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[Alain LE GRATIET]

Ils s'y préparent bien et ont tout dans leur tête
Et leur échauffement commencera la fête
Chacun d'eux a son rite, il n'y déroge pas,
L'atout en est puissant pour gagner le combat.

Des trois balles données on choisit la plus dure
Pour que le coup porté ne souffre aucun murmure.
Une simple pression de doigts bien exercés
Suffit à rejeter les autres sans regret.

Pour servir il faut que la balle rebondisse
Huit fois, dix fois au moins sans qu'elle ne frémisse.
Rabattue d'un coup sec que la raquette applique
Elle pourra fuser sans aucune réplique.

Chacun rend coup pour coup et de pile et de face.
A l'émotion surtout ne pas laisse de place !
On est marmoréen, on restera de marbre
On ne tombera pas dans le piège à palabres.

La tension est palpable et les cordes autant.
En rang d'oignons la foule assise sur les bancs
Respire au rythme de ces coups et coeur battant :
Chacun a son chouchou, à ses points bout le sang.

La dame enchapeautée de coiffe extravagante,
La personnalité de discrétion flagrante
Espèrent en un zoom bien ajusté sur elles
Et bien d'autres aussi comme ces demoiselles.

La serviette a son jeu et ce n'est pas qu'un peu :
Un doigt impératif la commande entre deux,
Au ramasseur docile il faut qu'on la relance
En esquissant à deux un joli pas de danse.

Et encore longtemps s'escriment nos joueurs
Dont on oublie parfois qu'ils sont les gladiateurs
De nouveaux jeux du cirque où le public est roi
Mais où l'arbitre fait quand même encor la loi.

Pour pimenter un peu ce qui n'est pas si drôle
On fera un plongeon ou une cabriole
Quand la victoire échoit, qu'on n'oublie pas surtout
En un geste pieux de tomber à genoux.