Lorsque ma mère fut veuve, dans sa petite maison, elle me disait sa nostalgie de la neige, en Pologne, dans son enfance. Un matin qu'il y avait précisément de la neige, elle alla la pelleter avec une joie qui fit plaisir à voir.
Comme j'étais en poste dans une ville voisine, il m'arrivait de venir la voir sans prévenir. Elle ne me posait, invariablement, qu’une seule question, toujours la même : « t’as mangé ? ». Sans attendre ma réponse, en quelques instants, elle improvisait un repas. Au moment où je quittais la maison, oubliant mon âge, elle mettait dans mes poches, des fruits, du chocolat, des bonbons … Quand j'ai voyagé en Russie, j'ai retrouvé ce même geste : quand je prenais congé de mes hôtes, on me glissait d'office des fruits dans les poches.
Un jour, je vins la voir, à l’improviste, accompagné d’un ami africain, proviseur dans son pays, qui était en France, pour quelques jours. Il eut droit au même accueil que moi, à la même exubérance. Quand il lui confia qu'il avait dix enfants, en Afrique, elle lui tapa sur l'épaule en lui disant : « phénomène ! » Lorsque nous sortîmes de la maison, mon ami me dit : « chez ta mère, c’est comme en Afrique : on met tout sur la table, pour l’offrir au visiteur ! ».
Mon père, lui aussi, avait toujours eu cet extraordinaire sens de l'hospitalité : un jour, comme des travailleurs maghrébins faisaient, devant sa maison, une pause-déjeuner, au bord de la route, il alla dans son jardin cueillir des tomates, qu'il leur apporta.
Ma mère m’a transmis une chose merveilleuse qui me sauve, toujours, d’un absolu désespoir, un viatique, que ne transmettent que rarement les livres : le goût de la vie.
Comme j'étais en poste dans une ville voisine, il m'arrivait de venir la voir sans prévenir. Elle ne me posait, invariablement, qu’une seule question, toujours la même : « t’as mangé ? ». Sans attendre ma réponse, en quelques instants, elle improvisait un repas. Au moment où je quittais la maison, oubliant mon âge, elle mettait dans mes poches, des fruits, du chocolat, des bonbons … Quand j'ai voyagé en Russie, j'ai retrouvé ce même geste : quand je prenais congé de mes hôtes, on me glissait d'office des fruits dans les poches.
Un jour, je vins la voir, à l’improviste, accompagné d’un ami africain, proviseur dans son pays, qui était en France, pour quelques jours. Il eut droit au même accueil que moi, à la même exubérance. Quand il lui confia qu'il avait dix enfants, en Afrique, elle lui tapa sur l'épaule en lui disant : « phénomène ! » Lorsque nous sortîmes de la maison, mon ami me dit : « chez ta mère, c’est comme en Afrique : on met tout sur la table, pour l’offrir au visiteur ! ».
Mon père, lui aussi, avait toujours eu cet extraordinaire sens de l'hospitalité : un jour, comme des travailleurs maghrébins faisaient, devant sa maison, une pause-déjeuner, au bord de la route, il alla dans son jardin cueillir des tomates, qu'il leur apporta.
Ma mère m’a transmis une chose merveilleuse qui me sauve, toujours, d’un absolu désespoir, un viatique, que ne transmettent que rarement les livres : le goût de la vie.
27/1/2022
"Un jour de neige" . Tous droits réservés.
- Esterina aime ceci