
Propriété privée
#1
Posté 11 novembre 2010 - 01:46
Roulez épaules habituées à pousser
Ces graciles passants, gênés de tousser
Leur modeste présence sur votre propriété.
Ne cédez pas le passage, vous avez la priorité
Mesdames et messieurs aux us convenus
Par nos plus célèbres parvenus
Qui ont su piétiner sans toucher l'altérité.
Fermez la porte à clef ! Le confort
Est plus doux quand le voisin s'écrase
Sur le bronze clos du précieux vase
Où la fleur meurt sous le reflet trop fort.
Cachez vos yeux derrière de sombres
Verres marqués par l'inquiétante concurrence
De ces griffes assoiffées d'opulence,
Enivrées par la vanité de ses ombres.
Un jour pourtant, vos costumes
Ne pourront plus cacher la nudité
Noircie par vos simulacres d'identité.
L'écrin de marbre comme seul masque posthume.
Achetez, achetez, les terres, les coeurs
Mais vous ne pourrez rien contre vos pleurs.
#2
Posté 11 novembre 2010 - 01:50
#3
Posté 11 novembre 2010 - 03:20
".. la fleur meurt sous le reflet trop fort."
" ..achetez ...les coeurs
Mais vous ne pourrez rien contre vos pleurs".
Une rude entreprise que de dénoncer les piétineurs par un poème. J'apprécie l'idée, et aussi par exemple
les deux passages cités. En revanche il me semble qu'il faudrait retravailler le "ses ombres" (en gardant ombres). Toute une force poétique réside dans le fait, à la chute, de retourner ce qui devrait être en réalité "nos pleurs" en "vos pleurs".
au plaisir,
Marvejols
#4
Posté 11 novembre 2010 - 04:13
Ca fait toujours plaisir d'avoir des retours sur ses modestes écrits. Ce poème ayant pour visée de dénoncer, le "je" ne peut s'intégrer au groupe des piétineurs. Le "vos" ne doit donc pas devenir "nos" au risque de contredire la pensée développée dans ce poème. Selon moi, un poème n'est pas une nouvelle, le corps du poème ne doit pas forcément amener à une chute.Une rude entreprise que de dénoncer les piétineurs par un poème. J'apprécie l'idée, et aussi par exemple
les deux passages cités. En revanche il me semble qu'il faudrait retravailler le "ses ombres" (en gardant ombres). Toute une force poétique réside dans le fait, à la chute, de retourner ce qui devrait être en réalité "nos pleurs" en "vos pleurs".
au plaisir,
Marvejols
Amicalement.
#5
Posté 11 novembre 2010 - 07:05
Il était osé de dépeindre "la laideur des abjections sous lesquelles on se courbe"
avec des mots bienveillants et cette plume "douce".
Amicalement.
hasia
#6
Posté 11 novembre 2010 - 11:29
Le "vos" ne doit donc pas devenir "nos" au risque de contredire la pensée développée dans ce poème.
je suis tt à fait d'accord, mais je me suis mal exprimé : je voulais dire qu'il est assez fort de finir sur les pleurs des piétineurs ("vos pleurs") alors qu'en fait, au départ, on peut considérer que ce sont ceux qui dénoncent ou regrettent les piétineurs ou parvenus, qui ont des pleurs (une plainte).
au plaisir,
Marvejols