Toute la vie extérieure réapparaît ici sous son vrai visage : une poussière de soleils, une poussière d’angoisses, d’événements, d’inquiétudes... Là, dans l’ermitage de Saint-Valbert, nous apparaît enfin le fond des choses, leur vérité ontologique : au fond du puits des choses, il y a cette pénombre, ce bruissement du temps, cette rumeur d’éternité. L’instant devient siècle, le siècle devient instant ; l’étroit souterrain qui mène à cette chambre nous a menés au-delà du temps, comme Alice passant au-delà du miroir, et l’on songe avec mélancolie à cet homme qui s’est muré là, renonçant aux fastes du monde, cet homme qui s’est muré ici dans une vie contemplative, à la recherche de lui-même. Les arbres de cette forêt enchantée lui ont parlé sans doute, sans doute lui aussi a-t-il, durant des heures, songé à déchiffrer le langage des branches que le vent froisse, et ce goutte-à-goutte des fontaines, comme un martèlement cristallin du temps qui passe, et ce coin de ciel que permet d’entrevoir la lucarne, combien de fois l’a-t-il contemplé ?95]
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extrait d'Un Fleuve de Lumière/Nancy/1982
avec un portrait de l'auteurpar Claudette Méline
Source : Toute