
La muse Schragenheim
#1
Posté 05 juillet 2007 - 04:38
Mon doigt, je l’ai retiré. Je vis dans les fruits et la viande. C’est regrettable : mes mains trop fines ne servent qu’à me nourrir. Mes mains blanches sont froides. Par derrière et sans motifs, j’applique de longues lames sur le paysage, pour reboucher les brèches et les trous.
Je dis que c’est regrettable parce que je vois bien que les lames ont un avenir vertigineux. Des mares giclent déjà et allongent les phrases.
Elle a retiré son visage de ma mémoire et les mots ont jailli. Moi aussi, j’en mets partout quand je saigne. Je saigne depuis la source rouge, les phrases s’allongent à sa place vide.
#2
Posté 05 juillet 2007 - 05:55
J’ai retiré mon doigt de sa plaie et le sang a jailli. Certains saignent de manière propre. Elle, elle est du genre à en mettre partout quand elle saigne. Quand elle tremble, ça gicle à travers tout le paysage, ça laisse de longues trainées ocres et bouillonnantes. Ses pieds, ses mains, impriment une trace conteuse, collante, chaude partout où son cri s’entend.
Mon doigt, je l’ai retiré. Je vis dans les fruits et la viande. C’est regrettable : mes mains trop fines ne servent qu’à me nourrir. Mes mains blanches sont froides. Par derrière et sans motifs, j’applique de longues lames sur le paysage, pour reboucher les brèches et les trous.
Je dis que c’est regrettable parce que je vois bien que les lames ont un avenir vertigineux. Des mares giclent déjà et allongent les phrases.
Elle a retiré son visage de ma mémoire et les mots ont jailli. Moi aussi, j’en mets partout quand je saigne. Je saigne depuis la source rouge, les phrases s’allongent à sa place vide.
J'ai lu et relu, évidemment.
La fin nous entraîne au début.
J'ai compris que ton écriture est le sang de ta mémoire.
Non, de ta Mémoire.
Pour remplir le vide. les vides.
Les vides vertigineux qui sont dans ce monde.
Il en faut, du sang et des phrases...
Alors je te lis.
Encore.
Artemisia
#3
Posté 05 juillet 2007 - 09:00
#4
Posté 05 juillet 2007 - 10:37
beaucoup.
#5
Posté 05 juillet 2007 - 11:20
#6
Posté 06 juillet 2007 - 10:51
#7
Posté 06 juillet 2007 - 02:15
Jaguar.
PS : oui, ce coup-ci, je tartine pas.
#8
Posté 06 juillet 2007 - 02:19

#9
Posté 06 juillet 2007 - 04:04
Je ne dis rien, on n'est pas copains. Mais j'ai lu, et c'est rare.
Je ne sais pas qui vous êtes, monsieur. ;-)
Honorée d'avoir occasionné une lecture.
Jaguar.
#10
Posté 06 juillet 2007 - 07:57

#11
Posté 06 juillet 2007 - 11:11
Moi j'aime bien quand tu tartines.
J'me domine au taquet.
#12
Posté 11 juillet 2007 - 05:54
et les retourner dans la plaie.
Une trace est vraiment comteuse,
ma saigneurie...
#13
Posté 25 août 2007 - 04:45
Beaucoup de modestie et de pudeur, c'est ce que je lis ensuite.
Et il rappelle que le sang est aussi synonyme de vie, de famille, de racine...