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La lampe

Posté par Loup-de-lune, 19 janvier 2016 · 838 visite(s)

Elle était à l'automne écroulée sur les roses
ses grands yeux rougeoyants comme deux meurtrissures
une tribu pétilleuse de vin et de feuilles foulées
rapprochait par degré des appels et des rires

Dans le dédale du malaise ses pas seraient enclos
plus la moindre parole ne passerait ses lèvres
et le dernier geste mendieur d'objets aimés mimait
la palette et les pinceaux pour qu'ils soient dans la chambre

Les irruptions s'espacent, les platitudes se clairsèment
et midi saoul de silence les carreaux neigent et neigent
s'allument du ravissement blanc, se communiquent
aux draps, au papier de lys de l'abat-jour

Au demi-disque solaire lui reste un dardement de vie
afin de traverser les formes quelques lieues de sang pèlerin
et la borne élit, saillante, l'ultime vigueur
qui s'empare de la mémoire et des mains

Et de peindre d'une seule traite sur la lampe
l'exhaustive foudre des effluves virides
le chemin mélodié qui sinue vers la source
et les papillons d'or nimbant la promeneuse

leur échappée de grâce au profond de la fenêtre réfléchisseuse.
Puis le rose gorgeant le pinceau qui s'abat
achève sur le lit le jardin flamboyant
comme ces étés nets qui médusent le temps



Telle une peinture au couteau, les lignes principales de la composition sont bien dégagées

l'abstraction réussie.

                

              

          Passages croisés du couteau,les couleurs se nuancent, se fondent, se superposent

                    sculptent et griffent ces paysages intérieurs cossus et profonds dont-seule-

                   avez le secret...

                                

Viennent ensuite les rehauts qui posent lumière et reflets.

                                               

                                              

Véritable langage de l'émotion:

 

                                                                    la vibration donnée aux couleurs me touche et m'enchante...

hasia

L'Art, en dernier ressort, demeure - quand tout le reste nous échappe: il est cette lampe éclairée-éclairante grâce à laquelle nous pouvons voir notre vie résumée, quintessenciée, sur quoi la mort lente n'a pas prise...
Un poème ne saurait être achevé par celui ou celle qui l'a initié et porté... Il se poursuit dans chacun de ses visiteurs attentifs, il se mûrit dans chacun de ses lecteurs pénétrants.


Je vous remercie.


Loup-de-lune
Extrait de la note écrite par En hoir de Loup-de-lune, pour la publication du poème 'La chambre d'à côté sera-t-elle aussi imagière ?...' dans le salon Sans commentaires le 13 juin 2020 :

'(...) Loup-de-lune a reçu un jour un enregistrement de son poème "Chambre imagière I" lu par Silver... La voix de cristal de la lectrice si sensible... Loup-de-lune l'a écoutée à la faveur du silence de la nuit : '(...) le poème, immanquablement inachevé par l'auteur, est accompli par la réception du lecteur (...) J'avais l'impression que mon poème m'était révélé pour la première fois, oui, que le poème que j'avais pourtant écrit auparavant, m'était véritablement donné à ce moment-là, qu'il commençait essentiellement à ce moment-là, que tout ce qui précédait ce moment-là, ce moment de la réception et de l'interprétation dans un tel coeur, par une telle voix, et avec une telle attention, n'était que balbutiements, que linéaments, que limbes du poème...' (Journal littéraire de Loup-de-lune, 24 décembre 2018)

(F. G. Di Gabriele)

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