu'à leur lisière de silence, jusqu’au solennel mariage de l’ombre et de la lumière,
chaque mot pesé, le laisser à son bruissement, comme d’une source d’eau claire, dans la solitude de l’aube.
Extrait de La Solitude de l'Aube/Nancy/1981
avec un portrait de l'auteur par Daniel Bassetti
Source : Pratiquer