à l'attention particulière d'Arwen G
« Les poètes se cachent pour écrire » est un titre vulgaire, à l'image du slam en général, à l'image de la plupart des slameurs de ma connaissance. Je ne connais pas bien la question du slam, je l'avoue, et d'aucuns ne manqueront pas de me renvoyer à cette ignorance. Qu'ils le sachent : ils le feront en vain. Je n'ai pas besoin en effet d'écouter des kilomètres de logorrhée aux quatre-vingts coins du monde pour prétendre maîtriser le sujet. De même, je n'ai pas besoin de regarder tous les épisodes de toutes les séries qui passent à la tv pour porter un jugement sévère définitif sur ces misérables produits de consommation courante. Logorrhée, diarrhée. J'en ai rien à foutre du slam, des feuilletons, etc. Le slam c'est de la merde, un point c'est tout. Parfois, il vaut mieux pour tout le monde jeter le bébé avec l'eau du bain. D'ailleurs, je ne veux même pas tout balancer par la fenêtre : le Grand Corps Malade, par exemple, est un brave garçon et un bon poète (j'ai découvert ça récemment). Le seul bon poète du lot à ma connaissance, mais je me répète : ma connaissance du slam est limitée et je ne souhaite pas en connaître davantage. On ne peut pas s'intéresser à tout. Revenons au titre. Il est vulgaire notamment parce qu'il fait référence à un célèbre feuilleton américain conçu pour faire chialer mémère dans les chaumières... sans autre motif valable que la double comparaison « poètes/oiseaux » et « écrire/mourir » ! La première comparaison est éculée depuis l'âge de pierre ; la seconde est ridicule. On peut se jouer des clichés à la condition d'être un maître ou bien lorsqu'on est écrivain du dimanche sans prétention littéraire. L'un ou l'autre. Or, je ne me souviens plus du nom du slameur en question, c'est peut-être une slameuse, mais il n'est pas un maître, à coup sûr, et il croit avoir pondu là un authentique poème. Donc, tout faux. La seconde comparaison « écrire/mourir » est tellement ridicule que je ne la commente pas (et pourquoi ne pas déclarer aussi, pendant qu'il y est, qu'il écrit ses « poèmes » avec son sang, hein ?... Ah ! si seulement c'était vrai, qu'il ou elle écrit avec son sang, il ou elle n'en aurait plus pour très longtemps à nous emmerder avec ses sornettes !).
Putain je ne vais quand même pas foutre en l'air ma journée à commenter des conneries pareilles : J'abrège... Si vraiment « les mots sont les vêtements de l'émotion », je l'habille pour l'hiver le « poète », hihi... « Sauver nos frères du naufrage » ? de quoi il cause ? de qui ? il a déjà vu des mots sauver quelqu'un ? C'est pas sérieux... Si je comprends bien, il sauve des gens avec ses poèmes ? Des gens qui sont tout nus ? Il les sauve en les habillant avec des mots ? Il picole ou quoi ?
« Rouda regarde-nous » : ah ! ça y est, je comprends ! les slameurs parlent aux slameurs ! c'est donc pas pour moi ce charabia !
Trêve de plaisanterie : les mots « nage », « (à ) jeun » et « neige » se retrouvent pas loin l'un de l'autre simplement parce qu'ils ont des sonorités en commun : c'est le principal défaut du slam (et du rap) : juxtaposer des sonorités voisines au petit bonheur... pour épater la cavalerie ! Allitération et Assonance sont les deux mamelles du Slam-Tout-Puissant. Pardon mais la poésie ne se réduit pas davantage aux jeux de mots qu'aux jeux de sonorités. La rhétorique ne fait pas tout. Les rimes ne font pas automatiquement d'un texte un poème. En effet « On somme les mots de s'additionner comme les nombres » : qui ça « On » ? Les Slameurs justement ! C'est du marteau-piqueur qu'ils font, pas de la poésie !
« Dans les lieux oratoires l'auditoire n'aime pas les phrases fades », c'est très laid et en plus ça souligne ce que je viens de dire : il s'agit d'é-pa-ter ! Non seulement je ne suis pas épaté mais ce n'est pas du tout ma conception de la poésie.
Les médiums, les djinns, les charades, très peu pour moi.
Prenons ce qui suit :
« John Banzaï regarde nous,
Toi et moi c'est l'écriture qui nous lie
C'est dans la solitude qu'on apprend la convivialité et tant pis pour celui qui le nie
Le feu passe au vert et l'oralité passe par nous
Le verbe est une clé indispensable, dehors on nous demande des mots de passe partout »
Banzaï, je suppose qu'il s'agit là encore d'un slameur, mais pourquoi ce « nous »... alors qu'après c'est « (toi et) moi » ? Le « poète » ici se veut porte-parole ? Ah, oui, c'est vrai : Les Slameurs parlent aux Slameurs !
Tous des porte-parole ! Mon dieu, c'est pénible cette hémorragie de porte-parole à la longue (auto-proclamés, de surcroît) !
Ensuite, « C'est dans la solitude qu'on apprend la convivialité et tant pis pour celui qui le nie » rappelle avec élégance à l'auditeur hihi, je trouve, que le « poète » possède la sagesse proverbiale de l'ermite... c'est puérile, une fois de plus.
Dans « Le feu passe au vert et l'oralité passe par nous », on voit bien qu'ici le jeu sur le verbe « passer » suffit à justifier ce « feu [qui] passe au vert » ! C'est sans importance que le « poète », d'un coup, se mette à causer de circulation routière, n'est-ce pas... Quant à l'oralité, le « poète » utilise ce mot savant sans doute parce qu'il ignore que ce mot est savant ; il a l'air de révérer ce qu'il croit que ce mot recouvre, comme si l' « oralité » était ce que la populace avait de plus précieux au monde ! Mais il ne faut pas confondre « oralité » et « bagou »... (Les poèmes dits seraient plus émolvants que les poèmes écrits ? On devine cette idée, en effet... Du reste, elle n'est pas très difficile à déceler : tout le monde croit cela, de nos jours !)
Dans « Le verbe est une clé indispensable, dehors on nous demande des mots de passe partout », la locution conjonctive de cause « parce que » est sous-entendue : rétablissez-la et vous pourrez peut-être constater l'implacable logique du propos... Cela revient à dire : Ne ratez pas les cours de français, sinon vous ne pourrez pas remplir votre dossier de demande d'allocation...
Pourquoi le « poète » a-t-il écrit ce « poème », au fait ? Pour révéler au monde que « Les poètes se cachent pour écrire c'est pas une légende » ?????????????????? Ah bon !
Soit.
Si le « poète » lisait des livres, de temps à autre, il aurait pu faire l'économie de ce texte ; il se serait contenté de citer MG Dantec, par exemple : « La solitude est la seule forme de solidarité dont l'écrivain soit capable. » et puis il serait retourné s'asseoir.
Il y quelque chose de pathétique dans le Slam.
Evidemment, ces gens qui se contentent de jeux de mots et sonorités, de temps en temps, ils disent de jolies choses. Cela me rappelle une pensée lue chez Montaigne (empruntée à un sage de l'Antiquité) et qui dit en substance que ceux qui tirent à l'arc toute la journée, tôt ou tard, atteignent la cible. Evidemment c'est de la pollution ça aussi, le slam. De la pollution comme le bruit des motobylettes trafiquées, celui des motos. Comme beaucoup de choses aujourd'hui. Comme 99% de ce que nous produisons. De la pollution au même titre que ce que moi j'écris. Mes povoimes polluent. Oui. Je dis la vérité. Je suis un pollueur. Grand Corps Malade et ses acolytes anonymes sont des pollueurs. Vous, vous polluez, vous êtes des gros pollueurs tous autant que vous êtes avec vos « poésies ». Créer, c'est polluer.
Povoite. (pardon pour le bleuissement du texte sur la fin)
ps : je n'ai pas relu et j'ai écrit comme ça venait, merci de votre indulgence pour la forme