Je pourrais parler des beautés de la vie
Mais, sincèrement je n'en ai pas envie.
Je pourrais parler de choses jolies
Comme par exemple des oiseaux
Volant dans un ciel toujours beau.
Et, glissant sans cesse sur son lit,
De l'imprévisible et douce rivière
Qui emporte silencieuse et altière
Le temps, la jeunesse et les souvenirs.
Je pourrais aussi parler d'avenir
Dans un monde sans tourbillons.
Je pourrais parler de papillons.
Je pourrais parler d'aurore,
Du soleil qui dort encore.
Je pourrais parler de rosée ;
D'insectes utiles ; de fleurs,
Mais ce serait trop osé
Car il y a décidément trop de pleurs
Dans les yeux de mes contemporains.
Jours et nuits, ils se débattent en vain
Dans l'espoir d'un monde meilleur.
Je voudrais sortir du marasme
Et me retrouver dans un lointain ailleurs
Pour éprouver un peu d'enthousiasme
Etant émerveillé comme un enfant,
Devant la naissance d'un faon ;
Ou en regardant le vol majestueux
D'un couple de cygnes au plumage immaculé,
Dans un ciel constellé de nuages duveteux.
Et, par une gentille brise articulés,
Des roseaux qui plient mais jamais ne cèdent ;
Du vieux berger revenant des pâturages
Tandis que ses animaux le précèdent.
Je pourrais parler des splendeurs de la vie
Mais, sincèrement je n'en ai pas envie.
Je pourrais parler des belles plages
Où viennent mourir chargées de coquillages
Les vagues qui se succèdent bleues et éternelles.
Je pourrais parler d'îles au doux mouillage ;
Des îles paradisiaques parfumées à la cannelle
Avec leur sérénité pour unique richesse
Mais, décidément il y a trop de tristesse
Dans les yeux de mes contemporains.
Jour et nuit ils se débattent en vain
A la recherche d'un meilleur destin.
Je pourrais parler des joies de la vie
Mais sincèrement je n'en ai pas envie.
Je pourrais parler de banquet ; de festin ;
De vin coulant à flot sous les tables ;
De comportements inconvenables ;
De franches rigolades le soir
Devant un feu de cheminée
Après une bonne journée
Et confiant quant à son avoir.
Je pourrais parler de gens comblés.
Je pourrais parler du soleil
Quand il règne sans pareil
Sur les champs de blé
Avec ce qu'il faut de clémence
Pour les nouvelles semences.
Je pourrais parler du crépuscule ;
Du ciel embrasé à l'horizon.
Je voudrais prendre assez de recul
Pour sortir de ma prison.
En changeant mes rimes,
Je voudrais parler de temps en temps
De l'été, de l'automne, du printemps,
Et ôter de mon cœur un peu de déprime.
Mais décidément, il y a trop de peine
Dans le cœur de mes contemporains.
Depuis leur naissance, c'est la déveine.
Ils ne rencontrent que dédain.
Les tenants, de vrais incapables,
Plaident toujours non coupables.
Ils sont les premiers à admettre
Que tout le monde a droit au confort
Mais demandent encore plus d'efforts.
Ils refusent de se démettre.
Ils continuent de promettre
En tentant de compromettre.
Ils n'ont que faire de leur médiocrité.
En fait, ils ne veulent qu'une chose :
Leur mandat fini, passer à la postérité.
Peu leur importent la colère et la dose.
Moi, pour leur résister, je n'ai pour armes
Que mes simples vers emplis de larmes.
Je les harcèlerai donc longtemps
Quitte à y laisser tout mon temps.
Fin.
Mahdaoui Abderraouf.
Le 28 Novembre 2005.