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Question(s) de rythme / Louis Latourre


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31 réponses à ce sujet

#1 Gardia

Gardia

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Posté 02 décembre 2008 - 08:53

Tout est parti de ce sonnet

(Londres - Niamey)




Un peu plus de prudence... Un peu moins de fanchise...
Vos chemins ne sont pas, ne vont pas sans péril.
Vous marchez sous un ciel de couleur indécise
Où les seuls imprudents se découvrent d'un fil.


Un peu plus de prudence... Un peu moins de franchise :
Vous avez par endroits neige, pluie et grésil.
Vos hivers trop longtemps n'ont agi qu'à leur guise
Pour déjà, résignés, se résoudre à l'exil.


Attendez au moins mai... que l'Amour favorise
(Sous un ciel de Niger et non plus de Tamise)
Des chemins tout exempts des caprices d'avril :


Vous aurez chaque instant les faveurs de la brise...
Et d'une onde ô combien douce aux feux qu'elle attise,
Nous aurons - vous et moi - soif de suivre le fil.



Et du commentaire de Lé Clone :





(De Lé Clone)



Déjà dire que le sonnet est fluide, réussi, doux, reposant, chaleureux.
Pour poursuivre un peu nos quelques échanges, plusieurs points :

D'une manière générale, et plus particulièrement en poésie, je n'aime pas trop l'usage des points de suspension, dès lors qu'ils indiquent à priori - là -, matière à réfléchir, sous-entendu, direction, manière de dire " bon, là, va falloir imaginer, réfléchir ou achever la phrase ". Cela me laisse souvent l'impression d'un non-dit pesant, un peu forcé et souvent inutile. C'est très personnel comme ressenti, je n'en fais pas une règle absolue.

Pour ce qui est de la sonorité en I, voyelle que je trouve statique, dure à l'oreille, à la bouche et à l'oeil, elle éveille chez moi " une première couche ", quelque chose d'assez neutre mais tendu, ayant besoin de sonorités arrondies pour donner de la couleur et de la consistance. Pour exemple : " et d'une onde au combien douce aux feux qu'elle at /tise, Nous aurons - vous et moi - soif de suivre le / fil. " (relais du chaud au froid qui était : avril, Tamise, grésil, pluie, exil : la bouche arrondie s'en va réchauffer la fin de phrase).

Dans le même ordre de ressenti, les sons en R ou en L (Amour, Niger, hiver, ciel) donnent, d'une manière générale, beaucoup de respiration, de l'altitude ou de la profondeur. Probablement dû aux mots naturels qu'ils suggèrent, même assez inconsciemment (terre, pierre, air, éther, épeire, ouvert, ciel, miel, y compris gel... etc.), mais aussi probablement dû à l'intonation accentuée grave, la bouche ouverte pour la goulée d'air ou de miel.

Par ailleurs, je trouve très important de bien prononcer le son AI (accentuation grave) ce qui donne toute sa chaleur au mot, ici mois de mai. Ni-a-mey, d'une manière phonétique et sonore, me paraît contenir et résumer cet envol du froid au chaud.
J'aime






Alors j'ai été très frappée par la sensibilité du commentaire. Rare non ?

C'est ce qui m'a touchée le plus.

Pour le rejet des points de suspension je n'ai pas trop cherché à les ou à me défendre :





Je ne défendrai les points de suspension que très mal c-à-d. en me plaignant...
pas de vous ! ... ... ... ... ... mais du nombre extrêmement limité de signes de ponctuation offerts par l'écriture occidentale au poète, autrement dit : la pauvreté quantitative des moyens de suggérer à la vue, le vrai relief rythmique
d'une interprétation avant tout destinée à la voix haute et à la respiration.
Le texte triplement ponctué ne se veut pas lourd de sous-entendus profonds, comme vous le soupçonnez ! Il essaie seulement de ne pas laisser retomber la voix, de ne pas fermer la phrase, de laisser un peu de souffle en suspens.






(de Lé Clone)

Je comprends assez bien la tentative de suggérer à la vue un relief rythmique de la voix ou de la respiration par l'emploi des points de suspension. Personnellement, je ressens les points de suspension comme un essoufflement dirigé, une suspension artificielle où manqueraient le dynamisme naturel du souffle et le je des poumons ; où, d'une manière morne et un peu forcée - non-restituante -, s'évanouiraient et la voix et la vue et le toucher. Une lassitude. Les points de suspension ne me paraissent pas reliefs-relieurs de quelque chose de vibrant et sensitif. Pas même en suspens. Je trouve au contraire que cela ferme le jeu naturel des organes. A l'électrocardiogramme ce serait presque plat, manquant de vibrations colorées.





Ah c'est bien Lé Clone cette sensibilité ! Plus répandue, la poésie en serait toute transformée.

Tu as engendré plus d'une conversation chez les amis d'ici, - en moi toute seule déjà (il n'y a pas d'âge pour gâtouiller), parce que le rythme est un mot sans fond, un de ces noms extraordinaires pareils au miroir magique d'Internet : renvois infinis d'échos sans figure, de reflets sans voix…, mais qui bien mixés prennent visage humain - et puis carrément corps.



En moi – philo d'abord ! - rythme = définition de Platon : l'ordre du mouvement de toute chose, mais il le spécialise déjà dans l'ordre manifesté par le corps en mouvement dans la danse. De Platon à Aristote le rythme devient la forme ou la figure dans la relation au temps, il prend enfin son sens musical et poétique.

L'étymologie acceptée couramment est celle de rheo je coule, de rhein (couler) lié au panta rhei, « tout s'écoule »… Mais elle est remise en question assez souvent ce qui ne me déplaît pas tu vas voir



Louis et Hélène (le premier tu sais qui c'est, la deuxième est musicologue) se sont demandés d'où venait ta sensation, celle que tu dépeins concernant les points de suspension. Louis nous a développé ce que je t'ai suggéré, la réflexion sur la faible quantité, le peu de variété de signes de ponctuation que propose l'écriture, pour donner idée du relief sonore du texte écrit :

Le texte écrit parle d'abord sans remuer les lèvres, du bout des yeux si l'on peut dire. Il remarque que ton souci a de fameux antécédents ! Comment donner vie rythmique à l'enchaînement monotone des signes sur la feuille, le papyrus, la tablette gravée ? L'appréhension visuelle silencieuse, personnelle – littéraire – domine de très loin chez certains, auteurs et lecteurs, la sensation sonore physique, la saisie collective.



Ici la question est brûlante, faire passer de l'œil à l'oreille de façon tangible, de la lecture muette à la profération, est le souci constant du travail avec les comédiens – il pourrait presque le résumer. Il s'agit de tenir le spectateur auditeur en… suspens à tes lèvres !



Ton allergie aux trois points est une maladie déjà répertoriée, déjà en poésie française, dans un référencement plutôt honorifique ! Valéry pendant 6 ou 7 ans de sa vie en a retiré un de ses publications. Les premières éditions des Fragments du Narcisse par exemple sont truffées de ces amputations visuelles, les classiques trois points sont réduits à seulement deux..

Mallarmé dans ses derniers sonnets supprime carrément toute ponctuation : Avec la ponctuation la phrase ne va pas toute seule commentait-il. Sa toute dernière œuvre Un Coup de dés montre jusqu'où – espacements, pagination, choix des caractères – a pu aller chez un poète le souci de suggérer aux yeux de l'esprit la toute-puissance comme les infinies nuances de la voix sonore.



Paolo majora canamus !

La Bible originelle espace étrangement les phrases. Les blancs plus ou moins irréguliers figurent les respirations, les périodes de scansion prosodique. Meschonnic ne cesse d'y faire sérieusement allusion – c'est son obsession ! Critique du rythme, Manifeste pour un parti du rythme, en veux-tu en voilà

Personnellement (sans vouloir entrer en polémique j'ai horreur de ça) je trouve que ses théories sont à côté, son besoin d'explication de commentaires touche à la justification : les textes poétiques de lui qui les illustrent, ont-ils besoin de ces béquilles exégétiques ?! Pourquoi tant expliquer ? Mais en université le programme intéresse, séduit et convainc au point que l'œuvre… enfin bref ! (points d'une suspension due à la fatigue d'être plongée là-dedans)

L'idée de Meschonnic procède d'un faux départ : l'idée que le mètre classique (type alexandrin) serait monotone, carré, martèlement régulier ! L'idée ne lui vient pas que sous le 12-12 visuel si évidemment creux et débile en surface, le broken out existe, concentré de toutes les figures rythmiques possibles.



voici une longue citation qu'il vaut peut-être mieux zapper, bien sûr elle concerne en plein le sujet mais ralentit l'action :




]
(de Louis Latourre Vers un théâtre d'art)



Prose ou vers il est vrai - nous ne pouvons parler que nous ne soutenions le son de nos paroles de timbres, de hauteurs, d'intensités, de rythmes, dans une dépendance plus ou moins heureuse des sentiments qui gouvernent le choix de nos mots et l'effet que nous cherchons à produire en parlant. Mais s'agissant du vers - du vers irréductible, composition des plus expressives ou des plus rares dont soit capable le langage écrit - nous devons espérer du travail de l'acteur une composition d'équivalente qualité dans son rendu sonore, une séquence d'inflexions choisies qui transpose à l'oreille, dans l'espace de la scène, cette recherche d'un dire absolu et comme intransitif qui a déjà conduit le travail du poète.



J'ai donné ailleurs le détail des exercices pratiqués lors des répétitions de nos spectacles : repérage des inflexions conventionnelles, recherche d'accents par les variations rythmiques, mesure de la valeur expressive des intervalles de hauteur, renouvellement du rapport entre les intentions et les inflexions, recherche de la résonance (2).



Le texte est travaillé d'abord recto tono - l'énergie individuelle, la sensibilité de l'oreille, la faculté d'enraciner son écoute et son corps dans le sol déterminant la hauteur et l'intensité de l'émission vocale (dont l'acteur soutiendra le plus souvent son rôle). Le relief du discours tient entier à cet axe, à cette note fondamentale d'où les écarts, les éloignements, les rapprochements plus ou moins progressifs et sensibles de la voix seront perçus comme arsis et thésis, facteurs de tension ou de détente, et nuances dramatiques d'intention ou de sentiment du personnage interprété. Mais - notons-le d'emblée - la diction linéaire, le refus de l'écart ne sont pas moins sentis comme des écarts eux-mêmes, d'une radicalité propre à nous jeter dans des terres encore mal défrichées de la psychologie. Nous leur attribuons quelque raison cachée - ou qu'on ne sait nommer ou que l'on voudrait taire, ou dont on aimerait détourner l'aveu clair… Du côté du l'acteur, certaine retenue, certaine réticence, certaine peur de blesser qui écoute peuvent porter la parole sur une seule hauteur, dans un dépouillement qui semble alors pudique ; ou bien tout au contraire une franche, une puissante détermination, le soin seul de se bien faire entendre, rendre son dénuement provocant. Les ressources de cette ambiguïté interprétative sont précieuses à l'exigence d'un théâtre d'art, inquiet ici encore d'explorations nouvelles de nos moyens d'expression.



La recherche rythmique s'appuie sur cet axe vocal dépouillé, qui par ailleurs l'appelle et concentre l'attention de l'acteur sur la diversité de ses propres valeurs interprétatives. Il importe déjà d'éviter la scansion pléonastique, de fuir la transposition littérale des schémas métriques trop évidemment inscrits dans le vers. Ainsi par exemple :



L'univers a-t-il vu changer ses destinées

(Racine, Bérénice)



communément scandé :



L'univers | a-t-il vu | changer | ses destinées



(coupe trois-trois-deux-quatre avec accents sur 3, 6, 8, et 12), pourra devenir un premier temps :



L'uni | vers a | -t-il vu | changer | ses des | tinées



le décalage simple d'un rythme ïambique brève-longue étayant une recherche ultérieure plus subtile.



Le rythme est par ailleurs chose trop personnelle, trop riches de valeurs irrationnelles sont le débit de la parole humaine et son élévation au degré poétique, pour calquer les rapports de durée fixés par quelque notation que ce soit… Dans l'exemple cité, le rapport brève-longue n'est pas de 1 à 2 ; mais les appuis vocaux s'affirment plus nombreux, la prononciation plus consciente (moins de syllabes sont mangées), le vers plus allongé, et l'exaspération (ici de Titus) plus étrangement soutenue. L'ïambe est l'équivalent d'un battement de cœur –– aussi indispensable qu'imperceptible.



Les inflexions de voix sont enfin tolérées, travaillées, les unes peu contrôlables de quarts et tiers de tons, les autres demi-tons d'une grande force expressive. De plus grands intervalles (appuyés d'intentions, de sentiments divers qu'ils inspirent souvent) vont sculpter le discours - et surtout les contrastes, les ruptures, les silences et l'essentielle respiration, lui donner vie entière. Un acteur doué des sens poétique, capable de ce « basculement de la perception » que j'évoquais plus haut, et suffisamment fait à tous ces exercices, peut bien improviser des pans de tout son rôle : rien ne touche davantage que les inflexions (ou les gestes) qui semblent échapper à toute préparation comme à l'acteur lui-même… C'est une erreur commune, d'ailleurs, que de séparer trop nettement le calcul de la spontanéité : l'improvisation règne sur toute chose telle une nécessité - y compris sur les relectures critiques, les reprises et les corrections. L'œuvre la plus écrite, volontaire, rigoureuse, creusée des mois durant, n'en est que la conservation des plus heureux moments.





Tu vois nous sommes loin des . ; , … ? ! et pauvres moyens de l'écriture, même de l'écriture musicale avec ses soixante-quatrièmes de soupir. C'est pourquoi ton allergie aux points de suspension me paraît quand même drôlement sélective ! Tous les signes de l'écriture sont piqûres de moustiques - alphabet inclus – comparés aux ravages de la puissance-impuissance inhérente à toute expression humaine – larmes ; sanglots ; cris ; joie plaisir rut faim peur - poésie rudimentaire essentielle, que nous serions en peine de traduire sur papier.





(De Lé Clone)



Vibrations que l'on retrouve aisément, par contre, dans le heurtement naturel - ou provoqué - des sonorités. C'est là que je vois le soufle en suspens. Naturel, car instinctif. On ne recherche pas pourquoi là ça relie, là ça heurte, là ça accompagne, là ça module, là ça suspend : cela vient du fond du corps. En fonction du ressenti spontané. Provoqué, lorsqu'il est devient nécessaire de suggérer à l'autre un relief urgent qu'il n'entendrait peut-être pas naturellement. Il m'arrive parfois d'utiliser le point isolé [ . ] un espace avant, un espace après (plutôt que les points de suspension), notamment pour suggérer ce relief urgent nécessaire. Cette arythmie de résistance, contenant et la fracture et la liaison ; et la phrase butoir (on trébuche) et la phrase ouverte.


Exemple complet pour l'illustration, où j'ai cherché à nous rester en vie :
...

nous avons su . sinistre le feu plombant le trajet de la nuque . nous avons su l'eau n'éclabousser les hanches . étouffer le sillon de la bouche . rouillée la main appuyer sur la poignée du gaz . le charnier dépouiller le corps . l'ossuaire vomir l'os . chairs .

combien de dimensions encore pour être un homme . parallélépipèdes gravés au cœur du nu . combien d'incendies .
de p(l)eurésies où pouvoir récupérer poumons . du fond des chromosomes ils parlaient de solution . de mathématique . ultimes . ils parlaient d'hommes . de races . du peigne de dieu […]

récépissé de la douleur . carnassières les lèvres souillées de la hideur toujours me font peur . de la saleté de la douche toujours j'ai honte . les mannequins de l'effroyable couloir toujours me font froid . aux environs du corps . cœur . corps . cœur . corps .

alevins nous savions . les maquereaux de la mort . les voyages-collisions . à nouveau le fleuve s'effrite . d'autres mannequins . chauves . toujours à brandir le peigne de dieu […] . d'autres mantes . d'autres murs . brouillards . vous haranguez qui cette fois-ci . dans nos alvéoles malades vous insufflez quel poison . à présent . il était une fois . alevins nous savions . les proxos de la terreur .
_________________
- Merci beaucoup, Isabelle. Aïe aïe aïe, disais-je, n'est-ce pas !



Oui Chantal

Je n'ai rien à répondre à l'excellence phonétique, phonique. Tu donnes tous les appuis qu'il faut, tensions, détentes…

nous avons su l'eau n'éclabousser les hanches . étouffer le sillon de la bouche . Tu sais même éliminer tout « r » prononcé d'une succession de 20 syllabes, tu as l'art du relief que veux-tu que je dise ?
ton poème mérite une meilleure réponse - mieux qu'un développement trop à côté
Mais le peu que je dis est vrai, sur ta saisie poétique ; l'appui phonétique est au plus près de l'expression radicale

Je te lis à voix haute.

[font="Arial"]J'aimerais tant entendre Elyse enregistrer ce texte – mais elle choisit çà et là, et cette spontanéité la rend excellente je ne sais si lui demander sa voix lui permettrait d'improviser avec sa facilité habituelle


#2 Lé Clone

Lé Clone

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Posté 02 décembre 2008 - 05:11

...

____________



#3 Gardia

Gardia

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Posté 02 décembre 2008 - 05:58

un clin d'oeil de joie !
(ça doit déjà exister un clin d'oeil de joie - dommage j'aurais été fière d'innover dans le domaine des mimiques faciales expressives je suis Singe en astro Chinoise !)
Lé Clone merci de ta super réponse, et d'en avoir pris le temps et la peine
tu me parles (depuis le premier com que j'ai lu de toi) une langue familière avec des accents tout autres
j'essaierai de lui faire écho si le jeu ne t'ennuie pas trop, un peu moins indignement
juste ceci que je sors des paperasses-programmes d'ici, par impatience d'être plus substantielle dès que j'aurai plus de temps :

. les hôtes de Lascaux, de la grotte Chauvet, avec leurs ostéo et lithophonies, leurs résonances pariétales, - les anciens bâtisseurs de pyramides et de temples en fonction des effets de lumière et d'acoustique, les architectes de l'ancienne Grèce, les fabricants des porte-voix de ses acteurs - voire ceux de leurs cothurnes - tous ces gens voués à l'élargissement de la vie humaine par l'émotion et par l'éblouissement, n'auraient-ils pas tout donné pour nos lasers, nos hologrammes, ou les 5 + 1 de nos modernes Dolby SRD ?

. un poète vivant ne peut-il tenter l'écriture d'une langue nouvelle, en adéquation de richesse constitutive avec la richesse de développement de tous ces paramètres modernes où l'art et la technique font jeu égal ?

à bientôt je pars fourbir mes rêves, je reviens
amitiés

#4 dragon dé-bridé

dragon dé-bridé

    Rime eMBalLAnTE

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  • Une phrase ::Je m'en allais de TLP

    Et puis un arc en ciel m'a rattrapé.

    Je poste à nouveau (mais au lieu de descendre ici mes textes, maintenant j'essaie de les élever partout... RE-BONJOUR TOUT LE MONDE !!! 😎 )

Posté 02 décembre 2008 - 06:13

Oui, les mots peuvent nous sembler pauvres pour exprimer tout ce que l'on veut leur faire dire. Il semble qu'il manque des artifices, outre le casse tête éditorial (imaginez!) on peut se demander pourquoi par exemple, certain mot ne sont pas associés a des couleurs, pour donner une touche artistique supplémentaire a la lecture d'un livre, (quoique avec Stendhale on savait déjà quelles couleurs utilisées). D'abords ça existe, mais ça n'existe que pour la littérature enfantine, car avec ce procédé on touche à la fulgurance, l'artifice de l'image (si on accepte qu'un mot coloré n'est plus un simple signifiant, on entre dans l'image) agit sur l'instant. Je veux reprendre ce que disait très justement "Léclone" bleu pleur, rouge colère ; c'est à dire qu'outre une sémantique mémnotechnique la profondeur du concept est léger, il n'y a la que des émotions très simples, je veux dire qui semble privé de nuance, pire qui semble enlevé une liberté d'interpretation. Car le propre de l'ecris c'est qu'il ne s'agit pas d'une image mais d'un outil graphique qui fait appelle aux images.

Pourquoi je parle de ça? Si j'ai bien comprit le topic, vous avez décidé de disserter sur les effets du son, Gardia parle de rythme, Léclone a l'air d'avoir quand même débordé sur les effets visuels et sonores

Bref votre débat à 500 ans, peut être un peu plus, aurais je le courage de vous parler de ce que je ressens des Classiques et des romantiques? je pense que oui, d'ailleurs je m'en vais le faire.

J'en étais à dire que l'ecriture n'est pas une image, mais fait appel aux images. Excusez moi de m'éloigner de votre délire "les r ont de la profondeur, et les l gngngngn"... Je vous propose de vous exposer mon simple point de vue, pas très interessant pour ce qui relève de l'opinion, mais qui peut tout à fait s'inserrer dans votre débat pour les éléments culturels, analytiques que je veux proposer.
Gardia connait mes cents projets, mais il y a encore beaucoup de mystère autour de mes envies, sait elle que depuis 4 ans je remplit des carnets de mes reflexions ? non
Ici pourtant je vais inserrer quelques citations de ces carnets, où , ayant lu Verlaine, j'ai analysé la structure rythmique de ce poète , dans la droite lignée de votre débat, analysé au plus au point, rédiger mes notes... J'ai comprit que Verlaine avait baclé le travail, cependant je t'en supplie Gardia, ne le dénigre pas tout à fait, il y a des choses chez ce poète, ça je crois que tu t'en doutes, que Valery n'a pas.

En tout cas, jusqu'a ce que je sois maladroitement interrompu par l'embetant Léclone (interessant au demeurant ça n'empèche), je m'apprétait a parler de Baudelaire.
Lui aussi a baclé le travail , j'en étais a me proposer ce dilemne:
_Les arts sont ils liés (très vieille question)? cela permettrait, d'avoir le débat que vous avez sur les lettres et leurs prononciations, car on pourrait méler les images évoqués par les idées d'un ecrit aux sons des mots employés.
Quand je dis qu'il y a un problème de liberté on le voit très bien apparaitre , ici. En effet il ne semble pas que pour parler d'un fait précis, on puisse , utiliser les sons comme l'on veut, et meme que l'on puisse parler du fait sans éviter d'employer des sons qui nuisent à l'effet sonore rechercher....
_ Le rythme ne sert il qu'à la sonorité?
pour la première question , je n'ai pas suffisemment réflechit sur le sujet, il me semble qu'il faille à tout prix voir l'ecriture comme
le croisement d'un infini combinatoire sonore et visuel
d'avec un infini de nuances de signifiants,
Pour moi donc on peut lié les arts justement grace à l'ecriture comme le montrait bien les calligrammes d'Appolinaires. Ou d'une manière général Les fleurs du mal écrite par un homme qui souffrait d'une maladie sensorielle( dans son cerveau il n'y avait pas de séparation entre les sens , il pouvait dire rouge pour ressentir la framboise par exemple)
Tout est dit, oui il y a de liberté, c'est l'imagination qui l'a créé, un jour je reviendra avec beaucoup de détail sur ce point.

Passons maintenant à mes carnets... ou plutot dans un nouveau commentaire parce que celui là est brouillon et gaché par des critiques acerbes et injustifiés, et par plein de faute d'orthographe

#5 Lé Clone

Lé Clone

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Posté 02 décembre 2008 - 09:18





#6 Gardia

Gardia

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Posté 03 décembre 2008 - 12:24

Oui, l'homme " moderne " n'a pas inventé grand chose si ce n'est la technologie. Se servir de celle-ci pour tenter l'écriture d'une langue moderne ? Je n'ai pas d'exemple me venant instantanément à l'esprit mais cela doit se trouver dans de multiples démonstrations artistiques. En est-ce pour autant " une langue nouvelle " ? Qui dit " langue " sous-entend un ensemble de signes valant expression, expression reconnue par un nombre non-négligeable d'individus, individus qui vont à leur tour se servir de ces signes pour communiquer. Cela dépasse largement le champ de la recherche, de l'expérience ou de l'essai.

Non, Chantal, j'aurais dû préciser ; je ne pensais pas aux logiciels d'écriture aléatoire, par exemple. Quant aux diffuseurs sonores interactifs ou non des performances auxquelles j'ai assisté, leur exemple ne peut faire comprendre mon souhait que presque a contrario.

En effet ces fruits de la technique moderne sont des magies à couper le souffle. C'est pourquoi j'ai comparé leurs réalisations aux prodiges des magies primitives (Lascaux-Futuroscope). Je vois toujours le laser, l'hologramme, j'entends toujours la microdiffusion avec étonnement.

L'expérience esthétique moderne en revanche, m'a jusqu'ici toujours paru décevante (sauf en art chorégraphique).
.
L'objet (sonore ou visuel) diffusé, projeté, mis en espace, en perspective, statique, mobile, scandé, répétitif, irrationnel, aléatoire - (phonèmes, signes, bruits, fragments verbaux, langues inventées, trajets et périodes sonores, structures virtuelles, silences et nuit même !) - l'objet esthétique sensation-perception-sens toujours m'a paru de magie moindre, infiniment moindre que celle de son moderne vecteur, de ses modernes vecteurs - eux fantastiques. C'est cette distance que je souhaite le travail proprement poétique, le travail intrinsèque de la langue, pouvoir combler.

Regarde la télévision, le miroir magique que Perrault lui même n'eût sans doute jamais osé rêver. Qu'y voyons-nous la plupart du temps ? Nos têtes qui parlent.

Le prodige de la diffusion n'est pas vraiment respecté. A ceux qui distinguent le contenu du contenant, je donnerai l'image d'un moule orné finement ouvragé, ciselé, d'un métal très rare et très précieux, dont la fabrication aurait demandé des siècles de patience, de réflexion et de délicatesse, d'art, et qui ne servirait bizarrement qu'à la fabrique de choses très ordinaires, d'usage insensible. C'est excessif bien sûr, mais c'est parlant.

Le rêve que j'ai dit c'est celui d'une poésie où le travail intrinsèque de la langue pousse bien plus avant les possibilités expressives de tous les paramètres d'ordre linguistique : phonétique - plein emploi des ressources phoniques, recherche syntaxique - développement des tropes -, rigueur formelle - maîtrise et dépassement (tant quà faire ;) ) de tous les procédés les plus poussés que le génie de chaque langue humaine donne aux peuples qui la parlent.
C'est ce qu'on cherche ici où je travaille.
Mais il y a beaucoup d'attitudes réflexes - réflexes culturels - qui retardent la compréhenseion.
Un exemple entre vingt ? si l'on parle à un musicien électroacousticien alexandrin par exemple, il répondra déconstruction. Il ramènera le projet poétique aux travaux d'il y a cinquante ans (Pierre Schaeffer pour résumer).
Il y a certainement des formes nouvelles à créer.
Les blocages viennent toujours de la doxa, de l'idéologie au pouvoir.


Les émotions ne sont jamais simples, simplistes. Elles sont extrêmement compliquées, tant dans leurs racines que dans leurs ramifications. Elles sont la base de toute création, toute réflexion, tout souffle, tout désir, tout mouvement et surtout toute NUANCE. La palette est extrêmement vaste, toujours inachevée, venant d'on ne sait où et partant on ne sait où. C'est dans cet espace indéfini que le créateur étire les limites de sa création en se servant d'outils. L'outil sans l'émotion c'est rien.


je termine par la citation de ta réponse à Lambert si juste ; mais je le connais un peu <_< , suffisamment pour être sûre qu'il te comprendrait parfaitement s'il était de temps à autre un peu moins dragon et un peu moins débridé

il est tard !
voici le chant des grenouilles vertes qui commence avec la nuit ...
Ma mère ne croira jamais que je suis restée si longtemps à chercher ma ceinture perdue
:mellow: !!!
:)

#7 Lé Clone

Lé Clone

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Posté 03 décembre 2008 - 05:38

...

#8 Chat

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Posté 03 décembre 2008 - 05:55

J'adore ta citation. Cela me fait penser aux yeux bleus de mon frère !



Et de mon homoerectus

#9 Lé Clone

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Posté 03 décembre 2008 - 05:58

[ ...]

#10 Comtoise

Comtoise

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Posté 03 décembre 2008 - 06:01

Les attitudes réflexes sont à la fois prison et protection. Ô Gardia du rêve et de la poésie, je possède quelques clefs de ton rêve. Disons plus exactement, je crois connaître un chemin où tu pourrais trouver quelques clefs de portes menant aux rêves. J'aurais transmis une esquille de feu. Il est question de rythmes, de peuples, de recherches, de rigueur, de maîtrise, de dépassement de soi et dépassement des préjugés… , plus une bonne dose nécessaire de disponibilité et de douce folie. Là où j'ai laissé le rêve, le projet, c'est dans la rigueur et la disponibilité que cela me coûtait. Je perdais mon souffle naturel et je n'avais les compétences phonétiques nécessaires - c'était mon avis et pas le sien - pour mener à bien cette " langue nouvelle ". Je veux parler de mon expérience poétique avec le poète tunisien Youssef Rzouga. Hier dans ma réponse j'y ai pensé lorsque tu évoquais le rapport des brèves et des longues (je me suis même demandé si ce n'était pas une perche dorée), mais il y avait tellement à essayer de dire dans cette réponse que j'ai zappé cette partie, pratiquement sûre d'y revenir.

Youssef Rzouga est à l'origine d'un projet poétique que nous avons appelé " rythme occiriental " pour ce qu'il tente de rapprocher deux rives, deux cultures, deux rythmes assez différents, par l'introduction dans la poésie de langue française de la rythmique arabe selon des alternances régulières de brèves et de longues. C'est là où je parlais du " secret du rythme ". C'est un projet sérieux, ambitieux, hyper intéressant, avec ce qu'il faut de relations et d'appui pour mener ce projet (là, j'avoue que j'aime beaucoup moins cet aspect mais je crois, malheureusement, que c'est incontournable si on veut se faire reconnaître) une musique en suspens, une écriture khöl, sur un velours épais de rideau, bleu et transparent. Je crois que tu as la disponibilité et le brin de folie nécessaires pour essayer de faire un bout de chemin avec ce rêve et continuer, peut-être, le projet, là où je me suis essoufflée car naturellement solitaire, un peu farouche et n'aimant pas les chemins de la reconnaissance confondant talent et relations - aïe, je vais en faire bondir quelques-uns -, très personnel comme sentiment, trop verseau quoi ! :lol: . Si cela t'intéresse je peux te donner les coordonnées de Youssef et vous mettre en contact. La suite par mp.



tu casses toi, laid clown

#11 Lé Clone

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Posté 03 décembre 2008 - 06:05

.

#12 dragon dé-bridé

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Posté 03 décembre 2008 - 08:05

Oui, l'homme " moderne " n'a pas inventé grand chose si ce n'est la technologie. Se servir de celle-ci pour tenter l'écriture d'une langue moderne ? Je n'ai pas d'exemple me venant instantanément à l'esprit mais cela doit se trouver dans de multiples démonstrations artistiques. En est-ce pour autant " une langue nouvelle " ? Qui dit " langue " sous-entend un ensemble de signes valant expression, expression reconnue par un nombre non-négligeable d'individus, individus qui vont à leur tour se servir de ces signes pour communiquer. Cela dépasse largement le champ de la recherche, de l'expérience ou de l'essai.








Non, rien n'est enlevé à la liberté d'interprétation. Il ne faut pas s'arrêter sur un exemple posé là pour l'illustration d'un point du discours. Les émotions ne sont jamais simples, simplistes. Elles sont extrêmement compliquées, tant dans leurs racines que dans leurs ramifications. Elles sont la base de toute création, toute réflexion, tout souffle, tout désir, tout mouvement et surtout toute NUANCE. La palette est extrêmement vaste, toujours inachevée, venant d'on ne sait où et partant on ne sait où. C'est dans cet espace indéfini que le créateur étire les limites de sa création en se servant d'outils. L'outil sans l'émotion c'est rien. Tout hante, tout bouge, tout caresse, tout croît, c'est cela ou c'est la mort. Vois l'espace qu'il y a.


va te faire voir et apprend à lire ! j'ai mit [j'ai pas finit] ce qui signifie que tu ne peux même pas savoir ou je voulais en venir !J'avais juste cours et je ne voulis pas perdre l'esquisse même érronée de mes idées

#13 Lé Clone

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Posté 03 décembre 2008 - 08:09

...

#14 Lé Clone

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Posté 03 décembre 2008 - 08:22

!

#15 Gardia

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Posté 03 décembre 2008 - 08:27

Tu parles par 2 ème MP de mes " maudites excavations ", sans rien développer, bien évidemment.
Dois-je entendre que je déterre des morts ?


qu'arrive-t-il à tout le monde ???

http://www.toutelapo...c-v-t22767.html

tiens chère Lé Clone, une récréation-respiration :

la chanson d'Hamilton
et l'écho que je lui donne

vois le fourmilion déterrer les morts déterrer les mots ;)
merci ton énergie pas essoufflée du tout - pour le poète avec qui tu travailles (ça c'est bien !) j'essaie te répondre du mieux que je peux passé la récré !

#16 dragon dé-bridé

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Posté 03 décembre 2008 - 08:36

Il est toujours possible de revenir sur des points incompris ou incomplets. J'ai donné réponse à ce qui était posé. Ce n'est vraiment pas la peine de t'emporter. Ton " j'ai pas finit " (sic) peut être pris dans le sens où d'autres éléments vont venir se rajouter, sur lesquels il est possible à tout moment de répondre. Si vraiment il ne fallait pas répondre, il fallait le préciser d'une manière claire. Si vraiment tu ne voulais pas qu'il y ait une réponse partielle, tu pouvais garder ton début de réponse de côté, et prendre le temps d'achever ta réponse avant de la publier. Quant à aller me faire voir, et les réactions de Comtoise, une fois de plus cela démontre qu'il est quasiment impossible de discuter sereinement sur tlp. Salut !



mais si excuse moi, reviens !
Ne t'emporte pas comme une girouette (j'ai dit ça avec un peu d'humour)
en gros ne la joue pas "dragon dé-bridé"et si tu veux savoir, hier j'ai vu ton commentaire (injuste ) sans avoir la possibilité d'y répondre jusqu'a ce matin , ce qui m'a mit a bout, tu peux comprendre
bon je t"envoie un mp


#17 LePoete2008

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Posté 03 décembre 2008 - 08:41

c'est vrai que parfois lambert est con, mais il vaut la peine qu'on lui tape dessus et qu'on lui pardonne

#18 dragon dé-bridé

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Posté 03 décembre 2008 - 11:28

A quoi ça sert le rythme?, " l'exemple de Verlaine "

(simple postulat)






passages de mes carnets de Aout 2006 à Septembre 2007 (je ne pensais pas un jour les montrer au public)

je commence par un passage qui n'évoque pas les sons mais qui est indispensable pour comprendre l'évolution de ma pensée lorsque j'analyse les fêtes galantes et le rythme de l'ecriture Verlinoise



ecrit le 04/11/06

"Je dois avouer que j'ai eu du mal à rentrer dans le livre. Je ne l'ai aimé qu'a la dernière parole , ce qui me prouvait, qu'a n'en pas douter, plus que tout les autres, ce livre possédait en soi une essence atomiste, insécable,
et si un vers tiré est une illustration, un poème entier séparé de son décor de vers ne serait qu'une mutilation de la pensée et de la poésie"

[...]

ecrit le 11/11/06

"l'univers des fêtes galantes unit intimement naturel et artificiel. A la vérité des sentiments et des émotions, Verlaine donne un décor de rêve ou il met en scène des personnages légendaires. Jardins et bosquets , bassins et jets d'eau, allées bordées de statues en marbre ou de tilleuls composent un cadre enchanteur; les amants s'assoient sur de vieux bancs moussus ou se réfugient dans des grottes propices à l'amour. Des canots glissent sur les étangs; on danse, on se donne la sérénade, on chante des romances ou des barcarolles, on joue de la guitare et de la mandoline. La fête se passe le plus souvent au crépuscule ou sous l'amicale complicité de la lumière lunaire. A cet univers équivoque de demi-teintes et de clair obscur correspond l'ambiguïté des sentiments. Les personnages portent des masques et des déguisements ; ils estompent volontairement leur identité . On retrouve même les figures traditionnelles de la comédie italienne - Arlequin , Colombine , Scaramouche - qui se mèlent aux personnages de bergeries (Tircis, Aminte, Clymène); plus drole et plus loufoque à cet assemblage baroque Verlaine ose encore apposer tout un cortège de fantaisies où voisinent marquis et abbés, négrillon et pirate espagnole.
En fait, des liens subtils se tissent entre le paysage et l'âme des amants; une complicité les unit . Les parfums de l'été investissent l'âme et l'entrainent à des folies, l'automne calme les ardeurs et l'hiver les amants se contentent de patiner sur des étangs glacés, au lieu de se réchauffer plus traditionnellement. Ils se montrent plus sensibles à l'influence des saisons. Leurs chants se mèlent au clair de lune, tandis que le ciel et les arbres semblent sourire aux promeneurs. Le "soir equivoque" de l'automne favorise les "mots specieux" des belles. La musique des hommes se fond a celle plus sourdement présente de la nature:

Et la mandoline jase
Parmi les frissons de brise
*
("Mandoline")

Parfois une touche d'erotisme teinte le poème ; les amants aiment apercevoir au grés du vent, "les bas de jambes" ; le negrillon qui porte les pans de la jupe , les soulève plus qu'il n'en faudrait afin

De voir ce dont les nuits il rêve
("Cortège")
[...]

"

ecrit le 06/01/07

"J'ai lu hier que Pierre-Henri Bornecque a bien montré que l'architecture du livre avait un sens : dans les onzes premiers poèmes dominent nettement l'insouciance et le rêve ou le bonheur se teinte à peine de mélancholie ; mais dans les onzes poèmes qui suivent la tristesse et l'amertume l'emportent.

C'est vrai ,le soir tombe, la lumière diminue, le vent souffle, la fête a disparu pour laisser place au silence glacial de la mort. La musique s'estompe surtout, très importants, le rythme change, non plus au gres des poèmes mais d'une manière plus fondue, comme une courbe de Gauss confondu dans le recueil. Et dans cette courbe le rythme ne montre plus la vie, il s'est détaché du poète pour mener sa propre existence, chez Verlaine, il m'aparait ce soir que le rythme est vivant"

ecrit le 08/01/07

"Je crois que verlaine veut donner a son livre un caractère d'avantage ludique et s'éloigne du tragique.
L'illusion règne dans le monde , il convient de ne pas être dupe et le jeu permet précisément de s'en affranchir : jeu plaisant de la parodie, jeu subtil de la préciosité , jeu discret de l'humour, jeu plus vif de l'ironie, virtuosité du poète maître de son art. Verlaine joue avec la langue, il parsème ses poèmes d'archaïsmes "céans"( "dans la grotte") "ferut" ("en patinant") "faquin" ("pantomime"); il emploie des mots rares comme "incarnadine" ("L'allée") mais use également de termes familiers : "vertigo", "manigances" ("en patinant") "

ecrit le 09/01/07

"Verlaine s'amuse avec le vers, la rime a parfois un caractère plaisant :

_choisi/quasi
_ridicule/canicule
_banquette/caquette
_confitures/courbatures

La metrique offre une grande variété . La plupart des poèmes sont ecrits sur un seul mètre :
quatre en alexandrin("L'allée", "les ingénus", "Lettre", "L'amour par terre")
trois en decasyllabes ("clair de lune", "A la promenade" , "Colloque sentimentale")
dix en octosyllabes ("Pantomime", "Sur l'herbe" , "Cortege" , "Les coquillages", "En patinant" ,"fantoches", "cythere" , "En bateau" , "Le faune", "Les indolents")
et deux en heptasyllabes ("Mandoline" "En sourdine")
Trois poèmes possèdent une structure plus complexe 8-8-12-8 ("Dans la grotte") 6-6-6-4 ("A Clymène") 5-5-2-5-5-2("Colombine")
Une plus grande diversité encore préside à l'organisation des strophes, deux poème ne comportent qu'une suite d'alexandrins; Verlaine use encore de distique dans "Colloque sentimentale"
il emploie des tercets au nombre de quatre , puis de cinq en fin de six
On rencontre aussi des quatrains(5) et une suite de six sixains avec "Colombine" sans oublier l'emploie de la terza rima dans "Les Coquillages"

A cette variété , Verlaine joint la fantaisie.
Par exemple, les metres pairs voient leur régularité s'estomper par l'emploi de coupes irrégulières qui finissent par donner au poème un rythme incertain.
personnelement , j'avance que le rythme , chez Verlaine s'est affranchit de son auteur, qui l' a tant développer que l'energie qui s'exhale au grés de tout ses vers s'echappent ordonnément, proposant leur propre structure, choisissant d'eux mêmes leur dimension, pour la plus grande joie de celui qui les ecrits.
Verlaine se réjouit de créer de la matière pensante et libre, c'est un savant.

ce n'est plus qu'un poète, c'est un démiurge."

ecrit le 11/01/07

"Et le rythme, qui décide de ne plus soutenir le poème le fait vivre.
Des rejets et des contre-rejets disloquent le vers mais renforcent toujours l'expressivité, ainsi cette suggestion du mouvement dans "Fantoches"...

Se glisse en demi-nue, en quête
De son beau pirate espagnol


...ou cette evocation des jeux galants...

"Et les amants lutinent les amantes
De qui la main imperceptible sait
Parfois donner un soufflet qu'on echange
Contre un baiser sur l'extrème phalange
Du petit doigt[...]"
("A la promenade")



...le vers court permet des effets cocasses...

Pierrot qui d'un sot
De puce
("Colombine")


...ou laisse entendre des musiques raffinées ...

Mystiques barcarolles

Romances sans paroles*

Chère, puisque tes yeux

Couleur des cieux

("A Clymène")

ecrit le 15/01/07

" je me suis rendu compte, hier, en relisant "sur l'herbe" couché dans mon lit avec une tisane (j'ai une vie trépidante ;) ) difool pour fond sonore et récréation plaisante, que se poème se présente comme un poème conversation d'une étourdissante virtuosité, les répliques s'y enchainent avec naturel malgré la contrainte du vers, tout en créant contrastes et dissonnances. "Les indolents" appartiennent aussi au genre de la poésie parlée."


ecrit le 16/01/07 à 2h du matin

Grosse colère
"Non de dieu! mais a quoi sa sert le ryhtme ? Pourquoi vouloir le créer alors que la phrase et le vers explosent déjà, profusent de difficultés à maîtriser.
Pourquoi est ce le rythme qui m'interpelle, qui me fait préférer Verlaine à Raimbaud, même à Beaudelaire, Même à Racine !
Il est deux heures du matin et je ne vais pas très bien, tout cela m"embète, m'empèche de rejoindre morphée qui m'attend pour sa catabase nocturne, pour cette danse qui le fait toujours nous perdre lorsque le jour apparait sous les voiles d'une nuit homérique ou virgiloise:
"Ils allaient obscurs dans la nuit sollitaires"

Virgile aussi devait être obsédé comme moi par le rythme, heureusement la scansion sont des contraintes très différentes,

de soi même scander créait le chant.

chant
c h a n t
je note le mot, et tout d'un coup suis prit d'une irrésistible fatigue, surement ayant noté ce qu'il fallait noté, et delesté de ce fardeau, m'accordait-on enfin le doux sommeil"

ecrit le meme jour au soir

"Enfin Verlaine révèle ses dons de musicien et fait chanter le vers, la rime n'a qu'un rôle secondaire; la musicalité se trouve à l'interieur du vers où abondent les harmonies consonantiques et vocaliques.
Ainsi ces deux vers où Verlaine oppose voyelles graves (a/,/u) et voyelles aigües (i/,/ü) tandis que les nasales adoucissent la mélodie:


Jouant du luth,et dansant, et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.


Ailleurs on note la diminution de l'aperture (latin: ouverture de la bouche)

Car ma detresse est infinie.


Chaque syllabe possède sa nécessité musicale. Ici on entend un écho entre pâles et grêles, entre sourire et clairs, et l'harmonie consonantique en /s/ (ciel / si / si / semblent / sourire) se poursuit par la reprise du /k/ dans costumes clairs

Le ciel si pâles et les arbres si grèles
Semblent sourire a nos costumes clairs

nous l'avions prit pour un poète..."

cet apres midi je montre mes notes sur poème saturnien et la bonne chanson qui sont une poursuite de l'exposition de ma thèse: le rythme est créé par l'auteur (pas que verlaine) et lui echappe

je mets beaucoup de temps pour rédiger parce que mes carnets font un joyeux bordel alors excusez moi s'il y a des erreurs ou des fautes d'orthographe

a noter que les vers qui possedent un asterix sont ceux que je trouve sublissimes



#19 Lé Clone

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Posté 03 décembre 2008 - 02:40

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#20 dragon dé-bridé

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Posté 03 décembre 2008 - 03:26

ecrit le 10/02/07

"Ce qui me frappe chez Paul, c'est son évolution, s'il avait bu moins d'absynthe et qu'il avait plus osez, il aurait été au bout de son idée, mais il est mort avant.
pourtant il faut le voir l'évolution"

ecrit le 12/03/07

"En 1873, Verlaine avait eu l'idée d'un nouveau "système" . Le 16 Mai, il a ecrit une lettre a son ami Lepelletier, ou j'ai lu ce passage :"Les vers seront d'apres un système auquel je vais arriver. Ca sera très musical, sans puérilité à la Poë [...] et aussi pittoresque que possible" .Et le 23 Mai , il ajoute qu'il veut arriver, a force d'efforts "à la facilité de Glatigny, sans -naturellement- sa banalité". Il s'agit donc de conjoindre musicalité, pittoresque et complexité ; celle ci doit apparaitre dans l'art des images et dans l'organisation rythmique du vers.
Je lis Sagesse qui vient après cette lettre, Paul a t il tenu sa promesse ?
On est sorti du simple cadre des fêtes galantes , qui restent des poèmes pour jeunes filles. Je sens bien que ces vers recèlent quelque chose de nouveau mais je ne trouve au début nul vers pour l'illustrer. je donne le recueil à ma soeur qui m'avoue ne pas comprendre ce que je trouve de si phénoménal dans ce poète; Finalement elle finit par m'avouer que le poème qu'elle a préféré , mais qui lui semble cacher le plus de mystère c'est "l'espoir luit" le III, III
Ca donne ça :

L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable
Que crains tu de la guêpe ivre de son vol fou
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou
Que ne t'endormais tu, le coude sur la table

Pauvre âme pâle , au moins cette eau du puit glacé
Bois-là. Puis dors apres. Allons , tu vois, je reste
Et je dorloterais les rêves de ta sieste
Et tu chantonneras comme un enfant bercé

Midi sonne. De grace , eloignez vous, madame
il dort; C'est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux

Midi sonne. j'ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L'espoir luit comme un caillou dans un creux
ah! quand refleuriront les roses de septembre

c'est pour moi une sorte de révélation qui coincide avec la lettre de lepelletier;
Verlaine y désarticule le rythme de l'alexandrin, la césure ne correspond plus a une pause et aucun vers ne possède les mêmes coupes
Je m'arrete surtout sur le premier quatrain :

L'espoir luit // comme un brin / de pai/lle dans l'étable
Que crains tu // de la guê/pe i/vre de son vol fou
Vois// le soleil / toujours poudroi/e à quelque trou
Que ne t'endormais tu, // le coude/ sur la table


soit:
3 // 3 / 2 / 1
3 // 3 / 1 / 4
1 // 3 / 4 / 4
6 // 2 / 4

Ce rythme s'oppose au sens du poème qui invite au sommeil réparateur, et s'opposant au siginfiant , il se détache de l'auteur, de mêmes les images suggèrent le contraire, : il fait chaud et sombre, mais verlaine parle de lumière et d'eau fraîche; abstrait et concret se trouvent liés tout en demeurant distincts"

ecrit le 14/08/07 dans mes dernieres notes sur Verlaine, mes carnets sont décousus, parlent de philosophie (247 page dans un éloge de l'inconstance et de l'inconséquence) analyse la tragédie pêle mêle avec le conte , la dramaturgie, propose une montagne d'idée d'essai( si je développais tout il me faudrait 18 vies) et même de mathématique avec une méthode de résolusion d'un sudoku en moins d'une minute qui échoue depuis 3 ans, mais qui est une question qui se reveille à moi régulièrement.

"De tout les livres de Verlaine, "La bonne chanson" et "Romance sans parole" ont dans mon coeur un place si importante , que je ne peux m'imaginer en parler pour m'interrompre, fusse pour des choses aussi bassement ordinaires que se préoccuper à manger ou sortir, je resterais donc assis et j'ecrirais jusqu'a ce que j'eus terminer de déméler de moi, dans ce tissus de poésie, les longs fils du complexe entrenoués à la couture aussi belle que simple et qui trouve sa forme la plus harmonieuse dans ce voeux de Verlaine ,

"agitez les rideaux d'un feuillet et comme un mince filet de vérité acceuillez sur vos yeux ce geste du soleil" (lettre à Lepelletier)

Ecoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !

La voix vous fut connue (et chère ?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,

Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.

Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.

Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.

Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !

Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage.



dans ces deux recueils le rythme continuent de m'obseder...
La bonne chanson
Le souci de variété est toujours là dans l'usage des mètres et des strophes. Huit poèmes sont en alexandrins, tantot Verlaine conserve sa régularité: ainsi pour peindre le calme et l'equilibre du paysage dans les trois premiers vers du poème I, rythmés 6//6, tantôt il introduit un rythme différent: au vers 4 du même poème , il suuggère le départ par un déplacement de la coupe:

(I)on sort sans autre but/ que de sortir// on suit


La fixité du mètre se trouve souvent atténué par les nombreux enjambements , qui en brisent la régularité et enchaînent les vers pour donner une impression de continuité;

(IX) Est longue , juste assez pour qu'elle ne dérobe
Qu'a moitié sous ses plis jaloux le bout charmant
D'un pied malicieux imperceptiblement

Certains ont une allure presque accrobatique

(I)L'air est vif; Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec

De fréquents rejets et contre rejets accentuent l'irrégularité mais se justifient toujours par la suggestion qu'ils apportent pour renforcer le sens , ainsi pour marquer l'ecoulement du temps:

(X)Quinze jours encore et plus de si semaine
Déjà ![...]


Ou pour mettre en valeur un mot capital

(XVII)Sans nous préoccuper de ce qui nous destine
Le sort [...]


Verlaine, comme dans ses livres précedents , recherche la musicalité. Il use dans l'alexandrin, d'harmonie consonantique, comme dans cette alternance de /R/ et de /s/

(I) Dont la claire douceur a soudain caressé

Ou dans cette fluidité qui nait de la reprise des liquides /L/ et /r/

(X)Coulent les jours, ainsi qu'un fleuve au bord fletri



Romances sans paroles
L'art de verlaine atteint ici sa plus haute réussite . L'influence de Rimbaud paraît indéniable. Il a détourné Verlaine de
l'effusion lyrique ! de la confidence subjective ! du pittoresque exterieur ! Il l'a incité a s'abandonné à l'univers du songe !
C'est ici le fourvoyement du poète dans la chanson, du sens dans la musique.
Verlaine cherche à atteindre une langue épurée, qui frise parfois la banalité;
la syntaxe et son armature logique s'effacent pour laisser place au notations juxtaposées. Les mots perdent leur signification
conceptuelle pour ne garder que leur valeur musicale.
Le titre emprunté à Mendelssohn (Lieder ohne Worte , 1828) indique clairement l'intention du poète : la parole s'efface
devant la musique, c'est la victoire du rythme!. La poésie devient chant. Aussi Verlaine accorde t il toute son attention à la
mélodie du vers. Il conserve la strophe traditionnelle car il n'a nul souci de la compositon harmonique qui s'etend sur tout
le poème ; et le quatrain domine nettement; Il introduit les mètres impairs, plus souples et plus fluides : le pentasyllabe
l'enneasyllabe, les vers de onzes syllabes. Ces deux derniers types de vers manquent d'assise rythmique et se trouve en perpetuel déséquilibre . Rien ne convient mieux pour suggerer musicalement l'evanescence et l'incertitude:

Je devine, à travers un murmure
Le contour subtil des voix anciennes

Si les mètres pairs dominent , Verlaine en renouvelle la forme . Il use en effet deux fois de l'alexandrin, deux fois du décasyllabe, cinq fois de l'octosyllabe, une fois de l'hexasyllabe et deux fois du tetrasyllabe. Trois poèmes sont ecrits en vers variés...et j'en passe
Mais il fait surtout varier la place des coupes et des accents; l'alexandrin perd son architecture traditionnelle avec la coupe à la césure et les quatres accents qui délimitent quatre mesures régulièrement distribuées, ici aucune coupe n'intervient:

L'ombre des ar/bres dans la riviè/re embrumée
4 / 5 / 3

ailleurs la coupe se trouve déplacée:

Que le déreglement / des vagues, // Ô délice !
6 / 3 // 3

Le decasyllabe n'a plus sa structure habituelle : 4/6 ou 6/4. Verlaine préfère d'autres rythmes plus subtils. Tantôt,il supprime la coupe :

Luit dans le soir / rose et gris / vaguement
4 / 3 / 3

Tantôt, il la met au milieu du vers :

Par instant / je meurs // la mort / du pécheur
3 / 2 // 2 / 3

Ou a des endroits plus imprévus:

Mon amour // qui n'est / que ressouvenance
3 // 2 / 5

Verlaine relègue la rime à un rôle secondaire afin d'éviter le retour trop marqué d'une même sonorité. La continuité du chant exige une ligne mélodique ou la rime s'estompe. Verlaine préfère la rime féminine ; souvent, il emploie à cause de l'e assurdi qui prolonge légèrement le vers. La modulation des voyelles et le jeu des consonnes lui permettent d'atteindre à de très heureux effets; ah! il faudrait ecouter la musicalité de l'ariette III qui vient de la répétition des /oe/ fermé et ouvert et de la reprise de /¨wi/ . Les mots ne se regroupent plus selon les lois exclusives de la syntaxe, mais s'enchainent en arpège; ils deviennent des notes.
Ah! verlaine ! Modulations, euphonies, ou parfois dissonances calculées des timbres envoûtant la sensibilité. Qu'on écoute ici la modulation /aR/, /eR/, /oeR/ qu'adoucit la reprise des nasales de ces plus beaux mots de ce recueil! la phrase la plus musicale de la poésie, ne lisez pas ces mots , mangez les, mangez les et sentez comme ils sont bons, ils sont délicieux, ils sont le champagne, la bière fraiche et le fruit, la pèche, la chair rougoyante qui meurt quand on les lit et qui ressuscitent quand on referme le livre:

Ecoutez ça!

L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée


il est autorisé de penser que la poésie n'a rien fait de plus beau!

Car chaque voyelle et chaque consonne se trouvent choisies avec soin et serties a une place irremplaçable . Verlaine a renoué la vieille alliance de la poésieet de la musique. Nul n'a mieux défini son art que Suarès : "Verlaine a le privilège de la mélodie parfaite : une adorable musique, plus délicieuse qu'en toute autre langue, une chanson de psyché rêveuse et contrite[...] penchée sur sa propre grace comme une anémone qui se ferme , perdue en tendresse , toute fievreuse en sa mélancolie et toute déçue, l'enchantement de cette mélodie est celui de la caresse"


fin de mes notes....j'ai l'impression d'avoir livré quelques chose de très intime

#21 dragon dé-bridé

dragon dé-bridé

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Posté 03 décembre 2008 - 03:37

Dragon,

On est assez d'accord sur l'essentiel : voir, entendre, sentir, presque toucher l'écriture, par les rythmes, les sonorités, la forme des lettres, les spatialisations, les contrastes, les différents reliefs, parfois ces " hallucinations " sonores et visuelles incontrôlables au détriment du sens (signification) pour privilégier les sens (corporels). J'appelle cela le bouillon sensitif. Si j'ai autant insisté sur l'émotion et la sensibilité c'est que savoir comment ça marche ne m'intéresse pas particulièrement. Les perceptions me suffisent. Savoir reconnaître en soi ces perceptions, les mettre en mots le plus naturellement possible, voilà ce qui m'intéresse vraiment. Ce n'est pas aussi aisé que cela. Pour l'instant, je ne cherche pas à décortiquer les mécanismes opératoires, j'en " comprends " seulement certains d'une manière un peu " empirique " - par la lecture à haute voix, par exemple-. J'en reconnais donc la force, l'authenticité, la subtilité, la profondeur, l'atteinte, la complexité, l'inconnu(e), l'inachevé et autres composantes mémorielles touchant, probablement, à la mémoire et la conscience collectives. Là où on déterre un peu les morts, justement. C'était tout le sens de mes posts.

Je ne doute pas de ton " postulat ", de ton talent d'analyse, mais je pense que Gardia sera beaucoup plus compétente et intéressée que moi pour te répondre sur le fond. En tout cas, félicitations pour tes recherches minutieuses, démontrant ton dynamisme et ta passion pour la chose poétique. Amicalement.


en fait, de ma part c'est assez insolent, Gardia ne sera surement pas daccord sur des phrases comme "les meilleurs vers de la poésie"

du reste, je pense que tu fais bien de t'interesser à tout, personnellement je ne peux que te conseiller , le rap, le rnb, Racine, Gainsbourg, une balade en foret et une discussion avec louis

mon commentaire ne présente qu'un petit monceau d'interet sur une page de la littérature, plebiscité par les adolescents bourgeonnant qui aiment camus (ceux qui sont mélodramatique et qui ont des tortures..."d'adolescents", ce qui te donne un indice de mon age) et que d'autres préfèrent viser de l'anathème
accusé : ne pas aller jusqu'au bout
je crois pourtant (n'en déplaise gentiment à gardia) que verlaine est a sauver de cet anathème "Romance sans parole" va au bout, a n'en pas douter, il va au bout de la musicalité du vers
mais j'attends la lecture et les réactions de Gardia (qui m'impressionne malgre tout je parle de Gardia)

Lambert

#22 Gardia

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Posté 04 décembre 2008 - 09:58

ecrit le 10/02/07

fin de mes notes....j'ai l'impression d'avoir livré quelques chose de très intime


oui Lambert, quelque chose de si intime qu'il paralyse la réponse. Je te réponds avec Louis qui vient de te lire et qui vient de se régaler à te lire.
tu nous ouvres la richesse de ton univers, on écoute, on apprend avec émotion et respect.
on sent mille échos en soi - car ta passion rejoint la nôtre - mais la richesse des échos suscités gêne elle-même toute réponse, l'opulence rend immobile.
Nous parlerons plus longuement, tu guideras les échanges si tu veux. Tu es jeune - ce qui vaut mieux que tout, mieux qu'être adulte, sage, expérimenté !
Lé Clone possède une part incroyable elle aussi de richesses ! Lé Clone est très passionnante elle aussi, de soif et d'exigence. Je ne peux pas répondre à deux personnes aussi différentes d'un seul commentaire, ni de cinquante d'ailleurs - mais seulement sur ce point qui nous rapproche tous 3 - tous 4 avec Isabelle ! dont j'ai pris le clavier, je peux essayer d'être plus clair.
L'analyse et l'instinct.
Lambert, les études littéraires au collège, au lycée, en supérieur, ne sont pas conduites par des poètes. La richesse des exégèses, leur incroyable ingéniosité d'analyse parfois met des mots sur des émotions. Cette ingéniosité est d'autant plus séduisante pour les étudiants qui les découvrent, que ces étudiants sont - relativement - vierges, intellectuellement, les terres ou les têtes neuves sont prêtes à recevoir le grain semé par le prof de français, par le poéticien, le stylisticien, et tous les docteurs de la philologie spécialisée.
Verlaine procède par instinct. Je ne dis pas que l'instinct exclue l'analyse. Les schémas métriques, les recherches phonétiques, l'exploration lexicale et métaphorique peuvent devenir conscients chez le créateur théoricien de son oeuvre. Mais lorsqu'un étudiant a frissonné à la lecture de L'espoir luit, (très bel et bon exemple), il est trop heureux vibrant qu'il est de l'émotion poétique ressentie, du discours théorique adjacent reçu ou lu du Professeur. Ce discours théorique non seulement paraît lui livrer les clefs de son émotion, mais encore ouvrir les portes du partage esthétique et sensible avec les semblables - la poésie et l'art n'étant après tout que tentative de communion.
Dans les années 70-80 je me souviens non seulement avoir étudié - tout seul, au lycée puis en fac, mais encore acquis à mes frais et dévoré tout, vraiment, ce que l'Université avait pu produire et produisait encore de l'exégèse mallarméenne - car j'ai divinisé Mallarmé étant jeune. (Je ne renie pas cette passion du reste !)
Mallarmé est pain béni pour l'enseignement supérieur, le poète ayant lui-même beaucoup théorisé sur l'écriture. Dans l'histoire récente des Lettres françaises et même de la littérature occidentale il y a un avant et un après Mallarmé. Exactement comme en musique "savante" occidentale, un avant et un après Debussy.
Mais nous n'en sommes plus là. Ici je m'adresse toujours à Lambert mais peut-être plus à Lé Clone (à qui j'essaierai de répondre en privé sur le très intéressant contact poétique qu'elle propose à Isabelle.) Les recherches des neurosciences, appuyées sur l'imagerie fonctionnelle (cérébrale), les expériences portant sur (désolé du barbarisme) la psychophysiologie de l'hyperfonctionnement perceptif - qui caractérise en commun artistes et autistes, une seule lettre sépare les deux termes ! - sont vraiment surprenantes et précieuses à mon sentiment, parce qu'elles permettent enfin, enfin ! après des siècles d'épuisantes et vaines querelles de goûts et de couleurs ! enfin ! un chemin vers certaine objectivation des critères en matière d'émotion et de jugement esthétique. Là vraiment, il y a nouveauté. On peut bien frissonner d'émotion intime devant l'oeuvre touchante, parler de saisie aux entrailles, d'exaltation etc. pour la première fois nous pouvons soutenir l'émotion ressentie non seulement de discours mais d'observations physiques concrètes profondes. Nous entrons dans les têtes (Isabelle me demande ici d'inclure un clin d'oeil à Chop Suey et à d'autres il faudra qu'elle m'explique). Mais - ceci destiné particulièrement à Lé Clone - l'analyse et la description des trajets neuronaux, de la plasticité synaptique et toutes autres folies de l'aventure scientifique moderne !, ne se réduisent pas à un plan nouveau d'exégèse descriptive, d'observation froide et sans fruit.
Nous pouvons en effet, grâce aux décloisonnements culturels ouverts par les médias et à la rapidité des échanges de la communication moderne, comparer aujourd'hui aussi bien les structures de toutes formes de langage esthétique que celles physiologiques de leur perception - dans tous les domaines où raison-émotion jouent leur partie serrée (l'invention esthétique dépendant de l'issue).
Proposant à la science toute sorte d'objets d'étude - chant de labour d'un paysan nivernais, récitatif d'un opéra chinois, clip de Michael Jackson, tragédie de Racine (je ne plaisante pas) - nous pouvons comparer, rapprocher, fusionner, dégager des concepts, défricher des chemins de création nouvelle.
Mais il se peut alors que ces comparaisons nous renvoient au creusement renforcé de notre seule et exclusive culture, comme si nous cherchions dans la profondeur des seules ressources locales du génie de notre langue, à rejoindre l'universalité, le noeud commun de l'expression humaine.
La synesthésie de Lé Clone est rarissime - je souffre aussi de cette maladie ! Mais ce n'est pas une nouveauté, et de toute époque quantité d'artiste ont exprimé les particularités de cette affection dans leurs oeuvres plus ou moins consciemment.
Enfin - tant pis pour la candeur ! - je trouve merveilleux le projet d'entrer sous la peau poétique non plus par des images verbales, mais par des yeux de chair.
Bien amicalement à tous
Louis Latourre
Merci - bravo pour la strophe de Malherbe, merci à Isabelle pour ses glanes poétiques - je ne m'y serais pas risqué ! Elles me donnent envie d'essayer moi aussi mais c'est vraiment délicat, bien pire que l'invention pure il me semble.

#23 dragon dé-bridé

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Posté 04 décembre 2008 - 10:34

la synesthésie ce n'est pas la maladie dont souffrait Beaudelaire, qui veut que la zone du cerveau qui est sensé séparer les sens les fait se fondre?
merci de me répondre car je cherchait le nom de cette maladie sans arriver a la trouver...

je ne souffre pas de cette maladie, ça me chagrine..

a peine lorsque je suis ivre de café, à bout d'espoir et d'imagination folle, souffré je de la démence d'y croire

mais ce n'est pas du jeu , l'imagination et l'espoir peuvent faire tout ressentir, et (extrème paradoxe) peuvent faire réellement créer les douceurs du mensonge

Louis, je comprends ce que vous dites de mes carnets, par contre je n'ai pas étudié Verlaine au Lycée

c'est au contraire parce qu'une prof de Lettre le dénigrait que je m'y suis interessé (simple esprit de contradiction, très ordinaire à cet age) J'ai aussi essayé de sortir des chemins de pensée académique, de parler de moi, par exemple, en parlant de Verlaine (j'ai une obsession pour le rythme et la musique, surtout parce que je rêve (non oubliez ce mot , le mot rêve est encor trop loin de ce que je ressens) de jouer du piano, Gardia un jour est tombé juste a ce propos)

Je rêve aussi de peindre, et refuse pour cette raison de tenir un pinceau(je préserve cet instant)

J'espère un jour trouver un sujet de dialogue avec vous

mais il apparait deux conditions

_vous tutoyer

_Qu'un sujet existe, que je dise merde à la facilité acquise(et mes délires sur la technique poétiques qui resolvent tout) pour accueillir plus pleinemment qu'aujourd'hui mes élans innés, le chemin moins glorieux pour les autres (à notre époque) mais si gorgé de trésor de la poursuite de mes dons, de mes idées, de ce que j'ai de progressiste et d'original, l'art quoi!


vous vous entenderiez bien avec ma soeur qui croit en la recombinaison des sciences, art, litté, philo, plutôt qu'en leurs exclusions, moi, d'avoir cotoyé ma soeur, m'a fait participer avec elle sur des sujets de hautes voltiges intellectuelles (parfois ma soeur est plus progressiste que moi)

vous serez donc surement daccord , avec sa théorie, étonnante pour une scientifique sorti de normale sup' ( qui formate lles esprits) et qui veut que l'univers ne peux être plat, tout ça n'aura de sens, que s'il est possible de comprendre qu'un phénomène physique puissent être différent d'un point à un autre dans l'univers alors que les conditions scientifiques sont les mêmes

plus simplement cette idée va a l'encontre de toute les idées moderne et le paradigme actuel

ma soeur est géniale

moi ce qui me séduit dans une idée, c'est quand elle n'est pas possible
mais comme dirait ma soeur "je ne suis qu'un délire abstrait et un tiroire ouvert et en desorde" bref les vetement pendent et sont froissés!

Allez bien à vous
ou bien à toi

#24 Gardia

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Posté 04 décembre 2008 - 10:43

Allez bien à vous
ou bien à toi


toujours tutoyer les gens qui nous tutoient cher Lambert ! Pape inclus !

je te demande pardon d'avoir répondu à ta musicale et poétique analyse verlainienne, personnelle, comme s'il s'agissait d'un commentaire standard sorti des directives académiques.
Je voulais répondre en même temps à Lé Clone. Qui trop embrasse comme tu sais (et comme d'autres devraient savoir !...)
j'envoie vite ce message avant la censure,
à bientôt pour d'autres échanges
LL

#25 dragon dé-bridé

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Posté 04 décembre 2008 - 10:57

un des gros sons du moments a des paroles horriblement machistes
c'est claire que ça dépasse l'immorale, le propos est plus simplement amoral

mais les sons sont et les rythmes sont incroyables

surtout avec la musique

j'aime particulierement ce qui est en gras (surtout la façon dont le chanteur le dit)

comme quoi on peut trouver des trésors litteraires dans les confins les plus amoraux et financierement interesse de l'art:

J'me lave le pénis à l'eau bénite.
J'vais rentrer au pays,
Marié, quatres grognasses qui m'obéissent.
Avant d'avoir le net, je surf sur la pisse.
J'ai été, j'suis malhonnête, ramène tes seufs sur la piste.
92 soupapes, dans le moteur un peu de weed.
Dévasté à la mort de 2pac, Malcolm, Apollo Creed.
Ma biche, c'est du lourd comme Bernard-Henry Levy.
Bitch bien sûr je parle anglais, je suis Heavy je suis rich
Pour me battre ou m'égaler, il faudra que tu triches.
Sénégalais, j'ai plus d'une corde à mon arc, tu piges?
J'vais t'presenter des fêlés, qui eux n'passent pas à la télé.
Pour être dans l'92i faut en avoir une grosse comme Makélélé.
Baby dis 92izi dans le V.I.P
Be Happy secoue ton boule, ce soir j'suis b.i.g.
Tu veux détrôner l'd.u.c? Tu as trop d'imagination.
Regarde mon gun, j'suis fashion sur youtube, dailymotion.


REFRAIN :

Je tourne en rond, je fume, je roule en ture-voi
Pour trouver le sommeil.
Ma prof m'a dit : Qu'est-ce tu veux faire quand tu seras grand renoi?
Rien j'veux faire de l'oseille.
Et j'suis rentré plus difficile vu mon profil
J'veux être le prince de la ville
Malgré ca j'ai fait mon possible B2O il est àl
Kifferé se lever le plus tard possible
Réglo ou illégal

Chaque problème à sa solution
J'roule en 4x4 rien à foutre d'la pollution
Le coût de la vie t'enlève tout de la vie.
Tu traines en meute, devient loup de la Ville
Les chiffres et les chiffres fuck les lettres et Patrice Laffont.
Musique à fond, liasses d'oseilles jusqu'au plafond
Je suis prêt j'ai les brevets
Frais à en crever
Viens chez moi, GHB dans ton re-vè
38 spécial, smith et wesson, gilet par balle si tu penses à me lever
Bleu sont les giros, rouges sont mes yeux,
Blanche est la colombe, Jack est mon sirop.
Personne est réglo, tout le monde se crève
Ou est le Maghreb? Ou sont les negros?
Ne me dis pas que je n'ai pas le droit.
Je dois m'en sortir, man je n'ai pas le choix.
Je te prends en levrette, laisse moi mettre le doigt
Perpet' j'connais pas, car j'ai mâitre Lebraz
Mon coeur est une bouteille de gaz.
J'mendors sur du Wu tang avec une douzaine de tasses.
Tous les jours c'est le week end, moi j'traine avec mala et brams
Négro j'te l'ai d'ja dit j'suis pas une racaille de base
Fais l'malin avec mon blé, j'tenvoies une rafale de baffes
J'ai pas l'time de t'écouter moi j'ai des montagnes de taffe.

REFRAIN

Tu sais ou sont les macs,
On rentre dans la boite.
Tu cherches ma table?
C'est celle ou y a le plus de jack.
Je Protège mon Bac j'suis un peu paranoïaque
?
Bouteilles à moitié pleines a moitié vides.
Les grosses coupures c'est ma devise
Fous toi tes fiches de paye au cul,les khos n'arreteront pas le bizness
Laisse moi etre B.O.S.S
Accompli mes rêves de G.O.S.S


désolé pour les âmes sensibles!

#26 Comtoise

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Posté 04 décembre 2008 - 11:10

un des gros sons du moments a des paroles horriblement machistes
c'est claire que ça dépasse l'immorale, le propos est plus simplement amoral

mais les sons sont et les rythmes sont incroyables

surtout avec la musique

j'aime particulierement ce qui est en gras (surtout la façon dont le chanteur le dit)

comme quoi on peut trouver des trésors litteraires dans les confins les plus amoraux et financierement interesse de l'art:

J'me lave le pénis à l'eau bénite.
J'vais rentrer au pays,
Marié, quatres grognasses qui m'obéissent.
Avant d'avoir le net, je surf sur la pisse.
J'ai été, j'suis malhonnête, ramène tes seufs sur la piste.
92 soupapes, dans le moteur un peu de weed.
Dévasté à la mort de 2pac, Malcolm, Apollo Creed.
Ma biche, c'est du lourd comme Bernard-Henry Levy.
Bitch bien sûr je parle anglais, je suis Heavy je suis rich
Pour me battre ou m'égaler, il faudra que tu triches.
Sénégalais, j'ai plus d'une corde à mon arc, tu piges?
J'vais t'presenter des fêlés, qui eux n'passent pas à la télé.
Pour être dans l'92i faut en avoir une grosse comme Makélélé.
Baby dis 92izi dans le V.I.P
Be Happy secoue ton boule, ce soir j'suis b.i.g.
Tu veux détrôner l'd.u.c? Tu as trop d'imagination.
Regarde mon gun, j'suis fashion sur youtube, dailymotion.


REFRAIN :

Je tourne en rond, je fume, je roule en ture-voi
Pour trouver le sommeil.
Ma prof m'a dit : Qu'est-ce tu veux faire quand tu seras grand renoi?
Rien j'veux faire de l'oseille.
Et j'suis rentré plus difficile vu mon profil
J'veux être le prince de la ville
Malgré ca j'ai fait mon possible B2O il est àl
Kifferé se lever le plus tard possible
Réglo ou illégal

Chaque problème à sa solution
J'roule en 4x4 rien à foutre d'la pollution
Le coût de la vie t'enlève tout de la vie.
Tu traines en meute, devient loup de la Ville
Les chiffres et les chiffres fuck les lettres et Patrice Laffont.
Musique à fond, liasses d'oseilles jusqu'au plafond
Je suis prêt j'ai les brevets
Frais à en crever
Viens chez moi, GHB dans ton re-vè
38 spécial, smith et wesson, gilet par balle si tu penses à me lever
Bleu sont les giros, rouges sont mes yeux,
Blanche est la colombe, Jack est mon sirop.
Personne est réglo, tout le monde se crève
Ou est le Maghreb? Ou sont les negros?
Ne me dis pas que je n'ai pas le droit.
Je dois m'en sortir, man je n'ai pas le choix.
Je te prends en levrette, laisse moi mettre le doigt
Perpet' j'connais pas, car j'ai mâitre Lebraz
Mon coeur est une bouteille de gaz.
J'mendors sur du Wu tang avec une douzaine de tasses.
Tous les jours c'est le week end, moi j'traine avec mala et brams
Négro j'te l'ai d'ja dit j'suis pas une racaille de base
Fais l'malin avec mon blé, j'tenvoies une rafale de baffes
J'ai pas l'time de t'écouter moi j'ai des montagnes de taffe.

REFRAIN

Tu sais ou sont les macs,
On rentre dans la boite.
Tu cherches ma table?
C'est celle ou y a le plus de jack.
Je Protège mon Bac j'suis un peu paranoïaque
?
Bouteilles à moitié pleines a moitié vides.
Les grosses coupures c'est ma devise
Fous toi tes fiches de paye au cul,les khos n'arreteront pas le bizness
Laisse moi etre B.O.S.S
Accompli mes rêves de G.O.S.S


désolé pour les âmes sensibles!




Les Âmes sensibles sont à choyer

#27 Gardia

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Posté 04 décembre 2008 - 11:19

désolé pour les âmes sensibles!

toujours pas le son sur ton ordi drago ? dommage
oui, la voix de Booba c'est du français comme jamais prononcé avant lui - l'effet est saisissant
tu tapes juste une fois de plus
=pour illustration de travail des acteurs ou conférence sur la diction on a en stock beaucoup de sons enregistrés
depuis Mounet Sully à Michael Jackson, via Julia Bartet Charles Dullin Gérard Philipe... quelle(s) leçon(s)

dommage que tu n'aies pas le son je t'aurais donné le lien de j'temmerde de Mc Jean Gab'1, le rappeur démolit tous ses confrères rappeurs, dans ce passage
surtout sur ce court ce passage

Booba, Booba, mon petit ourson
Et nique sa mère la réinsertion, même pas re-noi même pas rabza,
Juste une jaune d'oeuf mal ssé-ca,
Terrain miné, tu t'défourailles à coup de popgun, Paris c'est pas Top Gun,
N'est pas l'zaheff, moi aussi j'écoute Polnareff, houhouhouhouhou, et dans mes chiottes,
J'ai pé-cho ton flow, et j'baise sur du Gilbert Bécaud,
P'tain quel rime de batard, mais, c'est qui qui jappe comme ça,

Charles M'Bouss (le teigneux Jean Gab) se met à imiter caricaturer la voix de Booba c'est incroyable
le pouvoir des inflexions vocales ! magie



#28 serioscal

serioscal

    Serialismo Rigoroso

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Posté 04 décembre 2008 - 01:48

Juste une petite observation sur cette riche discussion.

La notion de rythme est très discutée et si je m'emporte régulièrement à son endroit, je ne puis que renvoyer aux travaux de Henri Meschonnic sur la question. Partir de Platon pour définir le rythme, en effet, c'est ramener le rythme à une loi de régularité qui correspond au retour des mêmes éléments (la rime) à la même position. Cette notion du rythme est directement reliée à une notion d'harmonie qui relève d'un ordre purement mathématique. Or, le rythme linguistique est une chose bien différente.

Suivant Benveniste, Meschonnic renvoie à une autre acception du grec "rutmos", s'appuyant non pas sur Platon mais sur Héraclite. Le rythme y est - grosso modo - défini non d'après le mouvement de la mer mais comme "l'organisation du mouvant", la disposition particulière d'une forme en mouvement.

Peu importe l'étumologie. L'essentiel est que cette notion de rythme, tant qu'elle est pensée comme retour régulier des mêmes éléments, est inapte à rendre compte de la parole poétique, dans son ensemble. Elle convient à une poésie métrique mais, déjà, elle peut difficilement rendre compte de la force particulière d'un poème. Quant au vers libre, elle ne peut que lui appliquer des schémas qui ne lui correspondent pas.

Dans un très beau texte ("Propositions sur le vers français"), Paul Claudel faisait le bilan de la phonétique expérimentale, qui a permis de dégager le rythme linguistique du français : le français connaît un accent mais pas, comme en anglais ou en latin, un accent de mot. Cet accent correspond au groupe syntaxique. Eemple :

"Cet homme / s'engage / dans la bataille" : l'accent tombe successivement sur "om", "gage", "taille".

La question du rythme ne passe plus tant par la métrificagtion du non-métrique que par la mise en oeuvre d'une batterie de "formules rythmiques", liées entre elles et pour lesquelles il est nécessaire de prendre en compte d'autres phénomènes : la phonologie, qui joue assurément sur l'accentuation :

"Dans le doute du jeu suprême" (Mallarmé) : la série des trois d tend à accentuer les trois syllabes affectées par ce phonème.
"Soleil cou coupé" (Apollinaire) : le redoublement réaccentue un "cou" qui ne l'aurait pas été, sans cela.

Plus on entre dans l'analyse fine de ces éléments, moins l'analyse est consensuelle. Mais pour tout ce qui fait la modernité poétique, cette approche est la seule valable. Et pour la poésie métrique, cette approche permet d'observer ce qui se passe à l'intérieur du vers, au-delà du cadre de la versification traditionnelle.

Surtout, cette notion du rythme ne doit plus rien à la musique car cette assimilation dissocie le "son" et le "sens". Or, là encore, ce que montre la modernité poétique, c'est le caractère indissociable des deux choses.

Meshconnic et Dessons ont donné une synthèse de leur approche dans un "Traité du rythme" criticable à bien des égards mais qui a "le mérite d'exister". Le texte de Claudel est disponible dans "Réflexions sur la poésie" (Gallimard). Aux plus courageux, je recommande "Le vers lui-même" de Youri Tynianov (1924). Le rythme y est envisagé dans sa globalité.

Quant à Verlaine... C'est un sorcier, y compris dans les Fêtes galantes, à mon sens !

#29 dragon dé-bridé

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Posté 04 décembre 2008 - 04:08

Quant à Verlaine... C'est un sorcier, y compris dans les Fêtes galantes, à mon sens !



wouhaho! je m'emmerde à fair un an d'étude personnel sur cet auteur et c'est toi qui lui fait le plus beau compliment !


"Surtout, cette notion du rythme ne doit plus rien à la musique car cette assimilation dissocie le "son" et le "sens". Or, là encore, ce que montre la modernité poétique, c'est le caractère indissociable des deux choses."

Oui , Verlaine s'est trompé, ce qui est dommage (ah! si ça n'avait pas été un alcoolique)
le truc, c'est qu'il aurait fallut qu'il avoue d'abord tout l'echec de son projet, alors , il aurais vu cette autre voie dont tu parles très justement, cela n'aurait rien changé a ces oeuvres, seulement il aurait présenté ses ecrits, et même écrit d'une autre manière, là il s'est contenté d'évoquer de loin cette idée...
Or cela sous implique beaucoup de chose : que Verlaine voye tout l'intérêt de cette liaison sens-son (quoique si tu lis "L'espoir luit " avec mes commentaires, tu vois qu'il n'est pas loin)ou qu'il s'interesse moins à la musicalité du vers

or il s'est arrêté avant

bon, tant pis ! Pensons à tout les poètes modernes qui se sont inspirés a juste titre de ces chansons..

est ce une petite erreur, que cette simple erreur de mise en scène?

Oui, oui, oui! la poésie française aurait gagné au moins 50 ans...

(en tout tu as de bonnes lectures)

#30 Gardia

Gardia

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Posté 05 décembre 2008 - 02:58

merci sérieux serial Pascal de passer enrichir nos débats
la question ne touche pas grand monde, je trouve ça dommage poésie et rythme font corps

La notion de rythme est très discutée et si je m'emporte régulièrement à son endroit, je ne puis que renvoyer aux travaux de Henri Meschonnic sur la question. Partir de Platon pour définir le rythme, en effet, c'est ramener le rythme à une loi de régularité qui correspond au retour des mêmes éléments (la rime) à la même position. Cette notion du rythme est directement reliée à une notion d'harmonie qui relève d'un ordre purement mathématique. Or, le rythme linguistique est une chose bien différente.

Suivant Benveniste, Meschonnic renvoie à une autre acception du grec "rutmos", s'appuyant non pas sur Platon mais sur Héraclite. Le rythme y est - grosso modo - défini non d'après le mouvement de la mer mais comme "l'organisation du mouvant", la disposition particulière d'une forme en mouvement.

Peu importe l'étumologie. L'essentiel est que cette notion de rythme, tant qu'elle est pensée comme retour régulier des mêmes éléments, est inapte à rendre compte de la parole poétique, dans son ensemble. Elle convient à une poésie métrique mais, déjà, elle peut difficilement rendre compte de la force particulière d'un poème. Quant au vers libre, elle ne peut que lui appliquer des schémas qui ne lui correspondent pas.


cette réflexion partant d'une opposition Platon-Héraclite-Benveniste- Meschonnic (d'ailleurs plus prolongement qu'opposition à mon sens) est vraiment étayée et bienvenue

à la Messe de Meschonnic on peut même ajouter la Messe de Messiaen ! théoriquement elles sont jumelles.

Messiaen dit qu'une marche militaire, un 4/4 bien marqué de Prokofiev, et même certaine systématisation syncopée du jazz - trois formes que le "grand public" considère sensiblement rythmées - sont à l'opposé de la notion de rythme, une notion ou conception du rythme à quoi sa sensibilité autant que ses recherches (études des décî-talas de l'Inde, de la rythmique grecque antique, des neumes du grégorien) l'ont amené.

Pour Messiaen les pas irréguliers faits lors d'une promenade, les feuilles agitées en désordre par le vent, les vagues de la mer, toutes les figures et formes réalisées par la nature (lignes des montagnes, dissymétries des arbres, cercles brisés de l'eau...) sont le rythme même.
A ses yeux, Debussy est des premiers (en style classique occidental) à illustrer cette vision du rythme.

En pratique j'avoue que je préfère à Meschonnic Messiaen, parce que les compositions de Messiaen illustrent concrètement une théorie dont la poésie de Meschonnic me semble encore distante - (mais c'est une sensibilité personnelle, mon sentiment, pas la Vérité du Monde ! comme lorsque par exemple Prokofiev dit de la musique de Debussy : C'est de la gélatine ! de la musique invertébrée !)

Dans un très beau texte ("Propositions sur le vers français"), Paul Claudel faisait le bilan de la phonétique expérimentale, qui a permis de dégager le rythme linguistique du français : le français connaît un accent mais pas, comme en anglais ou en latin, un accent de mot. Cet accent correspond au groupe syntaxique. Eemple :

"Cet homme / s'engage / dans la bataille" : l'accent tombe successivement sur "om", "gage", "taille".


Oui bien vu et bien sûr. Mais que pouvons-nous faire de cette conscience d'accent tonique ? Elle est si liée à l'usage courant que la plupart nous n'en avons pas conscience, excepté phonologistes, phonéticiens, psycholinguistes, musiciens, et j'espère bien quand même : poètes !

En avoir conscience est déjà un premier pas de mise à distance du tout-venant, une première clef de création.

Je me souviens il y a quatre ans d'une discussion mémorable entre Vladimir Volkoff et Louis, à qui il qui avait adressé Vers une métrique française – le romancier essayiste ayant commencé par la poésie.

Volkoff faisait à Louis l'éloge de la bonne diction, du respect de l'accent tonique (il en profitait d'ailleurs pour empiler au passage tous les poncifs des nostalgiques « Vieille-France » - moi j'étais entre gêne et rigolade connaissant Louis) :



- Vous au moins, vous avez souci de la belle langue et du bien dire

- Vous avez mal entendu Monsieur Volkoff ; si vous espérez que nos acteurs vont interpréter votre pièce (Vladimir Volkoff espérait une mise en scène) en respectant la « bonne » diction, la « bonne » accentuation adressez-vous ailleurs. Prononcer le français prose ou vers comme il faut n'a aucun intérêt c'est banal vous allez endormir la salle



L'autre – un premier temps – ne comprenait pas du tout. Russe romaniste helléniste et latiniste il se prévalait de sa culture, protestait d'ïambes de trochées devant Louis qui souriait patiemment :



.- Mais enfin les acteurs français ne se font plus entendre même les anciens les jeunes n'en parlons pas, en alexandrins par exemple ils ne savent pas compter ils ignorent la métrique mangent les syllabes, aucun sens prosodique etc.

- Monsieur la « bonne » manière on n'en a rien à f..tre (à foutre il l'a dit). La poésie est le solécisme permanent, la manière défectueuse de parler. Dans l'écriture elle est le versus, le retournement, le serpent qui se dévore lui-même (là je reprends en gros ce que j'entends souvent dire aujourd'hui c'est la marotte de Louis), dans la diction elle est toujours à côté de ses pompes heureusement.

Quel intérêt pour le spectateur qui paie sa place de théâtre, de se voir servi le plat qu'il mange tous les jours



L'autre a voulu l'emberlificoter dans la théorie : anapeste chorée dactyles mais Louis qui a fait conservatoire et musicologie connaît la chanson ! Je me souviens que Volkoff a levé les sourcils :

- Vous avez l'air de comprendre ce que je dis !?

- C'est un peu mon métier.



En fait (moi je le savais) Louis écrivait alors un article qui tapait pile dans le sujet. Et l'autre avait l'impression qu'il improvisait mais moi je reconnaissais l'article, bref, Louis lui a servi cet exemple, il a demandé à Vladimir de dire L'univers a-t-il vu changer ses destinées, que le Vladimir auteur de Vers une métrique française a dit comme il faut suivant l'accent tonique évidemment

L'uni vers a-t-il vu chan ger ses desti nées

après Louis n'avait plus qu'à lui servir son article (en langue un peu traversière) :



Il importe déjà d'éviter la scansion pléonastique, de fuir la transposition littérale des schémas métriques trop évidemment inscrits dans le vers. Ainsi par exemple :

L'univers a-t-il vu changer ses destinées

(Racine, Bérénice)

communément scandé :

L'univers | a-t-il vu | changer | ses destinées



(coupe trois-trois-deux-quatre avec accents sur 3, 6, 8, et 12), pourra devenir un premier temps :



L'uni | vers a | -t-il vu | changer | ses des | tinées

le décalage simple d'un rythme ïambique brève-longue étayant une recherche ultérieure plus subtile.

Le rythme est par ailleurs chose trop personnelle, trop riches de valeurs irrationnelles sont le débit de la parole humaine et son élévation au degré poétique, pour calquer les rapports de durée fixés par quelque notation que ce soit… Dans l'exemple cité, le rapport brève-longue n'est pas de 1 à 2 ; mais les appuis vocaux s'affirment plus nombreux, la prononciation plus consciente (moins de syllabes sont mangées), le vers plus allongé, et l'exaspération (ici de Titus) plus étrangement soutenue. L'ïambe est l'équivalent d'un battement de cœur –– aussi indispensable qu'imperceptible.


Oui ! le brève-longue, brève-longue, brève-longue est le schéma rudimentaire qui fait un premier temps sortir l'acteur de la diction-réflexe inconsciente. Mais il y a en diction théâtrale des centaines d'exercices ayant même premier dessein, puis conduisant ensuite à l'interprétation pure si l'on peut dire. En voici un qui m'impressionne toujours : - dire un texte, vers ou prose, en appuyant seulement un timbre (une des seize voyelles du français) de son choix,
ça je l'ai souvent vu-entendu faire c'est génial, c'est un rafraîchissement linguistique mmmh délice !



Il faut absolument – je pense que cela plaira aux poètes d'ici qui ont été vraiment gentils en commentaires et en mp – que je publie l'intégralité d'une lettre de Louis à Volkoff concernant Adonis (un Adonis écrit pour le théâtre) ; la lettre contient aussi un sonnet fondé sur les sons un et in. Verlaine y vient même, d'un coup de griffe à Volkoff, au renfort de l'hérésie de Louis.




je laisse le mot de la fin au serious Pascal :


La question du rythme ne passe plus tant par la métrification du non-métrique que par la mise en oeuvre d'une batterie de "formules rythmiques", liées entre elles et pour lesquelles il est nécessaire de prendre en compte d'autres phénomènes : la phonologie, qui joue assurément sur l'accentuation :

"Dans le doute du jeu suprême" (Mallarmé) : la série des trois d tend à accentuer les trois syllabes affectées par ce phonème.
"Soleil cou coupé" (Apollinaire) : le redoublement réaccentue un "cou" qui ne l'aurait pas été, sans cela.

Plus on entre dans l'analyse fine de ces éléments, moins l'analyse est consensuelle. Mais pour tout ce qui fait la modernité poétique, cette approche est la seule valable. Et pour la poésie métrique, cette approche permet d'observer ce qui se passe à l'intérieur du vers, au-delà du cadre de la versification traditionnelle.

Surtout, cette notion du rythme ne doit plus rien à la musique car cette assimilation dissocie le "son" et le "sens". Or, là encore, ce que montre la modernité poétique, c'est le caractère indissociable des deux choses.

Meschonnic et Dessons ont donné une synthèse de leur approche dans un "Traité du rythme" critiquable à bien des égards mais qui a "le mérite d'exister". Le texte de Claudel est disponible dans "Réflexions sur la poésie" (Gallimard). Aux plus courageux, je recommande "Le vers lui-même" de Youri Tynianov (1924). Le rythme y est envisagé dans sa globalité.

Quant à Verlaine... C'est un sorcier, y compris dans les Fêtes galantes, à mon sens !




Oui serioscal n'y a plus ni vers ni prose, mais poésie - Meschonnic a raison.
Nous mettons nous en scène aussi bien Cendrars que Valéry.
Et Meschonnic ne se trompe pas non plus en excluant carrément le vers mesuré rimé de la poésie ! En effet, l'idée ne lui vient pas que sous le 12-12 visuel, si évidemment creux et débile en surface, le broken out puisse exister, dès le stade de l'écriture.
Que la rime soit alors permanente et interne, et que le vers dit régulier se fasse, tout au contraire, le concentré de toutes les figures rythmiques possibles.
Tout dépend de quel, de quels alexandrins, et de quels interprètes nous pensons parler :



L'écriture représente la première difficulté : la conscience de ce qu'est le vers, de ce qu'il peut être, et du peu d'exemples de réussites dans l'art poétique incite à la plus exigeante prudence. Le temps préside à ce travail. (Ce n'est pas le temps passé à les faire qui prouve la qualité des œuvres, mais la qualité des œuvres qui prouve ce qu'elles ont coûté de temps.)

Ce temps caché donne au poème toute sa puissance. Le vers s'avance, progresse, à chaque instant semé de phonèmes nouveaux et malgré tout semblables, de syllabes différemment les mêmes, et fécondé enfin de leurs résonances comme rétroactives. Les ondes sonores sont renvoyées épouser la forme de l'objet qui leur a donné naissance. L'oreille ne sait que décider d'entendre, du propos initial ou des mots de surface…



Une séquence versifiée à tel degré de profondeur peut produire, sous-jacent, souterrain, quelque rythme second infiniment lent, caché sous celui de la succession pleine des syllabes, et propre à créer une sourde mesure du gouffre - celui de la vanité de l'expression orale courante, celui des brumes d'avant notre naissance etc., tout ce que je sens que nous avons de plus vrai. Nos langues n'ont pas plus de corps que chacun d'entre nous : à supposer que le mot de réalité ait un sens, la parole en rend mieux compte par son bruit que par ses velléités sémantiques. Seul ce bruit composé la peut faire entrer en résonance avec elle-même d'abord, et par conséquence espérée avec son objet ou avec autrui. Et pourquoi pas ? avec les arbres, les rochers, les hommes les plus farouches…

§§§

C'est le propos de Orphée (4), effort vers la lumière, dont le commencement tourne rimes et assonances à l'obsession de ce rouge - rouge-orange, rouge intense, rouge sang -, celui même des plus basses radiations lumineuses que puisse du spectre d'émission saisir l'œil humain… En composant toutes ses résonances dans l'ambitus du timbre vocal, Orphée crée le chemin de sa descente. Il explore le langage dans ses sonorités encore en formation, dans leurs bruits, dans leurs dessous chromatiques complexes : in bleu-vert cendre, miroir ; an roux et paille ; ou ocre et pourpre… Rigueur formelle, recherche syntaxique, plein emploi des ressources phoniques de la langue gouvernent son progrès :



chant (…)
chants tous, en touchant… Tous en creusant la fange…
(chant) de quel rang, quel sang face au couchant descends-je…
quels chemins fais-je, vais-je… Et tragédie et chant…
branches… Bois déchirés bras, jambes, m'accrochant
Gênent mes derniers pas, empêchent mon avance…
Branches, bois rouge sang creusent mon impuissance,
Creusent dedans ma chair la tombe où je descends…


OMBRE 1

Branches, bois déchirés voient quels chagrins tu sens…
Mais ces accents, ces chants, de résonance étrange
Cèdent aux lois sous quoi le sourd destin nous range,
Sans en changer le cours.


ORPHÉE

Quels chemins froids faisant…
Quels chemins froids, plus froids pas après pas creusant
Sens-je en mon sein déçu tous ces accents descendre…


OMBRE 1
Laisse au couchant creuser tous ces degrés de cendre
Laisse au Pangée abrupt ces sentiers rouge sang
Dont tu descends un sombre et dangereux versant :
Tu ne poursuis en toi qu'un souvenir exsangue…




D'un verre épais, un vernis à l'ocre rouge appliqué sur des sels d'argent fait un miroir. Nos ancêtres déjà couchaient leurs morts dans un lit d'ocre, sur le côté du cœur.

ORPHÉE

De pâles, froids échos font se glacer ma langue.



OMBRE 1

Tu ne poursuis, Orphée, en l'ombre où tu descends
Qu'un souvenir exsangue et comme exempt de sens.
Mais de tourments, toujours, tu fais moisson plus ample…
Et le couchant déjà t'ouvre un tombeau pour temple
Où jusqu'aux nœuds d'hymen se font nœuds de serpents ;


Où jusqu'aux vents amers donnent à nos serments
Leurs sifflements aigus, pour oraison funèbre…




Sur le plateau, dans l'espace de la scène, la densité de l'air est tout autre : de là ces voix, ces gestes, ces déplacements aux rythmes altérés de résistances, de réticences ; de là ce statisme vibrant, ces ruptures brutales… De là surtout ces dons, et de quel prix. C'est cette altération de la substance vivante qui rend plus réel, plus conscient et plus précieux pour chacun d'entre nous — acteur ou spectateur — le sentiment de son existence.

Lors d'une représentation idéale, nous ne nous émerveillons plus de ce que nous percevons d'extérieur à nous-même, mais de ce que nous sommes, et de ce que nous soyons… Pour mieux dire : de cette différence de notre indicatif à notre subjonctif, de cet intervalle vibrant et résonnant qu'implique la vie, rendue en son théâtre aussi vraie que virtuelle.



Louis Latourre Vers un théâtre d'art, Lettres modernes Minard nov.2003