A travers toi,
c’est le cosmos que je rejoins,
c’est la Terre qui m’est donnée,
avec ses océans, ses lacs et ses fontaines,
ses horizons divins, ses gouffres, ses vallées
et le soir qui descend, environné de brumes...
Sur ton corps, je renoue avec chaque saison,
je retrouve le goût de l’ombre et des lueurs,
de l’aube, le parfum des roses qui se meurent,
les soirs de Juin, la pluie mêlée à la poussière,
l’odeur de la résine, par les chaudes journées
d’été, dans les clairières où je rêvais, enfant...
Tout ce que j’aime dans ce monde, ce qui est pur,
tout comme un chant d’oiseau, le sang d’une coupure
au genou, et rêver d’une belle inconnue,
(te souviens-tu d’avoir habité mes pensées,
en robe blanche, avec des fleurs dans les cheveux ?)
et goûter, en été, les acides prunelles
qui laissent, dans les dents, une amertume telle
qu’on y pense longtemps...Et puis en revenant
de l’école, les nèfles, fades après le gel,
et marcher dans les champs en lisant des poèmes,
seul, et comme en suspens entre l’herbe et le ciel...
Extrait de Nous serons tels des soleils/Luxeuil-les-Bains/1982
Source : A travers toi