Au calme des cerros, la curieuse vigogne
Arpente avec entrain la sente des adrets
Ou comme le troupeau se pose dans l’air frais
Pour tendre vers l’herbage un long cou de cigogne.
Que la neige l’enceigne ou que le soleil cogne,
Dans les altiplanos, la mort est sans apprêts,
Son corps demeure alerte et ses sabots sont prêts,
Des bêtes, maraudant, ont laissé sa charogne.
Parfois son front laineux que le temps a bruni
Entrouvre un fin museau qui brillamment hennit
Pour témoigner à tous du plaisir qui l’avive
Ou face au malotru le rendant ténébreux,
La colère sauvage écarquille ses yeux
Dont le sombre miroir reluit de force vive.