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La métamorphose des deux moitiés de l'anneau brisé

Posté par Loup-de-lune, 08 mai 2018 · 1 266 visite(s)

La métamorphose des deux moitiés de l'anneau brisé



de l'élan qu'inférèrent
les funérailles de ses épeurements
elle irait se défublant
le long de la seconde démaillée

devant l'ineffable toponymique
s'exsanguinent les moyeux

adieusé le diablant poumoneur
dissémine le poudroiement des bornes

un croissant sillé par le premier enfant de craie
épanche le bleu
qui rien ne comble
ni ne naufrage

et parmi le rapiècement des pâtis
au-dessous des profilés
où s'acière le soliflore de la rose des vents
une arcure gîte la muabilité des soirs



Loup-de-lune,

 

 

Je suis devant vos textes comme devant un amoncellement de pierres précieuses et semi-précieuses, comme devant une pelote de laine rouge (pourquoi cette couleur vient-elle à mon esprit ?)....Aussitôt, dès la première lecture, achevée en toute hâte, le professeur de lettres que je fus s'éveille en moi, et envisage de faire appel au vieil arsenal des "explications de texte" : grilles de lectures, champs sémantiques, sonorités, repères spatio-temporels .... Mais je me ressaisis :  je ne suis plus "professeur", Dieu merci ! Je me dis que le plaisir est dans le lâcher-prise .

 

La poésie est un frêle esquif : cette barque de mots que vous lancez sur la rivière du jour, je me contenterai de l'effleurer. Il y a ce "bleu" dont vous parlez  : oui, "rien ne comble" l'immensité du ciel, "rien ne  [le] naufrage".

 

J'aime aussi, particulièrement, dans ce texte, "le soliflore de la rose des vents", et j'aime qu'il "s'acière". Je prends cette métaphore comme un cadeau très personnel. Si vous le permettez, je l'emporte avec moi, pour me guider sur le chemin  du jour : la "rose des vents" indique bien toutes les directions, n'est-ce pas ?

 

 

Michel Conrad

Je suis devant vos textes comme devant un amoncellement de pierres précieuses et semi-précieuses, comme devant une pelote de laine rouge (pourquoi cette couleur vient-elle à mon esprit ?)....Aussitôt, dès la première lecture, achevée en toute hâte, le professeur de lettres que je fus s'éveille en moi, et envisage de faire appel au vieil arsenal des "explications de texte" : grilles de lectures, champs sémantiques, sonorités, repères spatio-temporels .... Mais je me ressaisis :  je ne suis plus "professeur", Dieu merci ! Je me dis que le plaisir est dans le lâcher-prise .
 
La poésie est un frêle esquif : cette barque de mots que vous lancez sur la rivière du jour, je me contenterai de l'effleurer. Il y a ce "bleu" dont vous parlez  : oui, "rien ne comble" l'immensité du ciel, "rien ne  [le] naufrage".
 
J'aime aussi, particulièrement, dans ce texte, "le soliflore de la rose des vents", et j'aime qu'il "s'acière". Je prends cette métaphore comme un cadeau très personnel. Si vous le permettez, je l'emporte avec moi, pour me guider sur le chemin  du jour : la "rose des vents" indique bien toutes les directions, n'est-ce pas ?
 
 Michel Conrad


... je crois... je crois bien qu'il est de ces effleurements qui impriment parfois toute la densité d'Homme...

... de l'effleurement à la cueillaison, si peu... un brin d'ardeur lucide... une manière de chimère faite force simple... et cette rose qui vous accompagne, en effet, n'impose aucune direction; elle ne dit pas : "C'est par ici !" Elle n'arbore aucun de ces péremptoires panneaux qui ont mué l'escapade en toponyme... Non !... elle est route, elle est évasion plurielle...

Loup-de-lune

On retrouve ici le thème de la métamorphose, si cher à votre coeur, Loup-de-lune, et véritable fil rouge de votre oeuvre poétique.

 

Vous dire à quel point votre poème résonne en moi, en particulier à la lecture de ces vers: "Elle irait se défublant le long de la seconde démaillée"...à cet épanchement de bleu, couleur des vastetés, recelant autant de profondeur que de légèreté...à cette arcure, gîte de la muabilité des soirs, où le Poème semble pouvoir résonner à l'Infini...

 

Vous dire surtout le rêve de petite fille exaucé à la lecture de votre poème: voyager sur le dos d'un nuage...

 

Avec mon amitié admirative,

Silver

On retrouve ici le thème de la métamorphose, si cher à votre coeur, Loup-de-lune, et véritable fil rouge de votre oeuvre poétique.
 
Vous dire à quel point votre poème résonne en moi, en particulier à la lecture de ces vers: "Elle irait se défublant le long de la seconde démaillée"...à cet épanchement de bleu, couleur des vastetés, recelant autant de profondeur que de légèreté...à cette arcure, gîte de la muabilité des soirs, où le Poème semble pouvoir résonner à l'Infini...
 
Vous dire surtout le rêve de petite fille exaucé à la lecture de votre poème: voyager sur le dos d'un nuage...
 
Avec mon amitié admirative,
Silver




... je reviens d'une promenade dans le couchant... et je me demandais quels mots pourraient bien prolonger un peu la lumière de ce jour de mai...
... et les voici !... ce sont les vôtres, solaires syllabes d'une si généreuse lecture...

... si la rose des vents porte en puissance toutes les directions, un grand nombre de chemins, la plupart sans doute, mènent en effet à l'enfant d'escapade...

... j'ai regardé tout à l'heure la chrysalide de rose et d'orangé du jour se muer encore une fois en la nuit et ses palpitations sidérales... et je pensais qu'il est heureux l'être qui s'abandonne au doux écoulement continu des choses, qui sait passer de midi à l'étoile, du sang au songe, et qui métamorphose en poème le trésor de la sensation et de l'alphabet...

Avec mon amitié émue...

Loup-de-lune
adieusé le diablant poumoneur
dissémine le poudroiement des bornes


un croissant sillé par le premier enfant de craie
épanche le bleu
qui rien ne comble
ni ne naufrage


ce passage
m'a effleurée et retenue
et touchée
lotus rejailli
d'une eau noircie
un respirespoir

adieusé le diablant poumoneur
dissémine le poudroiement des bornes
un croissant sillé par le premier enfant de craie
épanche le bleu
qui rien ne comble
ni ne naufrage
ce passage
m'a effleurée et retenue
et touchée
lotus rejailli
d'une eau noircie
un respirespoir



... quelle merveilleuse trouvaille que ce composé "respirespoir" !... avec sa musiquante paronymie... si loin du bégaiement et de la confusion... mais en faveur d'une persévérance, d'une affirmation de souffle et d'enthousiasme...

... grand merci, Aure, d'avoir regardé le dessin de l'enfant de craie, son pas luneux vers l'avant, fragile et si fort d'avoir libéré ce qui ne se corrompt point, ce qui ne s'éteint point...

Avec mon amitié,

Loup-de-lune

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