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Outre-tombe

Posté par Loup-de-lune, 30 août 2015 · 670 visite(s)

A l'acmé de l'absence m'a cueillie le voyage
ses distances de demi-sommeils
de nuages comme un continent ouaté
de bleu, de ténèbre, de rose pâle
où s'évaporent les noms des peuples
où démissionnent les frontières

je n'avais qu'une adresse vague sous midi saillant
j'écartais les véhicules tressés d'horaires
et silencieuse je traversais les villes
purifiée par la sueur et la soif
mûrissant les paroles que je portais en moi

engouffrée dans mes pensées
confondues avec les arbres de l'adret
j'effaçais le temple
sa silhouette surprise et vénérable


j'ai cherché ta tombe
à l'or brûlant des calligraphies

Mais elle était en moi si continûment
qu'il me sembla quand je la vis
la déposer parmi les autres

j'ai lu comme je t'appelais
j'ai passé mes doigts comme je t'écrivais
j'ai reconnu sur la pierre
deux pains nourriciers de la métamorphose
et les traces charbonneuses
des prières qui ont brûlé

Le vert autour
le vert était la stridence des cigales
le premier de mes mots
y disparut

le ciel invariable
cette aspiration du gris étrange au bleu
où, jaillis des faîtes
des pylônes se fichent

les premiers de mes mots
dans l'abîme sonore et vert
les murmures sur mes lèvres
à même l'absurdité de tant d'élytres qui chantent

la terreur et la détresse
avoir perdu l'île intime
où se partage le poème

A l'acmé de l'absence
m'aura cueillie un trop long voyage
...................................................................

Tu ne serais pas là, mon amour
avec les oreilles humaines
et l'ouïe heureuse d'autrefois
et j'ai pris étendue sur ta pierre
la décision de la nuit qui éteint le nom


L'aurore avait les visages exacts de ta mère
et de ton frère
penchés sur moi

j'ai pris la résolution de leurs mains tendues
et fortes jusqu'à me relever
moi du poids noir de tous les tombeaux

à leur sentier généreux
à nos mémoires prodigues
je me suis livrée

Alors distinctement
au bout de nos contentions
j'ai entendu ce que j'étais venue te dire
je l'ai entendu passer
comme des oiseaux-voyelles
au-dessus du cuivré de la mer



                                               

 

 

                                                                            Un voyage initiatique, lumineux.

                                                             Dont on ressort grandi.

         hasia

Je me sentais comme la mer, avec la douleur couleur de cuivre et l'espérance couleur d'aurore.


Je vous remercie, hasia,


Loup-de-lune
Nous remercions tout particulièrement xiaoyuli pour sa lecture et la beauté de son commentaire communiqué en message privé.

Pour Loup-de-lune :
F. G. Di Gabriele
L'impossible voyage vers feue l'âme soeur est ici rêvé... en attendant de devenir réalité l'année suivante...

F. G. Di Gabriele

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