Une nuit blanche en aucun point pareille
Des accents de DJ résonnent encore à l'oreille
Une nuit blanche où les pas s'emportent
En des lieux multiples où l'étonnement déporte
Vers de nouveaux horizons, encore d'autres portes
Une nuit blanche où dans un café vaudeville
Des corps se parlent avec élégance
En robes noires et talons, les hommes en pantalon
De cette danse argentine qui se jouait dans les rues d'autres villes
Le tango des amoureux, la passion en espérance
Lorsque de pas en pas, l'amour atteint son point de fusion
Et seule, je regarde ces passions qui se parlent
Je sens dans cette musique et leurs pas ces coeurs qui battent
Et seule, je mesure alors la beauté de l'amour
De ces pas qui ne se partagent qu'Ã deux
Et résonne, douloureux, en moi, le pas de ces amoureux
Lorsque nous nous promenions avec cet air de toujours
Serrés, et la salsa berçait encore le jour
De cette autre nuit blanche, en allée pour toujours
Une nuit blanche désormais sans toi
Et que j'ai faite mienne pour moi
Une nuit blanche où des marins au long cours
Inventent des histoires rocambolesques
La goulue en 2058 s'invite au salon du burlesque
Elle danse vêtue de robes virtuelles, délicieux atours
Dans un parking désaffecté
Se jouent des airs de jam dévergondés
Les photos là se prennent en trois D
Au neuvième étage se danse une musique déjantée
Et la vie s'empare de ce lieu inhabité
Je regarde la ville étendue à nos pieds
Et j'écoute encore le son des saxos en invitée
Déambuler de ci-de lÃ
Seule regarder ce qui se passe par lÃ
Et j'entre dans la bourse
Où des blanche-neige tueuses
Pointent des mitraillettes malheureuses
Je reste, ne prenant pas la course
A regarder ces blanche-neige peu vertueuses
Aux décolletés rien moins qu'affriolants
Dépecer des piles de papier, c'en est désopilant
Elles vous fixent d'un air rien de plus effrayant
Lorsque vous fixez d'un éclair cet instant en passant
Histoire à répétition
Dit sans avoir de cesse une bande son
Les bancs eux en sont tout retournés
Les spectateurs eux en sont sidérés
La grand-place a oublié d'être éclairée
C'est le Mont des Arts qui s'est de lumière emparé
Je ne l'ai pas vu, je me suis en d'autres lieux éloignée
Comme sur cette place où des passants se sont racontés
Là , au vent, se sont accrochés
Des pages de leur vie dont ils se sont souvenus
En français, en espagnol, en anglais, les mots se sont mis à nus
J'ai raconté comme eux ce "je me souviens"
Une nuit blanche où je te sentais encore au creux de mes reins
Alors que seule, j'ai posé là , des mots un peu chagrins
Se souvenir de l'amour qui a été, ce n'est jamais vain
J'ai posé là ces quelques mots, qui se sont dispersés au vent
L'artisan de cet atelier les a épinglés
Ils se sont tenus droits sur un fil, dénudés
Tendu entre deux arbres, ils ont dit cette nuit d'avant
Qui ne ressemble en rien à celle de maintenant
Avant de les accrocher, l'artisan de cet atelier
Qui les a aimés, les a lus à haute voix
Et leur a donné un soudain accent d'éternité
Il leur a donné vie, à cet amour qui n'est plus là entre toi et moi
Et puis je m'en suis retournée
A la Place Sainte-Catherine où j''entends encore la samba
Où l'on dansait encore là -bas
Sur le son des percussions enchantées
Plus loin, rue de Flandres, un marathon des mots
Où des poètes du cru disaient leurs paroles
En un lieu unique, ils nous faisaient l'obole
De leur mordant ou de leur dérision, c'était prenant et beau
Là , l'écoute se faisait en silence
La brique à nue réveillait le sens
De ces mots qui pénètrent
Autrement, lus à haute voix, nos êtres
Cette nuit-là , j'étais seule
Et pourtant je ne l'étais pas
J'échangeais de ci de lÃ
Oui c'est vrai j'étais seule
Seule sans toi, seule sans tes bras
Autour de moi
C'est dans cette salle aux airs romantiques
Lorsque ces amoureux du tango dansaient une beauté magique
Que l'Amérique deu Sud déployait son harmonique
Là , en mon coeur, quelque chose s'est serré
Je savais que c'était toi
Cet avant quand nous nous aimions, toi et moi
Cet étrange sentiment de quelque chose de fort
Qui nous reliait sans comprendre pourquoi
Et qui nous retenait alors
De la nuit aux aurores
Lorsque nos peaux battaient encore
Ensemble, sensuelles, et racontaient des rêves d'or.
Cette nuit, elle était pour moi
Seule à déambuler sans toi
La nuit du 30 septembre reste à jamais à toi et moi
Comme une passion qui ne se vit qu'une fois
Et ce que l'on a vécu là -bas restera
A jamais gravé en moi
Nous nous sommes aimés profondément, toi et moi
Ces couples enlacés me l'ont redit ce soir-lÃ
A cette autre nuit blanche, ce 4 octobre où tu n'étais pas là ...
Fleur de Lotus, le 5 octobre 2008
Et de jolis chemins de joie
Se sont ouverts à moi
En cette belle nuit-là ...
Nuit des poètes
Marathon des Mots
Ecriture en fête
Partage du beau...
"Nuit blanche ! La Bellone accueille la Nuit de la Poésie, proposée par le Marathon des Mots, qui réunit 15 grands poètes européens, lisant eux-mêmes dans la langue originale du poème, lu en français par Denis Lavant : Daniel Arnaut, Benno Barnard, Volker Braun (DE), William Cliff, Antonio Colinas (ES), Maurizio Cucchi (IT), Francis Dannemark, Durs Grünbein (DE), Nuno Judice (PT), Anise Kolz (LU), Karel Logist, Jean Portante (LU), Jacques Roubaud (FR), Jean-Pierre Verheggen, Laurence Vielle, Liliane Wouters."
Moment si émouvant lorsque William Cliff a dit un poème de Charles Baudelaire...beauté rare de ce moment-là ...merci...