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Le Tao leucémique

Posté par Loup-de-lune, 16 septembre 2018 · 755 visite(s)

Le Tao leucémique



ses linges

des vêprées recrudescentes

vont fleurant l'achronie et le mètre torpide



un rire

transcharnel

leur octroie quelque altesse



leur tomber les éploie

ravisseurs en diaphane rouge de tout luminaire





paysage la hurlière

par-delà l'acrimonie des angles



ô lisières

que s'audacent vos kaléidophanies

où faire louve filante la confluence d'hôpital !



sa voie

anfractueuse passée de l'incandescence élective



au congé-racine qui tient toutes les salves d'inconnu

le reflet donne fée son quatre-feuilles de secondes



vont merveillant en leur conflagration nulle

révolte comme tristesse

lés et baux



'Si tu chantes la beauté,
même dans la solitude du désert,
tu trouveras une oreille attentive.'

K. Gibran



« Je sais que je peux parler un peu chinois avec vous, Mlle Bizheng, et cela en trois mots cardinaux que votre oeuvre poétique ne connaît que trop bien : Tao 道, Yang 陽, Yin 陰. Le Tao 道, c'est la voie, c'est le principe par lequel l'être s'unit au cosmos, participe de la mutation perpétuelle de l'Univers ; toutes choses s'originent dans le Tao 道 et toutes les forces sont issues du Tao 道 ; vous en faites les cheminements comme les escapades du sang qui est votre encre créative. Yang 陽, soleil, lumière, chaleur, activité, feu, force, c'est-à-dire le rouge, les érythrocytes. Yin 陰, terre, lune, ombre, froid, passivité, douceur, c'est-à-dire le blanc, les leucocytes. Au sein de ce qui se métamorphose sans cesse, puisque nulle plénitude ne saurait durer, Yang 陽 et Yin 陰 apparaissent comme des courants énergétiques complémentaires dont le moindre déséquilibre entre les deux conduit à la maladie. Votre Leukaima, c'est la maladie, certes, quand les leucocytes, le blanc, quand Yin 陰 se développe avec excès. Mais Leukaima, c'est votre Poésie mystique qui d'une part vous fait traduire le monde en un langage de sang qui s'illune et qui s'étiole/étoile, aussi bien pour en accepter l'évidence que pour en manifester les réelles beautés : 'ô lisières / que s'audacent vos kaléidophanies / où faire louve filante la confluence d'hôpital !' ; qui d'autre part n'a pas de cesse que l'équilibre ne soit rétabli entre Yin 陰 et Yang 陽, entre le blanc et le rouge. Qu'il est beau, qu'il est grand l'équilibre entre le blanc et le rouge : c'est le rose. Le rose des fleurs que l'on offre et que l'on reçoit, le rose des chairs nouveau-nées, le rose des plus secrets poèmes aimants, le rose des rêves mués en accomplissements, le rose des aurores aux instants des regards dévoués, le rose des couchants aux moments où ils ressemblent le plus aux aurores, le rose qui flambe dans les ailes de l'ange ensommeillé, à même la coda de votre chant intitulé 'Leucémique errance', le rose de l'énergie spirituelle qui ne peut être créée ou détruite, qui ne fait que changer de forme, ainsi que l'écrit Rhonda _ Lire les mots qu'elle consacre au poème 'Phantasiae assumptio victoriaque' _ et si, fidèle à la loi du Tao 道, le rose ne saurait lui non plus perdurer, ce sera pour mieux épanouir une autre de ses nuances, un autre de ses poèmes, un autre de ses levants, une autre de ses corolles . . . . . . . .


WANG Shengli
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