Je suis mort hélas. Je ne sais plus depuis quand
Je ne fais plus partie du monde des vivants ;
Quelques jours ou cent ans se sont-ils écoulés ?
Quoi qu'il en soit, ça me semble une éternité.
Qu'il fait sombre dans ma tombe ! c'est la nuit noire.
J'y repose attristé, esseulé, sans espoir.
Où est-il l'au-delà tant promis, lumineux,
Le paradis céleste, royaume de Dieu ?
Est-ce une affabulation des hommes d'antan
Pour apaiser le peuple, extirper ses tourments,
Le mener, de cette carotte et ce bâton,
Tels des moutons, hors des chemins de la raison ?
Dans ces moments de doute, je sors de mon trou ;
Ça me rend tout léger, ça me fait un bien fou.
Je m'y échappe aux balbutiements du jour. J'erre
Sur les gravillons des allées du cimetière.
Je regarde le vent jouer dans les platanes,
Le soleil illuminer la rosée diaphane.
J'écoute la campagne endormie s'éveiller
À l'entours des hauts murs cachant ce lieu sacré.
J'aime quand vient l'automne, les jours de Toussaint,
Contempler les sépulcres fleuris des défunts.
Et puis je me dis, dans ces instants presque heureux :
Si je pense c'est que j'existe encore un peu.