Le soir se réveillent les ombres
Qui errent en quête de lumière
La nonne marche dans ses pas
Attirée par le vertige du sombre
La cathédrale résonne de l'ardeur
De ces nuits où s'arrachent les peurs
Le pantin désarticulé
Regarde la nonne s'approcher
De son oeil torpe il transperce sa robe
Le vent souffle à en perdre haleine
Les vierges sages se cachent sous leurs châles de laine
Les vierges folles posent leurs mains sur la belle
Qui se regarde dans le reflet de l'autel
La nonne soulève alors sa robe
Pour sentir la piqûre du froid avant l'aube
Et les épis de blés venir la caresser
Sa main se glisse le long de ses jambes
Rêvant qu'un souffle chaud l'enjambe...
Un filet d'eau tendrement s'écoule
Tandis qu'une colombe roucoule
Elle s'offre à la roche granitique
Saisie de vertiges lubriques...
Un homme caché derrière le pilier des anges
Observe attentivement ce manège bien étrange
Qui éveille la poésie de ses cinq sens
Et réveille un désir d'exubérance
Liturgie du silence
Lent chemin d'espérance
Dans ces jardins de transparence
Elle danse
Si lentement
En silence elle se déhanche
Regard brûlant
Les mains crispées sur la ronde
Des secondes
Qui secouent le coeur de la ville
Fébrile
Comme un songe inabouti
Soudain les mains au toucher de soleil
Jettent le temps qui passe
Vague nuée d'abeilles
Aux orties
Il relève la robe lasse
Et enlace
Ce corps qui danse
Fragilité du silence
Sous un fin collier de sueur
Tout doucement ses seins balancent
Dans les dentelles de lueur
Il l'enlace il l'enlace
A entendre son coeur rêver
Tous ses désirs vibrer
Parmi l'insolence du monde
Nervuré de secrets
Elle a le corps à la renverse
Dans son coeur tombe une averse
De douceur
Au loin un grand cri bleu se perd
Dans sa bouche un goût de lumière
Baisers de miel sur ses paupières
Coeur nu et corps en transe
Elle danse
Dans la nudité du silence
Elle s'élance en cadence
Vers le ciel
Ondes soyeuses
Frottis de lune
Sur les murs
Brume en murmures
Il accroche des horizons
Sur les dunes de son corps
Secoué de frissons
Eclats d'aurore
Son corps ondule
Dans la musique du silence
Le passeur a arrêté les pendules
Au creux de son intimité
Tout en saccades parfumées
Doucement il glisse l'été
Loin au-delà du désir
Loin au-delà du plaisir
Une étincelle d'éternité
Absence au monde du dehors
Sourire qui danse
Tandis que respire l'aurore
Dans les fins replis du silence
Fleur de Lotus Charly Java
Coécrit en juin 2008
Le baiser du Confesseur de Clovis Trouille ...